toire immortelle du concile de Trente , dont il
avoit commencé à recueillir les matériaux depuis
très-ion g- temps. Cette hiftoire fut imprimée pour
la première fois à Londres en 1615?, in-folio , 8c
dédiée au roi Jacques I par l’ archevêque de Spa-
latro. Elle a été depuis traduite en latin , en
anglois, en françois, & en d’autres langues : te
père le Courâyer en a donné une nouvelle traduction
françoife , imprimée à Londres en 17 36,
en 2 vol. in - fo lio , & réimprimée à Amfterdam
la .même année v en 2 vol. in-40. C’eft une traduction
précieufe.
Le ftyle & la narration de cet ouvrage font fi
naturels & fi mâles, les intrigues y font fi bien
développées, & l’auteur y a femé par-tout des
réflexions fi judicieufes , qii’on le regarde généralement
comme le plus excellent morceau d’hif-
toire d’Italie. Fra-Paolo a été très-exaCtement
informé des faits par lés archives de la république
de Venife, & par quantité de mémoires
de prélats qui s’étoient trouvés à Trente.
Le cardinal Pallavicini n’a remporté d’approbation
que celle de la cour de Rome : il s’avifa
trop tard de nous fabriquer l’hiftoire du concile
de Trente, & fa conduite nous a difpenfé d’ajouter
foi à fes difcours. I l eft vrai qu’il nous parle des
archives du Vatican, qu’on lui a communiquées,
mais c’eft une affaire dont on croit ce que l’on
v e u t , fur-tout quand les pièces ne font pas publiques
-, ajoutez que les fources du Vatican ne
font pas des fources fort pures. Le ftyle pompeux
de Pallavicini tombe en pure perte , 8c la manière
dont il traite Fra-Paolo , ne lui a pas acquis des
fuffrages. On dit qu’en échange des fautes réelles,
il a faifi celles d’iqipreffion pour en faire des
erreurs à l’auteur.
Le nom de Paolo étoit devènu fi fameux dans
toute l’Europe, que les étrangers venoient en
Italie pour le voir ; que deux rois tâchèrent,
par des offres fort avantageufes, de l’attirer dans
leurs états ; & que divers princes lui firent l’honneur
de lui rendre vifite. On fe félicitoit de voir
8c d’entretenir le fameux Servite,.qui s’occupoic
dans fon couvent de- chofes plus importantes que
d’affaires monaftiques.
Je fais bien que le cardinal du Perron di,t en
parlant du père Paul : « Je n’ai rien trouvé d’émi-
» nent dans ce perfonnage, & n’ai vu rien en
» lui que de commun ; » mais ce jugement fur
un homme fi fupérieur en toutes chofes à celui
q u i. le tenoit, eft inepte , ridicule , plein de
malignité & de fauffeté.
Paolo mourut couvert de gloire , le 14 janvier
1*623., âgé de 71 ans , ayant confervé fon jugement*
& fon efprit jufqu’au dernier foupir : il fe
leva , s’ habilla lui-même, lu t, 8c écrivit comme
de coutume la veille de fa mort. On lui fit des
funérailles très-diftinguées. Lefénat lui éleva un
monument, & Jean-Antoine Vénério, patrice
Yéni tien , compofa l’épitaphe qu’on y grava.
Quoique plufieurs rois & princes fouhaîtaflent
d’avoir fon portrait, il s’excufa conftamment de
fe faire peindre, & même il le refufa à fon intime
ami Dominique Molini.
Mais voici ce qu’écrivit le chevalier Henri
Wotton , dans 1a lettre du 17 janvier 1637 * au
do&eur Collins , prôfeffçur en théologie à Cambridge
: « Puifque je trouve une bonne occafion ,
» Monfieur, fi peu de temps après celui où les
» amis ont coutume de fe faire de petits préfens
» d’amitié, permettez-moi de vous envoyer en
» guife d’ étrennes une pièce qui mérite d’avoir
» une place honorable chez vous •, c’eft le portrait
» au naturel du fameux père Paul, Servite, que
», j’ai fait tirer par un peintre que je lui envoyai,
» ma maifon étant voifine de fon monaftère. J’y
» ai depuis mis au bas un titre de ma façon :
» Concilii tridentini evifcerator. Vous verrez qu’il
» a une cicatrice au vifage, qui lui eft reftée de
» l’affaffmat que la cour de Rome a tenté, un
» foir qu’il s’en retournoit à fon couvent : (reli-
» quioe wottonianoe). »
Fra-Paolô , dit le père le Courâyer, à l’imitation
d’Erafmè , de Caffander, de M. de Thou ,
& autres grands hommes, obfervoit de la religion
romaine tout ce qu’il en pouvoit pratiquer
fans bleffer fa confidence ; & dans les chofes dont
il croyoit pouvoir s’abftenir par fcrupule , il avoit
foin de ne pas fcandalifer les foibles. Egalement
éloigné de tout extrême , il délapprouvoit les abus
des catholiques, & blâmoit la trop grande chaleur
desproteftans. Il défiroit la réformation des papes,
8c non leur deftrudion ; il en vouloit à leurs abus,
& non à leur place § il étoit ennemi de la fupe„rf—
tition, mais il adoptoit les cérémonies ; il s’ affer-
viffoit fans répugnance à l’autorité de l’églife dans
toutes les chofes de rite & de difcipline, mais il
fouhaitoit auffi qu’on les reélifiât •, il haïffoit la
perfécutron, mais il condamnoit le lehifme •, il
étoit catholique en gros, & proteftant en détail ;
il abhorroit l’inquifition comme le plus grand i.
obftade aux progrès de la vérité: enfin,"il re-
gardoit la réformation comme le feul moyen
d’abaiffer Rome ; 8c l’abâifTemênt de Rome comme
l’unique voie de faire refleurir la pureté de la
religion.
Sa vie a été donnée par le père Fulgence 8c
par le père le Courâyer : on peut y joindre fon
article qui eft dans le dictionnaire hiftorique 8t
critique de M. Chaufepié. M. Amelot de la
Houffaye a traduit , avec des remarques , le
traité des bénéfices eccléfiaftiques de Fra-Paolo.
Il y a une traduction angloife du même oüvrage ,
par Thomas Jenkins, lord-maire d’Y o rk , avëc,
une nouvelle vie du père Paul, uar M., Lockman ,
Londres 1736, in -8°. Les lettres de Fra-Paolo.
ont été traduites de l’italien en anglois. > par
M. Edouard Brown -, 8c cette traduction a paru
à Londres en 1693 , in-8".
P a ru ta ( P au l ) , c é lèb re é c r iv a in p o lit iq u e d u
feizième fiècle, naquit à Venife en 1540 , paffa
par 1 ou tes ' les grandes charges de fa patrie ,
fut honoré de plufieurs âmbaffades ÿ 8c mourut
procurateur de S. Marc , l’an- 1598 , âgé de
59 ans. M. de Thou fait un grand éloge de
Paruta : c’é toit, d it-il, un homme d’une rare
éloquence, 8c qui démêloit avec beaucoup d’a-
dreffe les affaires les plus embarraffées.
L’ouvrage de Paruta, intitulé délia perfettione
délia vita politica , libri tre, parut a Venife en
1 5 7 9 , in-fo l. 15 8 6 , i n - 12. 159 2 , in -4 ° .
outre plufieurs autres éditions. Il a été traduit
en françois par Gilbert de Ta Broffe , fous le
titre- de perfection de la vie politique , Paris
1682, in-4°. Il y en a aufli une traduction angloife
, par Henry Cary , comte de Monmouth,
imprimée à Londres en 1657 -, in - a f .
Un autre de fes ouvrages eft : Difcorji po-
lit ic i, ne i quali f i confideranno divefji fatti il-
lufiri e memorabili de principi t di republiche
antiche e moderne ,* diviji in due libri. Venife 4°f Gènes 1600, in~40. 8c Venife
1629, in-40. Samuel Stûrmlus en a donné une
traduâion latine à Brême en 1660, in - iz . Le
premier livre contient quinze difcours ^ qui
roulent fur la forme des anciens états; le fécond
en renferme dix,’ qui traitent des affaires
de la république de Venife, 8c des chofes arrivées
dans les derniers temps., ;
Paruta a donné une hiftoire dp Venife : je me
contenterai de dire ici qu’on qfëut puifer dans
tous les ouvrages de cet hiftoriographe, des
maximes judicieufes 8c pleines d’équité pour le
gouvernement des états. De-là vient que le
Boccalini le repréfente enfeignant la politique,
& les vertus morales fur le parnaffe. Le pere
Niceron a donné fon article dans les Mémoires
des hommes illujires , tom X I , p. 288.
Ramufio ( Jean-Baptifte ) , fut employé par
la république de Venife , pendant quarante ans,
dans les affaires , & mourut à Padoue l’an 1557*
âgé de 72 ans. Il a publié trois volumes de
navigations décrites par divers auteurs. Le premier
contient la defcription de l’Afrique ; le
fécond comprend l’hiftoire dè la Tartarie ; le.
troifieme concerne les navigations au nouveau
monde. Le total renferme un recueil d’anciens
voyages eftimés.
f Trivifano ( B erna rd), naquit à Venife en
1652 , & s’avança par fon mérite aux dignités
de fa patrie. Il mourut en 1720, âgé d’environ
foîxante-neuf ans. Son ouvrage le plus con-
fidérable parut à Venife en 1704 , in-a?, fous
le titre de Medita^ioni filofofiche, dont Bayle
parle avec éloge. Vbyez de plus grands détails
dans le Giorn. de’ letter. tom. X X X IV , ppg.
4. & - fuiv.
Aux hommes illuftres dans les lettres ,
dont Venife eft la patrie , j’ajoute une .dame
célèbre qui reçut le jour dans cette ville vers
l’an 13^3 * je veux parler de Chriftine de Pifan ,
fur laquelle la France a des droits.
Ses oeuvres en profe font i° . l’hiftoire du roi
Charles le Sage , qu’elle écrivit par ordre du
duc de Bourgogne 20. la vifion de Chriftine ;
3°. la cité des ^darnes ; 40. les épîtres fur le
roman de la rofe ; 50. le livre des faits d’armes
8c de chevalerie ; 6°. inftructions des princeffes ,
dames de cour, 8c autres lettres à la reine Ifa-
belle en 1405 ; 70. les proverbes moraux & le
livre de prudence, outre beaucoup de poéfies. (Ä.)
VENIZZA. Voye{ A nactokie.
V EN LO , vulgairement V endelo, ville affez
forte des Pays-Bas, dans la haute-Gueldre , fur
la rive droite de la Meufe, à 5 lieues au-deffus
de Rurehionde , 4 f. o. de Gueldre , 14 n. o. de
Juliers. Long. a. 3 ,40 ƒ lat. 31 , 25 .
Venlo tire fon nom des deux mots flamands
veen 8c loo , qui lignifient terre' marécageufe 8c
baße. C’étoit un petit bourg que Renaud , duc de
Gueldre , entoura de murailles en 1343, 8c auquel
il donna le titre de ville. La religion catholique
y eft la dominante, 8c elle eft en poffeftion
de l’églife principale de la v ille, où il fe trouve
deux couvens d’hommes 8c trois de femmes ,
fubordonnés au fpirituel, ainfi que les autres
catholiques, à l’évêque de Rùremonde. Ce tte ,
ville eft le fiége de la cour de juftice où l’ont
portées les affaires civiles 8c criminelles de la
partie de la haute - Gueldre que pofsèdent. les
EtatSrGénéraux. Tous les membres dé cette cour
font catholiques, à l’exception du préfident. On
y compte quatre mille habitans ; ce font pour la
plûpart des petits marchands , des bateliers,
voituriers , , porte-faix , & c . qui font occupés à
charger. & décharger les marchandilés qui y arrivent
pour la Hollande 8c le Brabant.
Le commerce étoit autrefois -très-florifîant dans
cette v ille , mais il eft extrêmement déchu depuis
le partage-de la ' haute - Gueldre , entre quatre
différentes püiffances. Ce partage a donné lieu à
l’établiffement de plufieurs péages fur la Meufe ,
dont le nombre 8c les droits qu’on y fait
payer, ont caufé la ruine du trafic.
La monnoie règne à Venlo fur le pied de
celle des pays voifins , comme Clèves, Juliers
& autres, & en^ Allemagne.
La police y a été réglée par la réfolution de
L. H. P. du 25 mai 1726. L’état entretient à
Venlo un receveur pour la perception du ver-
ponding. L’amirauté de Rotterdam y a aufli fes
officiers.
Le territoire de la ville a tout au plus 3 IL
de circuit. A l ’oppafite~& de l’autre côté du
fleuve, les approches en font défendues par le
fort Saint-Michel, outre une redoute conftruite
dans File de Ward.
C’eft à Venlo que Guillaume, duc de Clèves f
fe profterna devant Charles - Quint pour lui demander
pardon, & qu’il renonça à toutes fesî