
venu lui-même a cette première dignité : il ne
refpîroit que la guerre , blâmant toute proportion
de paix. I l avoit commencé par réformer
le» dbus d’une mauvaife adminiftration de fept
ans., & par le rétabli«Tement. des finances. En
ouvrant fa campagne fous le règne d’Açhmet I I I ,
il employa la religion & la favsrité des moeurs -,
toutes les mofquées de Conftantinople & les pavillons
du camp retentirent de p rière sun e foule
Bern-Hartem-, en Barbarie, fur la côté occidentale
du royaume de Fez , faifant -partie'des états du
roi de Maroc. Elle efi à l’embouchure dé la rivière
de Sale, formée de la réunion de deux petites
rivières de Buregreb & de Gueron ,. qui coulent
du f. e. dans la province, de Fez. La rivière de-
Salé formojt autrefois un port confidérable *, mais
la barre 8c la riviere. fè font fi fort enfablées , que
•. même les navires de deux cents tonneaux ne
peuvent y entrer ‘ qu’après avoir été allégés de.
leur artillerie & de leur lefL Salé efi fi tué à environ
de jeunes garçons qui fuivoient l’armée , affreux
înft runiÿ^t de débauche 8c de dépenfe, furent chaf- I
les. fou»,, peine de m or t, s’ils reparoifloient j II ne
s’agifToit plus que de rendre le courage aux troupes y
le vifir s’en chargeait, en leur traçant la route de
.Vienne avec le labre de fon père Cuprogli.
I l avo.it déjà remporté une vi&oire complète
fur les Impériaux, fournis l’Albanie , la Bulgarie
y 8c repris toute la Servie ,. Belgrade même,
malgré une garnifon de fix mille hommes} enfin
l ’année luivante il vint camper devant Salanice-
inen ,. fur les bords du Danube. Le prince Louis .
de Bade , général des Impériaux y fut à peine
arrivé pour le combattre , qu’il fembla n’avoir
plus que le parti de . la retraite. 'Les'Turcs l’attaquèrent
avec tant de fureur 8c de conduite,
que Ta perte paroïfloit inévitable -, le champ de
bataille étoit déjà couvert de chrétiens expiran»-,
mais la fortune de Léopold voulut qu’ un boulet
emportât le vifir y qui n’avoir guère joui de ia
haute fortune , il périt dans le moment où il
étoit le plus glorieux 8c le plus, néceflaire. L’aga
des jâniflàires auroit pu le remplacer : un autre
boulet l’étendit mort, 8c les infidèles confiernés
abandonnèrent la victoire, qui n’eut cependant
d’autre fuite que la prife de Lippa, ville infortunée,
fans ceflè prife oz reprife, également mal- '
traitée par les amis 8c par les ennemis. (Æ.)
SALAT (Te) , rivière-' de France , en Languedoc
Elle, a la four ce au fommet des Pyrénées
, dans la montagne de Salau, partage d’Ef-
pagne , court dans le comté de Conferans., 8c
ie jete enfin, dans la Garonne à Foure. Cette
rivière , comme l’Arrègeg roule quelques petites ;
paillettes d’o r , que de pauvres payfans d’autour
de S. Girons , s'occupent à ramafler mais dont
ils tirent à peine de quoi vivre-.
SALBERG. V o y e i S a l a ..
SALBRfS , bourg de France , dans le Blàifoîs y
elect, 8c à 6 II. e. de Romorantin , fur la Sandre.
SALDAGNA, petite ville d’Efpagne^, dans, la
vieille. Caftille, au couchant d’AguiJar-del-Campo, ;
8c au pied- de la montagne- appelléè Régna de \
fan.'. Roman , fur la rivière de Càrrion -, i f y a j
iiru petit château, z paroiHes 8t un couvent.
SALDERN-, ou Salder , dans la. principauté }
d e WolfenBu te l, près dè Brunfw ic k , efi un châ- \
tenu de pLifance. du prince , avec des jardins \
magnifiques. I-.es ducs. Font acquis de la maifon.
£& Salder- (If-)*
SALÉ?,- ville. d’Afrique% d’ans là province de
45 lieües au couchant de Fez. Lono;. i o %
5$ ; lac. 34 , a.
Cette placé , entourée de murailles , a une batterie
de 24 pièces de canon , qui commandé
i l'a tade 8c une redoute qui défend l’entrée de là;
. riviere.. Au fud de la rivière, 8c par conféquent
; de la,ville de Salé ,. efi la ville de Rabat, qui ne-
fi’-fiT. pour ainfi dire , qu’une avec: elle. Ce font
^ les mêmes intérêts , le même penchant, à la pi--
: râterie , & lescorfaires que nous nommons S ale-
tains. y font également de l’une ou de l’autre ville •?.
elles ont formé pendant quelque temps une régence
à part-, gouvernée par Tes propres magif-
trats, mais depuis trente ans l’Empereur achiel a.
détruit cette forme de gouvernement.
Il y avoit autrefois dès confiils européens dans
l’une de ces. v ille s p a r c e qu’elles font les plus
propres au commerce -, mais, les cours ont été.
rebutées des difficultés que l’qn trouvoit à' traiter,
avec ces peuples.
Il y a à Salé & à Rabat quelques chantiers pour,'
conftruire des navires •, mais les obfèrvations-
faites fur la difficulté dè la parte, & la probabilité
qu’elle s’enfablera de plus en plus., permettent,
de préfager que cette rivière ne pourra recevoir'
que des. navires à rames.
On ne peut guères fréquenter la rade de Salé
que dans la belle faifbn , depuis avril jufqù’enu
fèptembre ; en hiver la rade n’eft pas tenable. Le-
bon mouillage de cette rade efi du côté de Rabat..
II. faut que le navire foit enfourché entre la tour:
de la mofquée du château & celle appellée Haßen
on doit faire attention aux cable» , parce qu’il
y a fur cette rade quantité d’ancres, abandonnées,. ( Masso n d e Mo r v ih ie r s . )'
Salé (île de J , île du Sel',, île d’Afrique, là:
plus, orientale des îles, du Cap-Verd: Elle à. environ.
g li. de. long, fur z de large. Son norm
lui vient dé la quantité- de- marais fàlans. qu’on
y trouve. Long. 3$..$ ' 40. ; la£. 1 G , 30.
SALEE (' la rivière ) , i l y a. deux tiyîères. de.
ce nom en. Amérique l’une dans, la Guadeloupe ,
qu’elle fépare de la grande terre,. l’ autre dans,
fa partie la plus méridionale de la Martinique.
SALEM ( abbaye de ). Voye7L So im An steiler».
SALE M E p e t ite ville dè SicileJ dans, la vallées
dé Mazara,, fur une montagne, , à 18 milles ai*
n. e.. dé Mazara. Long.. 5.0'} . 3 0, lat*. 38,. f . .
SALEfS GY JJ SateiiUacuni a village de la. haut®*-
Picardie, près de Noÿoh, remarquable pour avoir
été ia patrie de S. Godard & de S. Médard,
frères, tous deux fils de N eâar, gentilhomme
François , feigneur du lieu, defcendu d’une ancienne
famille des Romains établie dans les Gaules.
Godard fut élu archevêque de Rouen vers la fin du
cinquième fiècle affifta au premier concile d’Orléans
en 5 1 1 , &: mourut en 530. Une desparoiffes
de Rouen- efi fous le vocable de ce faint. Médafrd
fon frère, évêque de Noyon, mourut efi 560.-
Ce bon évêque , feigneur de Salency , avoir
imaginé de donner tous le ans, à celle des filles.
de là terre qui jouiroît de la plus grande vertu,
une fomme de 25 livres, & une couronne ou
chapeau de rofes. On dit qu’ il donna lui- même
le prix glorieux à l'a- fceur , qu® la voix publique,
avoit nommée pour être rofièré. On voit encore,
au-defïus de l’autël de la chapelle de- S. Médard',
fituée à une des extrémités du village , un tableau
où le faint prélat efi repréfenté en habits pontificaux
, mettant une couronne de rofes fur la tête de
fa fceur, qui efi coëfièe en cheveux 8c à genoux.
Cette récompenle devint, pour les filles de
Salency, un puiflant motif de fageflè. Indépendamment
de l’honneur qu’en retiroit la rofière,
elle trouvoit infailliblement à fe marier dans l’année.
S. Médard, frappé de ces avantages, perpétua
cet établiflement. Il détacha des domaines
de fa terre 1 z arpens, dont il afteâa les revenus
àu paiement des 25 livres, 8c des frais accef-
foires de la cérémonie de la rofè.
Par le titre de fondation, il faut non-feulement
que la rofiere ait une conduite irréprochable
, mais que tous les parens , en remontant
jufqu’àla quatrième génération, foient eux-mêmes
irrépréhensibles. Le feigneur dè Salency a toujours
été en pofleflion de choifir la rofière entre trois
filles natives du lieu , qu’on lui préfente un mois
d’avance. Lorfqu’ il l’a nommée , il efi obligé de
la faire annoncer au prône de la paroHTe , afin
que les autres filles , fes rivales., aient le temps
d’examiner ce choix, 8c de le contredire, s’il
n’étoit pas conforme à la jufiice la plus rigou-
reufe. Ce n’eft qu’après cette épreuve que le choix
du feigneur efi confirmé.
Le 8 juin , jour dé la fête de S. Médard ,
vers . les deux heures après - midi , la rofière ,
vêtue de blanc ,. les cheveux flottans en grofles
boucles lur les épaules , accompagnée de Ta famille
8ç de douze filles , auffi vêtues de blanc,
avec un large ruban bleu en baudrier, auxquelles
douze garçons du village donnent la main , fe
rend au château de* Salency, au fon des- tambours
,. des violons , des m-ufèttes , 8cc. Le fei-
gneur va la recevoir î .i-même. Elle lui fait un
petit compliment pour le remercier de fon choix-,
enfuke lé feigneur _& fon bailli lui-donnent chacun
la main -, & précédés cfes. inferumens., fui vis d’un,
nombreux cortège , ils la, mènent à- la paroirte-,
à’où;,. après: vêpres j oit ya procefiionnellemmit
à la chapelle de S. Médard. C’eft là que le curé
bénit la couronne fur l’ aütei : elle efi entourée
d’un ruban bleu , & ’^garnie fur le devant d’un
anneau d’argent depuis le règne de Louis XIII.
C e ’prince fe trouvant, il y a 150 ans,- au château
de Varènnes, près de Salency, M. de Belloy,
alors feigneur de ce dernier village , fupplia le
roi de donner en fon nom cette récompenle de
la vertu. Louis y confëntit, 8c envoya le marquis
de Gqrdes, premier capitaine de lès gardes,
qui fit la cérémonie de la rofè au nom de fa
màjefté , 8c qui, par fes ordres, ajouta aux fleurs
une bague d’argent 8c un cordon bleu.
Le cüré, après la bénédiétion, pofe la couronne
fur la tête de la rofière , 8c lui remet
les 25 liv. Elle efi enfuite reconduite, par le
feigneur 8c fon fifcal , à la paroiffe , où l’on
chante le Te Deum , au, bruit de la moufque-
terie des jeunes gens.
On donne encore à la rofière , après la col- .
lation fournie par les cenfitaires, par forme d’hommage
, une flèche , deux balles de paume , 8c.
un fifflet de corne. De là toute Paflèmblée fe
rend à la cour du château , fous un gros ‘arbre ,
où le feigneur danfe le premier avec la rofière-
Ce bal champêtre finit au coucher du foie il'. Le
lendemain la rofière donne la collation à toutes
les filles du village.
C’eft une chofè admirable combien cet éta-
blirtèment excite à Salency l’ émulation des moeurs
8c de la fageflè. Tous les habitans de ce village
, comporté de 148 feux , font doux, honnêtes
, fobres , laborieux. Ils font environ 500 :
ils n’ont point de charrue v chacun bêche fa portion
de terre , & tout le monde y vit Tatisfait
de fon fort. On affine qu’il n’y a pas un feu!
exemple , non-feulement d’un crime commis à.
Salency par un naturel du lieu, mais même d’un
vice groffier , encore moins d’une foibleflè delà
part du fexe. Quel bien produit un lèul éta-
blirtèment fàgeT Et que ne feroit-on pas. des
hommes , en attachant de l’honneur 8c de. la
gloire au mérite 8c à jfe vertu !'
Nous devons ajouter que M. Pelletier de Mor-
fontaine , intendant de Solfions , s’étant prêté:
avec plaifir, en T’abfénce- du feigneur, à' être le:
parrain de Marie Caué ,- qui a été la rofière7 em
1766 y a eu la générofité de là doter dé 40 écus;
de rente pour fè marier,. 8t. y a ajouté une foraine-,
pour les frais, des noces, 8c pour l’acquifitiom
d’une maifon. Après la mort de- Marie Caué 5,
qui toute, fæ vie touchera lès: 40- écus, par an ,
cette rente; fera réverfible aux filles, rofières. qu»
eh jouiront chacune' pendant: leur année..
Nous: avons remarqué- pareils; traits-, dàns_un»
établi^èment femblable- d’ une médaille d’argent:
fondée à Neuilly' eni Bourgogne.- en- 1768 T par:
M. Fyot de là. Marche,, comte-de Neuilly., Voyeiç.
ci-devant N euilly-- d’ans le IJijonois.'
Dès: fèigneurs; l'efpeél'ûbles » de bons; curés, dé;