
V E N È S , bourg de F ran c e en Languedoc , au |
diocèfe & à 3 li. n. de Caftres. (fi.)
VENEZUELA province de l'Amérique méridionale.
Elle eft bornée au feptentrion par la
mer du Nord, au midi par la nouvelle Grenade ,
au levant par la province de Cumana , & au couchant
par celle de Rio de la Hacha , fur un golfe
de même nom. Le terroir produit en quelques :
endroits deux récoltes. Cette province a été
découverte, en 149 9, par Alphonfè Ojéda ,
qui avoit fur fon bord Améric Vefpuce , riche
marchand Florentin. Sa capitale fe nomme Ma-
racdibo , dont la longitude eft 309 ; la latitude
20 , 2 X.
Ojéda & Vefpuce ayant découvert en Amérique
par les. n degrés de latitude Septentrionale, une
grande baie, la nommèrent Vénéquela, ou petite
Venije, à caufe d'un village qu’ils y trouvèrent
bâti fur pilotis , dans de petites îles , avec des,
efpèces de ponts de communication de l’une à
l ’autre.
La baie de Venezuela s’enfonce 50 lieues, dans
les terres. L’entrée en eft; défendue par un fort»
Quelques années, après cette découverte,. le facteur
royal Jean d’Amquez eut ordre ,. en 1 $.2.7,
d’aller s’y établir avec. 60 hommes qu’on, lui
donna. Il débarqua à l’endroit où. Ojéda avoit
trouvé cette bourgade., bâtie à la manière de.
Venife , au milieu d’une lagune •, & il s’allia avec
Manaüré, Cacique puiffant, ce qui. lui facilita
l ’exécution des ordresv dont il étoit chargé. Il
bâtit la ville de Coro dans une. fituation très-
avantageufe , & il fe rendit maître , fans, beaucoup
de peine- y de toute cette belle province ,
comme aufli des îles, de Curaçao ou Coraçol, d’O-
tuba , & de Bonayre, qui ne. font qu’à 14 lieues.
Lés V è lle s , riches, marchands. d’Augfbourg ,
qui avoient fait de grandes, avances, à- Charlès-
Quint, ayant, ouï, parler de Vénézuela comme,
d’ün pays- abondant en or , en obtinrent de cet
empereur le- domaine à- titre de paiement,. pendant
un temps, limité , & à de certaines conditions.
Us confièrent ^exécution de leur entre-
prife à: un Allemand nommé Affînger, qui arriva
a Venezuela ,.. en 15 2,9 ,. avec, trois navires- qui.
portoient 400. hommesde pied : mais, ce t te: col on ie
périt bientôt, parce qu’Affinger, au. lieu de gagner
l ’amitié des Indiens., ne fongea. qu’a fatisfaire
fon avarice par toutes, fortes; d’aâions, barbares..-,
ce qui: révolta les peuplés, qui le tuèrent &
lui coupèrent la. tê te , jùfle récompenfe de lès
cruautés.. (R.\
VENGEpNS., bourg de France , en Normandie
, au diocèle de Sèez, éleéfc. de Mortain. (R.)
VENISE , ville d’Italie,. capitale de la république
de fon nom , fur le golfe Adriatique ,. au
centre des Lagunes ,.à z lieues.de la.Terre-fèrme ,
à 33 deRavenne , 340 au.m e. dè Florence ,. à-yo,
au levant de Milan, à 87 au n. de Rome-,.& à
de Vienne en Autriche. Long, fiûyant. Caftmi‘.3,
y&y 30 làt. 45J, & long, fuîvant
Manfredi, 30 , 2 a.1, 4 5 lat. 4$ K 33".
Elle doit là naiffànce aux malheurs dont
l’Italie fut affligée dans le cinquième îiècle , parles
ravages des Goths & des Vifigoths. Quelques
familles de Padoue fe retirèrent à Rialto les.
autres îles des Lagunes devinrent enfuite le
réfuge de ceux qui fe dérobèrent aux fureurs.
d’Attila dans le lac d’Aquilée , & de quelques,
villes des environs, que le roi des Huns dé-
truifit. Les miférables relies de tous ces peuples
vinrent dans les îles des Lagunes , & y bâtirene
des cabanes,. qui furent le berceau de là fu—
perbe Venife , aujourd’hui l’une des plus belles
des plus confidérables, 8c des plus, publiantes,
villes de l’Europe.
De quelque endroit qu’on y aborde , foit dk.
côté de la terre-ferme, fort du côté' de la mer
l’afpeâ en eft toujours également fingulier 8c
impolànt. On commence à l’appercevoir de quelques,
milles de loin , comme fi elle flottoit fur-
la fùrfàce de la mer, & environnée d’une forée
de* mâts.de vaiffeaux & de barques, qui laifiènt.
peu à peu diftinguer fès principaux édifices , 8c
en particulier ceux du palais & de la place d©;
; Saint-Mars.
Cette ville eft toute- bâtie fur pilotis, & a;
été fondée non-feulement dans les endroits où îai
mer parut au commencement découverte , mais,
encore où l’eau avoit beaucoup de profondeur
afin qu’en rapprochant par ce moyen un grandi
nombre de petites. îles qui- environnoîent celle.-
de Rialto , qui étoit la principale les joignant;
par des ponts, on pût en former le vafte corps,
de la ville , dont la grandeur, ta fituation & la*
majefté extérieure: font un effet admirable. Tout.-,
le monde connaît les. beaux vers de Sannazar à-
la gloire dè Venife, 8c elle a en. raifon fle. les?
• graver fur le marbre |
Viderat Adriacis Ven étant Neptunus in Uhdtd
Stare urbem-y & toto. dicere jura mari ::
I r u in e tarpeias x quantiimvis Jupiter, ar.ces-,
Objice j b ilia tut maniai Mardis. 7, aitn.
-, SiXièerimPelago. confens, urbemadfpicé utramque^
Illam homines dites yhanc pojuijjè d e o s .
Quoique Venife fbit. ouverte dè tontes, parts-,,
fans portes , fans, murailles, fans- fortifications.,,
fans citadelle & fans...garni-fon. elle eff cependant
. une des. plus fortes places, de fEurope.. On y j compte environ 180 mille habitans, y z paroiffes;
dont les églifes font. fort petites., une trentaine*
de couvens, d’hommes., 8c au moins, autant dfe
■ monafières, de reUgieufes outre, plüfieurs. con—
; £rallies de pénitens., qu’on appelle écoles-. Elle;
j contient un affémblage prodigieux des. plus.beaux-.
J: tableaux de,l’ école. dTt^lie i.'elle pofsède prefqite-
*ous ceux de Tîntoref, de Paul Véroîièfe, & les
plus précieux ouvrages du Titien.
Un trèsj grand nombre de canaux qui donnent
de toutes, parcs entréé dans la ville , & la tra-
verfent dans toujs les fens , la divifeijt en une fi
grande quantité (files , qu’il y a des maifons
feules' entourées d’eau des quatre côtés -, mais
s’il n’y a point d’endroits à Venife où l’on ne
puilTe aborder en gondole, il n’y en a guère aufli
où l’ on ne puifle aller à pied, par le moyen de
plus de 400 ponts qui procurent la communication
d’un grand nombre de petites rues qui percent la
v ille , & de plufieurs quais qui bordent les canaux.
Il eft vrai que la plûpart de ces quais font 11
peu larges , que deux perfonnes ont de'la peine à
pafler de front : les plus fpacieux n’ont ni appui,
ni baluftrades, & font coupés vis-à-vis de chaque
maifon par des marches qui defeendent dans les
canaux , afin de pouvoir entrer commodément
dans les gondoles, 8c en fortir.
Ces fréquentes defeentes qu’on appelle des
rives , étréciffent fi fort ces quais, que les paffans
font obligés,, fur - tout pendant la nuit, de fe
ranger pris des maifons, pour ne pas s’expofer à
■ tomber dans l’eau. La profondeur du grand canal
«ft confidérable j mais celle des autres canaux n’eft
•que de 5 à 6 pieds.
A l’égard des ponts, la plûpart font de pierre
Sc de brique , & ils font 'fi délicatement bâtis,
que l’ arche n’ a ordinairement que huit pouces
d ’épaiffeur. Les bords & le milieu font de chaînes
de pierre dure, & ils font allez élevés pour donner
palTage aux gondoles 8c aux grandes barques qui
vont inceffamment par les canaux. On y monte de
chaque côté par quatre ou cinq marches d’une
pierre blanche qui approche de la nature du
marbre, & qui devient fi glilfante , que, pendant
la pluie & la gelée , il eft difficile de s’empêcher
de tomber j 8c comme ces ponts n’ ont point de
. garde-fous , la chute n’eft pas peu dangereule.
Rien ne contribue davantage à la beauté de
Venilè , que fon grand canal, qui a près de deux
milles de longueur , 8c 50 à 60 pas de largeur.
Comme il ferpente dans le milieu de la ville ,
«on le traverfe fouvent deux à trois fois pour
.aller en gondole par le chemin le plus court,
d ’ un côté de la ville à l’autre. Son eau eft toujours
allez belle à caufe de là profondeur & du courant
du flux 8c du reflux. Les galères 8c les grandes
barques chargées y trouvent affez de fonds. Il eft
Bordé des plus beaux palais -, mais outre qu’il lui
manque un quai continué d’un bout à l’ autre , les
palais qui le bordent font entremêlés de petites
maifons qui les déparent.
Ce grand canal qui partage Venife jen deux
parties prefque égales , n’a que le feul pont de
Rialte qui lé trouve au centre de la ville, C ’eft
un pont fort large, 8c tout bâti de pierres de
taille aufli dures que le marbre j il .a coûté
2^0,000 ducats : mais comme l’incommodité
feroit trop grande poijr les habitans, fi l’on étoit
obligé d’aller chercher le pont toutes les fols
qu’on veut pafler d’ un côté de la ville à l’autre,
il y a de diftance en dïftance, dans toute la longueur
du canal, des gondoliers établis par la
police pour porter les paffans, à un prix réglé #
par-tout où ils veulent aller.
Toutes les rues font pavées de briques, mifes
de champ : 8c comme il n’y paffe ni carroffes ,
ni chevaux , ni charrettes, ni traîneaux , on y
marche fort commodément. Les extrémités de
chaque rue ont été tenues affez larges, 8c on a
ménagé un grand nombre de petites places , outre
celle que chaque églife a devant fon portail.
On a pratiqué dans -toutes ces places des
citernes publiques d’eau de pluie, qui fe ramaffe
dans des gouttières de pierre placées fur les maifons
, 8c tombe par des tuyaux dans les éponges
des citernes. Ceux qui veulent avoir encore de
meilleure eau 8c en plus grande quantité , en
envoient remplir des bateaux dans la Brente , &
la font jeter dans leurs citernes, où elle fe purifie
8c devient très-bonne à boire.
La place de Saint-Marc fa it , du côté de la
mer, le plus bel afpecfc de Venife. Il y a toujours
vis-à-vis de cette place une galère armée, prête
à défendre le palais dans quelque émotion populaire.
Elle l'ert encore à l’apprentiffage des forçat»
dont on équipe les galères de la république. C e tte
place eft fermée , du côté de l’orient, par le
palais ducal de Saint-Marc , qui eft un gros bâtiment
quatre , enrichi de deux portiques l’un fur
l’autre. On v o it, au premier étage de ce palais,
un grand nombre de faile s dans lefqu elles s’af-
femblent autant de différons corps de magiftrature
pour rendre la juftice. La première rampe du fécond
étage conduit aux appartemens du doge -, la
féconde mène aux faites du college des prégadi,
du ferutin, du confeil des d ix , des inquifiteurs
d’é ta t, 8c du, grand-confeil. Les murailles font
tapiffées çà & là de tableaux des maîtres de l’école
Lombarde, 8c d’ autres célèbres peintres.
L’églife de Saint-Marc eft proprement la chapelle
du doge, & on y fait toutes les cérémonies
folemnelles. Cette églife eft collégiale , 8c n’a
aucune jurifdiétion au dehors. Les z6 chanoines
qui la compofentainfi que le primicier ou le
doyen du chapitre , font à la nomination du doge,»
C’eft .toujours un noble Vénitien qui eft pourvu
de la dignité de primicier , dont le revenu eft
d’environ 5000 ducats, fans une abbaye qu’on
y joint ordinairement.
Cette magnifique bafilique eft furmontée de
cinq grandes coupoles , & elle eft revêtue de
marbres précieux en dehors & en dedans. Ses
portes font de bronze , 8c le portail eft décote de
quatre chevaux antiques de même matière , 8c
damafquinés en or , qui firent dans l’ancienne
Rome le couronnement de l’arc de triomphe de
Néron , 8c qu’on attribue à Lyfippe. Confias.--