
orientale. Non-feulement tes’bruyères foilt réfrir
plies d’oileaux, mais il s’y trouve une efpèce de
chevres lauvages qui portent de petites cornes
recourbées , des lièvres ordinaires & d’unë ef-
pece qu’on appelle lièvre de tefre, des rats qui
donnent prefque la même odeur que la civette *
des aigles, des outardes, des faifans ^des,perdrix
, des gelinotes, &c. Dans les inleâes de
cette contrée , . on remarque aufli la tarentule*
Les Kalmoucks mènent avec eux quantité de.
chameaux , de boeufs , .de vaches ^de moutons 8c
de,’volailles. Ils viennent de cette manière en
forme de caravanes à AHracan-, -'avec toutes
leurs- familles pour y commercer. Ils échangent
leurs beftiaux pour du bled , du; cuivre ,. du fe r ,
des chaudrons, des couteaux, des cifeaux, du
drap,, de la 'to ile , &c.
Les Kalmoucks font robuftes & guerriers,. Il
y en a toujours un corps dans les troupes du
k zar , fuivant le traite d’alliance- fait avec eux,
8c ce corps monte à environ lix mille hommes.
Les Kalmoucks Torgotiens fe tiennent en été
avec leur bétail dans les bruyères d’Aftracan, &
principalement dans les environs de Saratow. Ils
vivent de leurs beftiaux, font païens. Beaucoup
d’entr’eux fe font fait baptifer, & ont été transportés
à Stawropol. Us ont été affujettis pour la
première fois à la Ruflie en 1716. Leur nouveau
ehan eft obligé à chaque élection , d’obtenir*fa
confirmation de la Ruflie. Les Torgotiens com-
pofeïit environ 50,000 hommes en état de porter
les armes -, & ces armes confiftent en un arc
des f lè c h e s Sc un fabre.
Les Tartares Terkiehs, du nom de la ville de
T e rk i, font f oumis au commandant de K iflar -,
ils habitent des villages & des maifons , 8c ne
font point errans.
Les Tartares Tcheremifliens,. les Tfchuwa f-•
chiens , 8c les Wotiaks demeurent dans le terri*
toise de la ville de Calan. La quantité de forêts
qui couvrent ces contrées, force ces deux premiers
peuples à habiter, les rives du Wolga , 8c
. le troifième les environs de la rivière de Wiatka.
: Ils vivent dans des villages , & font fournis depuis
long-temps à la Ruflie -, mais ils fe dioifilFent
des juges parmi eux. Us payent au kzar une .
capitation-, une partie eft idolâtre, l’autre fuit le
rit grec jr plufieurs font chrétiens. La polygamie'
eft introduite parmi eux-, ils vivent de leurs' '
■ troupeaux, de la pêche, de la chaflë,,'Sc on,tire
d’eux beaucoup de peaux de martres. Les Tartares
du. gouvernement de Calan', que l’on doit
diftinguer de ceux du. territoire de Caian , profèrent
la religion, mahométane. Us font plus :
fociables & plus propres que les Tfcheremifiiens
8c les Wotiaks.
Les Tartares de la Kafatfchia Horda,. font une
brandie des Tartares'mahométans, qui habitent
dans la partie orientale du pays de Turkeftan , .
entre la rivière de Jemba., 8c celle de Sirth, I ls [
ont la taille moyenne ,, le teint fort brûlé, dé
petits yeux noirs brilïans, 8c la barbe épaiffe. Ils
coupent leurs cheveux qu’ ils ont extrêmement
forts 8c hoirs , à quatre doigts de la tê te , &
portent des bonnets ronds d’un empan de hauteur
, d’ un gros drap ou feutre noir, avec un?
bord de pelleterie -, leur habillement confifte
dans une chemife de toile de coton, appelles
kitaifia par les Ru fies jmais en hiver ils mettent
par-defliis ces veftes une longue robe de peau de-
mouton , qui leur lërt en été de matelats.-, leurs
bottes font fort lourdes , 8c faites de peau de
cheval , de forte que chacun peut les façonner,
lui-même*, leurs armes font le fabre, l’arc & la
lance, car les armes à feu font jufqu’ à prefen-t
fort peu en ufage chez. eux.
Us font toujours à, cheval, en courfe, ou à la
chaffe , laiflànt le foin de leurs troupeaux & de
leurs habitations à leurs femmes, 8c à quelques
efclayes. Ils campent pour la plupart fous des
tentes ou huttes, vers les frontières des Kalmoucks
8c. la rivière de Jemba , pour être a;
portée de butiner. Dans l’été ils paffent fort
fouvent les montagnes des Aigles , 8c viennent
faire des courfes jufque bien avant dans la Si-.-
bérie , à l’oueft de la rivière d’I rtis , ou d’Irtifch.
Les Cara-Kal'paks qui habitent la partie oc—
cidentale du pays de Tu rk e ftan ve r s les borda-
de la mer Cafpienne,. font les fidèles., alliés &
païens des Tartares de la Kafàtfchia Horda, 8c
les accompagnent communément dans leurs-
courfes,. lorfqu’il y a quelque grand coup à faire..'
Les Tartares de la Kafatchia Horda , font
profeflion. du culte mahométan, mais ils n’ont
ni alcoran ,. ni mouillas , ni molquées., en forte-
que leur religion fë réduit à fort peu de chofe-
Ils. ont un chan qui réfide ordinairement en hiver
dans la ville de Tafchkant, & qui en été va
camper fur les bords de la rivière de Sirth , 8b
les.frontières des Kalmoucks--,. mais leurs murfes.
particuliers qui font fort puiffans , ne laiffent
guère de pouvoir de refte au chan. Ces Tartares
peuvent armer tout au. plus, trente mille?
hommes, 8c avec les Cara- K-âlpaks cinquante
milles.,, tous, à cheval.
Les Tartares- de la Crimée font- préfente ment
partagés en trois branches., dont la première eft
celle des_ Tartares. de la Crimée là féconde ,
celle dés Tartares de Budziach -, & la troifième.,
celle des,Tartares Koubans: Les Tartares-de la.
Crimée font lés plus, puiffans de ces trois branches.^
on les appelle aufli les Tartares de Pérekopy
ou les Tartares Sapovovi, à caufe que , par rapport
aux Poionois qui leur donnent ce nom.,
ils habitent au-delà'des.cataractes du Toryflhène.
Ces T artares occupent à préfént la prefqu’ îfe-
de la Crimée, avec la partie de la Tëne-ferme-
au nord de cette prefqu’ï î e , qui eft fëparée par
la rivière de Samar de F Ukraine , & par la
rivière de Mius du. refte de la- Ruflie.- Les T a itares
, de la Crimée font ceux de tous les Tartares
maliométans qui reffemblent le plus aux
Calmoucks, fans être néanmoins fi laids-, mais
ils font petits & fort quarrési ils ont lé tèin
brûlé, des yeux de porc peu ouverts , le tour
du vifage plat, la bouche affez petite, des dents
blanches comme de l’ ivoire, des cheveux noirs
qui font rudes comme du crin, 8c fort peu de
barbe. Us portent des chemifes courtes, de toile
de coton, & des caleçons de la même toilpf leurs
culottes font fort larges 8c faites de quelque gros
drap ou de peau de brebis -, leurs veftés font de
toile de coton, piquée à la manière des caffetans
des Turcs -, & au deflïis de ces vèftes ils mettent
un manteau de feutre ou de peau de brebis.^
' Leurs armes font le fabre , l’arc 8c la fléché -,
leurs chevaux font vilains 8c infatigables ’^eur
religon eft la mahométane -, leur fouverain eft un
kan allié de la Porte Ottomane , & dont le pays
eft fous la protection du grand-feigneui*. C eft
dans la ville de Bafcia-Sarai, fituée vers le milieu
de la prefqu’ île de Crimée, que le chan fait ordinairement
fa réfidence. La partie de^ la terre
ferme, au nord de Perékop, eft occupée par des
hordes de Tartares de la Crimée , qui vivent
fous des huttes, & fë nourriffent de leur bétail
lorfqu’ ils n’ont point occafion de brigander.
Les Tartares de ce pays paflënt pour les plus
aguerris de tous'les Tartares -, ils font prefque
toujours en coitrfe , portant avec eux de la farine
d’orge, du bifeuit 8c du Tel pour toute provilion.
La chair de cheval & le lait de jument font leurs
délices -, ils coupent la meilleure chair de deffus
les os , par tranches, de l’épaiffeur d’un pouce,
& les rangent également fur le dos d un autre
cheval , fous la fëlle , en obfervant de bien
ferrer la fangle, & ils font ainfi leur chemin.
Au bout de 3 ou 4 Ueues > lèvent la Celle ,
retournent les tranches de leur viande, remettent
la felle comme auparavant, & continuent leur
traite. A la couchée , le ragoût fe. trouve tout
prêt le refte de la chair qui eft à l’entour des
os fë rôtit à quelques bâtons , & fe mange fur
le champ aii commencement de la courfe.
Au retour du voyage , qui eft fouvent d’une
centaine de lieues & davantage, le kan prend la
dîme de tout le butin, qui confifte communément
•en efclaves : le murfe de chaque horde en prend
•autant iiir la part qui peut revenir à ceux qui font
fous, fon commandement, 8c le refte eft partage
également entre ceux qui ont ete de la courfe.
Les Tartares de la Crimée peuvent mettre jufqu’ à
80 mille homrn.es en campagne. -
Les Tartares Circaffes habitent au nord-oueft
de la mer Cafpienne, entre l’embouchure de la
rivière de Wolga 8c la. Géorgie-. ! Le. peuple qui
eft préfentement connu fous le nom. de CircaJJès ,
eft une branche des Tartares mahométan s -, du
moins'les Circaffes confervent-ils julqu’aujourd’hui
la langue , les coutumes, les inclinations-8c
mêmé l’extérieur des Tartares , nonobftant qu’on
puifïe s’appercevoir facilement qu’il doit y avoir
bien du fang des anciens habitans du pays mêlés
chez eux, parmi celui des Tartares.
Il y a beaucoup d’apparence que les Tartares
Circaffes , aufïï-bien que les Dagheftans, font de
la poftérité de ceux d’entre les Tartares qui furent
obligés, du ternps que les fofis s’emparèrent de
ia Perfe , de fe retirer de ce royaume pour aller
gagner les montagnes qui font au nord de la
province de Schirvan, d’où les Perfes ne les pou-
voient pas chaffer fi facilement, 8c où ils étoient
à portée d’entretenir correfpondançe avec les
autres tribus de leur nation , qui étoient pour
fors en poffefTion des royaumes de Calan 8c
d’Aftracan.
Les Tartares Circaffes font affez laids , 8c
prefque toutes leurs femmes font très-belles. En
été elles ne portent qu’une finiple chemife d’une
toile de coton, fendue jufqu’au nombril, 8c en
hiver elles ont des robes femblables à celles des
femmes Rufïiennes : elles fe couvrent la tête d’ une
forte de bonnet noir qui leur lied fort bien ", elles
portent autour du cou plufieurs tours de perles
de verre noir , pour faire d’autant mieux remarquer
les beautés de leur’ gorge elles ont un
teint de lys & de rofe, les cheveux 8c les plus
beaux yeux noirs du monde.
Les Tartares Circaffes fe font circoncire-, 8c
obfervent quelques autres cérémonies mahomé-
tanes -, niais la religion grecque commence à faire
beaucoup de progrès dans leur pays. Us habitent
en hiver dans des villages , & ont pour maifons
de chétives chaumières -, en été ils vont camper
la plupart du temps dans les endroits où, ils:
trouvent de bons pâturages , favoir , vers les frontières
du Dagheftan & de la Géorgie y ou le pays
eft fort beau , 8c fertile en toutes, fortes de-
légumes & de fruits. C’eft de la partie mon-
tueufe de la Circaffte que viennent l'es chevaux
circaffes , tant eftimés en Ruiîie, pour leur vîteffer
la grandeur de leurs pas, & la facilité de les
nourrir.
Les Circaffes ont des princes particuliers de
leur nation, auxquels ils obéiffent-, & ceux-ci
font fous la proteêlion de la Ruflie, qui pofsède
T erk i, capitale de tout le pays. Les Circaffes:
peuvent faire une vingtaine de mille hommes
armés« ; .
Les Tartares du Dagheftan s’étendent en Ion-
. gueur depuis la rivière de Buftro qui tombe
dans la mer Cafpienne , à 43 de g. 20/ de lut-
julqu’ aux portes de la ville de. Derbent -r 8c en
largeur ,. depuis le rivage de la mer Cafpienne r
jufqu’à 6 lieues, de la ville d’Trivam Le pays eft
partout montueux ,. mais il ne laiflë pas d’être
; d’une grande fertilité dans les endroits où il eft
cultivé-.
Ces Tartares font les-- plus laids de tous les