
les deux Cantons mélangés , font Appen^t &
Claris,
Les pays fujets des Suîflès, font des diftriâs
plus ou moins considérables, répandus dans la
Suiffè, ou qui lui font adjacens , 8c qui appartiennent
en fouveraineté à un ou à pïufieurs
Cantons, fiiîvant qu’ils ont été conquis par leurs
armées réparées ou réunies. Ceux qui font polie-
dés par pïufieurs Cantons , le font en commun &
par indivis. Ces diftriéïs fujets des Suifles, font
ïé comte de Bade , les offices libres , les baill
e s de Schwartzbourg, de Granfon, de Marat -,
ceux cPEchalens & d’ Orbe réunis, la ville de
Kapperlch'wil, le Turgow, le Toggenbourg, le
Rheîntal , le comté de Sargans , le Galber, &
les b alliages d’Italie , au nombre de fept, dont
les principaux font ceux de Bellinzone, de Lo-
carno, & de Lugano. Ces petits pays font des
conquêtes des Suifles fur la mailbn d’Autriche,
le duc. de Savoie , &c. à l’exception des baillages.
d’Italie qui font des démembremens-volontaires
ou forcés du duché de Milan.
Les Grifons ont aulli des paya fujets. : ' ce
ibnt la Valteline, & les comtés de Bormto 8c
de Chiavane., qui y font annexés.
La dicte générale des Cantons ne fèv tient
ordinairement qu’une fois l’année à la Saint-
Jean , & dure un mois ou cinq femaines. Elle
dit compofée de deux députés de chaque Canton,.
& préfidée par le premier député de Zurich. On .
y examine les comptes des gouverneurs de bail- *
lages poiïedés. en commun -, on y juge les appels, i
des (ententes de ces. gouverneurs.-, an y ac.com-
mode les différends qui peuvent s’élever entre les.
Cantons» onydiicute les mefuresà prendre pour
Je bien général -, on y donne audience aux am-
baffadeurs. & miniftres des princes étrangers.
Outre cette, diète générale, il y a des diètes,
particulières des deux religions. : celles des pro-
teftans fê tiennent, à- A raw , & celles des. catholiques
à Lucerne. Il exïfte entre la France & la-.
Suide, une alliance perpétuelle qui fé renouvelle
tous les cinquante ans.
1 Ces climats où s’alimente le- génie militaire,
©nt cependant produit des. hommes qui' fe font
Élit un nom dans les arts., tesfciences , 8c les
lettres : témoins, les. Haller y les Bernoulli!, les
RoufTeau, les Euler, les.Geflher r 8c tant d’autres,^,
mais n’oublions point fur-tout l’immortel Necker.
dont le nom. retentit dans le c.oeur des François,
8c vivra dans leurs annales., anfli l.ong-temp3 que
Paître du jour éclairera le monde. C’ëft un de-
ces rares mortels que la- nature anime fortement
de l’amour du bien, 8c fufeite après de longues
années pour le bonheur de l’humanité. Miniftre
vertueux, U eut pour but confiant & irréfragable *
de conlommer le grand oeuvre du bonheur public.
P d l’accord fublime que- la nature a voulu mettre-
çn lu i , entre le génie & la droiture du coeur,
quel uiàge plus hedreux pou voit-U en faire que
de le confacrer au bonheur de la nation, dans
le fein de laquelle il v îvo it, fous les aufpices
d’un prince mu du même défïr, 8t qui l’encourage
ait de les regards I Homme d’état, & homme
de bien, il ne connut ni parens ni amis, lorfqu’il
fut queftion de la chofe publique la patrie fuü
la famille : anfli quels grands & rapides ch an-'
gemens n’ont pas couronné fes travaux dans les
temps les plus difficiles Les circonftances d’une
guerre a foutenir, d’une marine à créer, la haine
dangereufe de pïufieurs à affronter, rien ne l’avoie
arrêté dans fà marche y 8c tel que l’aigle qui
fixe le ioleil , les yeux fixés fiir le monarque ,
il dédaigna les méchans qu’il eût fallu chercher
dans les ténèbres -, 8c par fa retraite du miniftère 9
la France le perdit au moment où les tréfors?
préparés par une fàge économie , une marine
formidable, un zèle, un enthoufiafme univerfeïs*
un patriotifme naifiant, des vertus naiftantes 9
alloient rendre Sa Majefté l’ arbitre de l’Europe ;
au moment où des jours de triomphe alloiene
embellir les. faites, de la nation. .Son nom mf—
piroit autant, de confiance aux François, que de
découragement à leurs, ennemis, qui tinrent fà
retraite pour l’équivalent de la viétoïre la plus
fignalée..
Fn général, ceux qui l’kvotent précédé dans;
la. carrière des finances., avoient paifé comme
des météores, qui -.défolent la terre : celui-ci a
lai fie après lui un fillon de lumière qui doit
éclairer , mais, effrayer fes fucceffeurs,, en. montrant
l’élévation des routes, où il avoir pris, fora
vol. Son adminiftration a laifle dans les. coeurs;
des,. impreifions profondes., 8c le placera dans,
nos. faites, à coté des S u lli, & des Georges
d’Amboilè, qui. ont fidèlement fèrvi.leur roi, &;
travaillé au bonheur dés. peuples. Le choix que
le prince fut en faire honore fes. lumières y
l ’eftime 8c la confiance qu’il plaça en lui, l’amitié-
même dont il l’honora, manifeftent hautement
fon amour pour les. peuples., & fon efprit de
iufli.ee. Prince que nous, chérifibns-, fa retraite;
ne fut point votre ouvrage y. animé d’un zèle,
égal pour lé bonheur de vos;peupîes., elle frappa
du même coup le coeur paternel de. Votre Ma-
je fté ,. & celui de tous, vos, fujets,.
Des, vers, faits, à- Berlin prouvent qu’ il joignoit.
lfôfi îme de l’étranger à celle dont il.jouifibit dans»
fa patrie adoptive; Après, avoir dit que le Miniftre;
François.marchoit à fon but. à travers les.orages^-
le poète termine ainfi
Quelquefois feulement il conjura les. Dieux,
De retardée d’un, jour- & chûte »,
Èour être un jour, de. plus utile, aux malheureux».
Ntilia" re propius-. homines accediint adDeos-, quarts*
Jalutem kominibus daadoCic, Orat.. pro Marcaüo«.
I l jo u it* en u n m o t j d u p lu s .b e a u .d e s .t r ia m |h e $
fcelui que fes vertus lui ont préparé dans nos
coeurs. La férié des fiècles abolira les noms que
l’avide adulation imprima fur le bronze -, elle
ne fera qu’ajouter à fa gloire , & ne donnera
que plus d’éclat à fon nom.
On doit à M. Necker le bienfait fignalé des
Adminiftrations provinciales. Il vit que , dans
chacune des provinces, un homme feu l, le plus
fouvent abfent, étoit appellé à régir les parties
les plus importantes de l’ordre p u b licq u ’ il dévoie
s’y trouver habile , après s’ être occupé toute 1a
vie d’études abfolument différentes que, partant
fréquemment d’ une généralité dans une autre, il
perdoit par ces changemens le fruit des connoif-
(ances locales qu’il avoit acquifes y 8c qu’ enfin
le rang dans le confeil, auquel il afpiroit comme
fa récompenfe , le tir oit de la carrière de l’admi-
niftration , au moment où fes lumières , aidees
de l’expérience, le metçoient en état d’être plus
utile. Il conçut que les citoyens de chacune des
provinces connoifloient bien mieux les befoins ,
les refiources, les facultés de leurs differens
diftrids, 8c des individus qui les habitent, qu’un
homme placé dans la capitale de l’ état, qui n’a
ordinairement aucune connoiflance locale des
pays qu’il ne régit dès-lors que par apperçu.
Ses vues dans l’ établifiement des adminiftrations
provinciales, ont parfaitement réufii y elles ont
ranimé l’aélivité dans des contrées languifiantes,
& donné aux peuples une efiftence plus heu-
reulë , qui les attache davantage à leur pays,
qui augmente leur amour pour leur fouverain y
elles ont accru l’énergie , l’agriculture , & le
commerce, parce qu’elles ont donné aux peuples
le fentiment intérieur de la propriété, fource
féconde de profpérité dans les fociétés politiques.
Il ne travailla point dans l’obfcurité , il ne
-chercha point les ténèbres il mit fa geftion au
grand jour. Son Compte rendk- en éclairant la
nation fur fon état, a. donné aux fiècles fuivans
un exemple utile. Lorlqu’un homme de fon caractère
a fournis fa geftion aux yeux de la nation ,
qui eft celui qui pourroit, qui oferoit s’en dire
effenfé ?
Le Compte rendu. , imprimé par ordre de Sa
Majeftè, pafiera à la poftéritè en autant de
langues qu’ il y a de peuples différens en Europe.
Rien ne fut plus touchant, rien ne fut plus
intérefiant pour la nation que cet exemple donné
pour la première fois par un miniftre des finances.
Avec quel enthoufialme ne vit-elle pas fon roi-
fê placer au milieu de les. fujets comme un bon
père- de famille au milieu de les enfans., 8c leur
mettre fous les. yeux le tableau de leur fituation.
L’empreflemont du public à fe le procurer, fut
t e l q u e l’Imprimerie Royale ne putx fuffire à
toutes les demandes. L’hôtel de Thou , où il fe
diftribuoit, fut afiiégé par une foule immenfe
8c on fut obligé de fe faire inferire pour avoir
part à la diftribution. Egalement intéxeflant par
fa nature , par fon importance , l’élévation de»
idées , . l’élégance & la nobleffe du ftyle -, il fera
époque dans les annales.de la monarchie. Il n’y
a point de bibliothèque où il ne doive être
placé, après avoir été médité par toutes les claffes
des citoyens.
Dans fon livre fur l’adminiftration des Finances
, M. Necker, a cherché à fuppléer à ce
que la courte durée de fon miniftère ne luî
permit point de réalifer ; 8c en cela même il
s’eft acquis de nouveaux droits a la reconnoil-
fance de la nation. Cet ouvrage, aufli profond
que bien é c r it, difeute favamment les intérêts
des nations , les différens fyftemes de commerce ,
la légiflation , les finances, toutes les branches
d’économie publique. Son oeil exerce depuis longtemps
fur les fuites, les avantages ou les incon-
véniens des opérations de finances , v i t , dans la
multiplicité des mains chargées défaire circuler
l’or de l’état, des abus nuifibles 8c deftru&eurs
de l’ordre dont la France avoit beibin.
Enfin la clafie . indigente 8c malheureufe des
citoyens devra à l’humanité de M. Necker les
fecours qu’ils ne trouvoient auparavant que fil
imparfaitement dans nos hôpitaux. Son coeur fud
affligé de voir à l’Hôtel-Dieu , avec des revenus
immenfes , quatre malades, quelquefois plus ,
dans un même l i t , couchés à rebours, les pieds
des uns contre la tête des autres. Il vit que.
cette pratique funefte mukijMioït les caufes de
mort ■, qu’elle la procüroit même fouvent à ceux
qui’ eufient réchappé, s’ ils n’eufient été infeâés
de la contagion de leurs voifins , 8c que lëuls
dans un l i t , ils buflent joui d’une tranquillité
nécefiaire à leur état, et II pènia à ce que les
» malades fuflent feignes, comme des. hommes
» doivent l’être par des hom m e squ e la patrie
» leur doit ce fecours par juftice ou par intérêt r
» s’ ils font vieux , ils ont fervi l’humanité, ils
» ont mis d’autres citoyens au monde s’ils font'
» jeunes, ils peuvent la fèrvir encore , ils peuvent
» être la fouche d’une génération nouvelle. II
» pënlà à ce qu’une fois admis dans ces afiles
» de charité, la fainte hofpïtalité y fût exercée
» dans toute fa plénitude : plus de vile léfine ,
» plus de calculs homicides: y il? voulut qu’ils y
» trouvaffent les fecours 8c la tranquillité qu’il*
»' trouveroient dans leurs familles, fi leurs fa-
»>• milles étoient en état de les recevoir. » Hiß-'
Phil.
Ce bon citoyen , car il eft naruralifé parmi
nous par fes bienfaits, vit que les revenus de
l’établifiement dont nous parlons, iuffiferent &:
au-delà pour l’exécution de vues aufti.falutaires ÿ
qu’ il n’étoit queftion que de meilleures, loix y
d’une adminiftration plus éclairée , 8c fur-tout
plus h um a in e I l conçut le deflein de dlviiêr
l’Hôtel - Dieu en huit hôpitaux. différens,, y
compris l’ établi-fiement primitif qu’ il eût eon-
fer.yé j, & diftrihués. dans, autant de tiers