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Deshayes (Jcan-Baptifte), mort jeune en 176$,
dont les talens pour la peinture ont été fouvent
applaudis aux Talions de 1761 & 1763.
; Nicolas Fourneau , maître charpentier à Rouen,
ci-devant démonftràteur de trait à Paris, a publié
en 1767 , chez Tilliard, un volume in-folio de
6 ° pages , avec 20 figures, fur l’Art du t ra it,
de la charpenterie ; & la deuxième partie en 17 6y,
avec cette épigraphe : Fabrilîa fabris.
Yart (M. 1}abbé) , de l’académie de Rouen,
nous a donné en 8 vol. la traduélion des meilleurs
morceaux de la poéfie angloife.
Les pays éclairés ont toujours eu Beaucoup
d’hiftoriens : depuis près de 2.00 ans , Rouen en
a eu plus de quinze ; & nous n’avons pas encore
une bonne hiftoire de cette grande ville , où
l ’abbé Expilli compte cent mille âmes , tandis
<jue , par le dénombrement publié par M. Mé-
zanges , il n’y en a que foixante-quinze mille.
La dernière hiftoire , par M. F a re l, prieur du
Val , en 6 vol. /ra-ia, 1738 , troifième édition
eft mal écrite & n’ a contenté perfonne. On en
a donné un abrégé en 1759 , en un gros volume
in-zx.
Sur le portail de la cathédrale de Rouen, on
voit un arc de^ triomphe , fur lequel le roi
Henri IV paroît çhaffer les lions & les loups
de fa bergerie -, la ligue enchaînée ronge fa
chaîne : le roi d’Efpagne regarde ces trophées
d’ un air penfif & mélancolique. {M a s s o n d e
M o r v i l l i e r s .)
ROUERGUE ( le ) , province de France , dans
Je gouvernement de Guienne. Elle eft bornée au
nord par le Querci *, au midi par !’Albigeois ;
sut levant par les Gévennes & le Gévaydan -, &
au couchant par l’Auvergne. Cette provinçe peut
avoir 30 lieues de longueur, fur 20 de large. On
la divife en comté , & en haute 8c baffe-Marche.
Le comté renferme Rodez, capitale de toute la
province. Milhau eft la capitale de la haute-Mar?-
che , 8ç Villefranche de la baffe.
Le Rouergue & fa capitale Rodez , ont pris
leur- nom des peuples Ruteni , dont Céfar fait
plufieurs' fois mention dans fes Commentaires.
Augufte mit les Ruténlenç dans l’Aquitaine , &
Pline remarque qu’ils çonfinoient avec la Gaule
Harbonnoifè.
Lorfque , fous Valentinien I , l’Aquitaine fut
divifée en deux, les Rujréniens furent attribués
h la première A (ï ldt:3ine » ils furent fournis aux
Vifigoths dans le cinquième fiè ç le , à Clovis
dans le fixième *, & , après fa m or t, les Goths
s’emparèrent du Rouergue. Dans le feptième fièçle,
les rois de Neuftrie , ou plutôt les maires du
palais , qui dpnjinoient fous leur nom, furent feuls
Reconnus en Aquitaine. Çe pays paffa dans le
■ huitième fièçle au pouvoir du duc Eudes , 8c
le rpi Pépin en dépouilla Gaïfre , petit - fils
$'Euàe$, Les rois Çarlovingiens , fucçeffeurs de
f jouirpnt du Rçuergup ijifqu’ à la diflîpatjon
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de leurs états , où chacun fe rendit le 'maître!
où il put. Sous le règne de Lothaire 8c fous celui
de Hugues Capet, quoique le Rouergue eût fes
feigneurs , comme les autres pays voiiins , on ne
fait pas néanmoins le nom du premier comte de
Rodez , qui fe rendit héréditaire.
Dans la fuite des temps , Hugues, forti de
la maifon de Carlat, tranfigea de fes terres &
du comté de Rodez, avec Alphonfe, roi d’Aragon,
l’ ail 1167. Par ce traité , le Roi d’Aragon fe ré-
ferva en propre la feigneurie utile des diocèfes
de Rodez & de Mende ; mais fon fucceffeur, par
un autre traité fait avec S. Louis , l’ an 1258,
renonça à tout ce qui lui appartenoit dans le
Rouergue & le comté de Rodez. C’eft ainfi que
cette province a été annexée à la couronne.
C’eftun pays coupé de hautes montagnes, fouvent
couvertes de neige, & le froid en hiver y eft
toujours excefîif. Le fol n’y eft pas, à beaucoup
près , aufli fertile que dans le Quercy, %. ce n’elt
cju’ à force d’induftrie 8c d’activité , qu’on réuflit
à faire croître les grains néceffairés aux habitans.
On y trouve des mines de fer , de fbufre, d’alun ,
de cuivre , de vitriol & de charbon de terre, des
eaux minérales , du chanvre , des amandes , 8c
d’exçeilens pâturages où l’ on ‘élève une quantité
prodigieufe de beftiaux, & de mulets fur-tout que
l’on conduit en Efpagne , & qui font fa principale
richeffe. Les -rivières qui arrofent cette
province., font l’Aveyrou, le Biaur , le Tarn, le
L o t , &c.
Les habitans du Rouergue font fpirituels, aétifs,
induftrjeux , également propres à la marine, à la
guerre & aux arts. Leur commerce roule fur le?
productions du pays', fur le? laines , le? troupeaux,
& les différentes étoffes qui fortent de leurs fabriques.
.Là fenéchauffée de Rouergue a deux fiéges pré-
fidiaux •, Viliefrançhe qui eft le plus étendu , 8c
Rodez dont le reffort ne va pas au-delà de l’élection
de cette ville..
Montjplieu ( Louis de ) , en latin Montejojïus 9
gentilhomme de Rouergue, au ftizième fièçle, a
'mis au jou. cinq livres d’antiquités, où l’on trouve
quelques monceaux affez curieux lur Ja peinture
oc la fculpture des anciens.
Le Quercy 8c le Rouergue , défignés fous le
nom commun de haute - Guyenne , étoient ci-
devant les’ deux provinces du royaume les plus
négligées, en même-temps qu’ elles étoient des
plus fatiguées par le poids des impofitions. Le
roi s’occupa de leur foulagement , en y éta-
bliffânt en 1779 une adminiftration provinciale,
qu’on doit regarder comme un des plus beaux
mpnumens du règne de Louis XVI. Et en e ffe t,
on concevra fans peine que les citoyens de chacune
des provinces çonnoiffent bien mieux les
befoins , lès reffourçe.s, les facultés de leurs djf-
férens diftriéls ? 8c des individus qui les habitent,
que des hpmme.s placés dans la capitale du
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■ royaume, qui n’ont ordinairement aucune con-
I noiffance locale des pays qu’ils ne régiffent que
I par apperçus ., 8c fur des expofés fouvent infi-
Hdèles. .
[ Cinquante-deux propriétaires s’affemblent tous I les deux ans dans une ville qui leur eft indiquée
i par Sa Majefté , pour y délibérer fur la fitua-
tion 8c furies intérêts d elà province. L’affeiu-
k blée , qui dure un mois , eft compofee de dix
i membres choifis dans l’ordre du cierge , de feize
» pris dans celui de la nobleffe, & de vingt-fix
» dans le tiers-état, de deux procureurs-genëraux, I fyndics, & d’ un facrétaire-archivifte.
I Une commiffion-intermédiaire , compofee de 1 huit députés du clergé , de la nobleffe & du 1 tiers-état, refte chargée de l’adminiftration des
B affaires de la province , dans les intervalles de
■ la tenue des affemblées.
La commiffion intermédiaire a pour fes prin-
I cipales fonctions la répartition , l’affiette 8c le
B recouvrement des impôts, tant pour le profit du
. r o i, que pour les dépenfes locales des commu-
ïnautés ;, la c o n f e c t io n l ’entretien des canaux,
1 des routes , &c. & elle a tous les pouvoirs dont
i avoit été auparavant revêtu , pour ces objets ,
B le commiffaire départi en la province.
[ Cette affemblée eft ordinairement convoquée
B par une lettre circulaire que le miniftre de
1 la province écrit , de la. part du roi , à chacun
P des d ep u is , pour qu’il le rende dans la ville
f qui y eft défignée , à l’effet de délibérer fur les
intérêts de la haute-Guienne •, chacun en vertu
de cet ordre fe rend à l’ affemblée fans être dé-
^ frayé , & fans recevoir aucune rétribution •» les
S feuls membres de la commiffion intermédiaire,
■ qui font chargés pendant tout le cours de .l’année
v de l’adminiftration des affaires reçoivent de
B foibles appointemens.
t Cette affemblée , ainfi que la commiffion.
B intermédiaire , n’ont jufqu’à préfent iden ne-
B gligé pour répondre d’une manière fatisfaifante
B . à la confiance du fouverain , 8c à l’attente des
B peuples. Dès fes premières féancés., elle s’eft
B occupée efficacement des grands objets d’admi-
•4 niftration publique , en même-temps qu’elle eft
B entrée dans les détails des: abus.,. & n’a oublié
H aucun moyen de ramener toutes choies à leur
1 vraie, deftination 8c à leur ordre primitif.
Ses principales opérations, ont eu- pour objet:
I i ° . le rétabliffèment de l’égalité dans, toutes, les.
B impofitions., 20. les, communications de la haute-
». Guienne avec les provincesTVoifines. ;* 30. la con-
» feélio-n d’une multitude de chemins, vicinaux.
B 4°. Pour opérer la vivification de la province,
» elle a propofé des encouragement à l’induftrie,.
B «lie a affuré la liberté au. commerce & la. pro.-
B teâion. la plus, marquée à. toutes, les. branches:
B d’économie, publique.
Les impofitions qui font réparties, par cette
B jid^niiiiffiaûaa ou par fa conynilfioa iitermé-
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diaire fo n t, la taille , les vingtièmes , la capitation,
les droits réfervés, 8c toutes les charges
locales des communautés.
L’ affemblée a découvert 8c démontré au gouvernement
que la taille ou impofition territoriale
étoit répartie entre les communautés de la
haute-Guienne , d’après un tarif défeéhieux, 8c
que les cadaftres qui règlent l’impofition particulière
des propriétés dans chaque communauté
n’étoient ni plus exaâs , ni plus juftes. Elle a
préfenté un plan fu iv i, bien combiné , 8c peu
difpendieux pour la répartition de la taille entre
les communautés , & pour rétablir la même égalité
8c là même proportion dans les cadaftres
particuliers des communautés. On voit ce plan
développé dans les procès - verbaux des quatre
différentes affemblées qui fe font tenues depuis
l’établiffement de l’adminiftration. Le gouvernement
a adopté des vues aufli. intéreffantes , 8c
le plan s’exécute aujourd'hui ' dans la province
avec le plus grand ftuccès.
La jufte répartition des vingtièmes a aufli été
l’objet des foins de la même adminiftration 5
les plans à cet égard ont été également adoptés
par lé gouvernement, & il en doit réfulter les
effets les plus heureux pour les contribuables.
■ Les moyens ufités par l’adminiftration provinciale
, pour la jufte répartition de la capitation
paroiffent également fimples, ingénieux
8c efficaces : on les voit confignés. dans les premier
8c fécond procès-verbaux. Les délibérations
prifes fur cet objet y annoncent des mefures ultérieures
que prendra l’affemblée provinciale pour
étendre & porter à une plus grande perfection
encore le plan adopté,
L’impofition connue fous le nom de dort
gratuit des. v illes, éprouvoit les plus grands embarras
pour la perception la plupart des villes
étoient arriérées.dç plufieurs années, 8c menacées.
des. voies, les plus rigoureufes pour les
forcer à l’acquit des droits -, l’adminiftration provinciale
a obtenu à cet égard un abonnement
8c une modération , après avoir propofé au gouvernement
un plan de perception , doux , peut
difpendieux & efficace : cet objet eft également
développé dans fes délibérations,
- Celles, qu’ elle a prifes relativement aux travaux.
publics, afin ‘de procurer aux moindres
frais qu’il eft p^ifible., des. chemins, aufli folides
que néceffàires , & d’en accélérer la confection v
prouvent combien ce grand moyen de vivification
, employé avec tant d’activité & d’ordre y
doit faire: naître de confiance 8c. d’efpoir aux.
peuples, de la haute-Guienne.
Le réglement fur les atteliers. de charité que:
1 011 voit configné' dans les. premiers- procès-verbaux
eft un chef-d’oeuvre de; rai-fan de juftice’
8c d’humanité : il préfente le double objet d'ouvrir
les co'mmuniçations intérieures, avec, les»
grandes foutes qui trayerfént la- haute--Guieane:<p