
tempérées & dans les zones glacées, la hauteur
du pôle furpaffe toujours la plus grande diftance
du foleil à l’équateur •> ç’eft pourqiioi les habitans
4 e ces zones n’ont jamais le foleil à leur zénith.
Si on compare les hauteurs méridiennes du foleil,
obfèrvées le même jour dans deux lieux quelconques
de ces zones , celui où la hauteur méridienne
fera la plus grande , fera le plus mé- .
ridional.
3°. Dans les zones tempérées le foleil paffe
toujours deffous l’horifon, à çaufe que fa diftance
au pôle excède toujours la hauteur du pôle •, &
dans tous les lieux de ces zones, excepté fous
l’équateur , les jours artificiels font inégaux,
8c cela d’autant plus que çes lieux font plus
yoifins des zones glacées*
4°. Dans les lieux qui féparent les zones tempérées
d’avec les zones glacées , ç’eft-à-dire fous
les cercles polaires , la hauteur du pôle eft égale
à la diftançe du foleil au pôle , lorfque le foleil
eft dans le tropique d’été. Donc les peuples qui
habitent ces lieux , voient une fois l’année le
foleil achever fa révqlutiqn faiis paffer fous
l’horifon,
5°. Dans tous les lieux des zones glacées, la
hauteur du pôle eft plus grande que la moindre
diftance du foleil au pôle. Donc pendant plu-
fîfeurs jours la diftance du foleil au pôle eft
moindre que la hauteur du pôle , & par confisquent
le foleil doit être pendant ce temps-là
non-leulement fans fe coucher , mais fans toucher
l’horifon. Lorfqu’enfuite le foleil vient à
s’éloigner du pôle d’une plus grande diftançe que-
pelle qui mefiire la hauteur du pôle , alors il
s’élève & fe çquçhe tous les jours comme dans
les autres zones.
Les académiciens qui, par ordre du roi* font
allés mefurer Je degré du méridien dans la zone
froide feptentrionale , pour déterminer la figure
de la terre, ont joui de ce jour de 24 heures
que l’on doit avoir dans çette zone au fplftice
4’été *, & la lqngiieur des jours compenfe tellement
le peu de chaleur direâe du foleil, que
l’été y ~cft fort chaud & fort incommode. Une
çhofe bien fmgulière , c’eft que les Hollandois,
qui firent, il y a envirbn 150 ans., un voyage
à la nquvelle Zemblq où ils pafsèrent l’hiver, 8c où ils eurent plufieurs nuits 4 e fuite , revirent
le foleil quinze jours plutôt qu’ils n’auroient
dû le revqir , eu égard à la latitude où ils
étoient. IJ n’y a pas d’apparence qu’ils £e foient
trompés dans le calcul du jour , comme il feroit
naturel de le croire a caufe des nuits confécutives
qu’ils avqient pafféés-, car, outre que leur journal
paroît fort, etfaû 8c daté jour 'par jour , ils
revirent le foleil un jour qu’il devoit arriver ,
fuivant les éphémérides , une occultation d’étoiles
par la lune , laquelle arriva effectivement ce
jppr là. Il paroiç difficile d’attribuer ce phénomène
à l’effet des réfraCfcions, q«î femble ne
devoir pas être affez grand pour accélérer la
venue du jour d’une quantité fi çonfidérable î
enfin c’eft un fait que les philofophes & les
aftronomes n’ont pas encore trop bien expliqué ,
& dont la folution dépend d’un plus grand
nombre d’obfervations.
On nomme donc zones, en géographie , des
bandes ou ceintures de la terre , terminées pat:
deux cercles parallèles entr’eux, favoir par les
d$ux cercles polaires 8c par les deux tropiques.
Zone çft un mot grec qui fignifie teinture s
ban<£e.
Du mouyement annuel & diurne de la Terre
réfulte une divifipn de fa furface en plufieurs >
zones. Comme le foleil décrit par fon mouvement
une ligne appellée écliptique, qui çoupe l’équateur
en deux points oppofés, 8c fait une déclinaifon de
2 3 degrés 30 minutes, il doit néçeffairement être
tantôt plus près , & tantôt plus éloigné de
l’éqqateqr : ce qui fait le changement des laifons ,
8c occafiQnne là chaleur , le froid, la pluie 9 le
vent dans lès lieux par où il paffe.
La furfaçe de la terre entre les deux tropiques
fe nomme qpr%e torride. Celles qui font entre les
pôles & les cercles polaires , font les deux
zones glaciales •, 8c celles qui fe trouvent entre
les deux cercles polaires 8c les tropiques >‘ font
appellées lès deux zones tempérées j ce qui fait
eq tout cinq zones.
Les lieux dont la latitude eft moindre que 23
degrés 30 minutes , font fous la zone torride.
S’ils font précifément à 23 degrés 30 minutes,
ils font fous les tropiques ou à l’extrémitç de la
zone torride. Ceux qui ont plus de 3-3 degrés
30 minutes de latitude , mais moins de 66
degrés 30 minutes ? font f°us fes zQhes tempérées.
Ceux qui ont précifément 66 degrés 3Q minutes
de latitude , font à l’extrémité dé la zone tempérée
} & enfin s’ils ont plus de latitude , ils
fqnç fitués fous la zone glaciale.
U eft aifé de calculer la largeur & Ja quantité
de chaque zone en milles ou en toute autre
mefure connue. Pour nous exprimer en nombres
ronds, Ja largeur c|e la zone tprride eft 4 e47 degrés,
ç’eft-à-dire 23 degrés 30 minutes de chaque côté
de l’équateur. La largeur de chaque zone tempérée
èft de 43 degrés, 8c celle des deux zones
glaciales eft de 47 degrés : çes degrés réduits
en milles , à çompter 15 milles d’Allemagne
pour un degré , donneront 705 milles pour La
largeur de \a zone torride , 645 milles pour
chaque zone tempérée , & nfilles pour
chaque zone glaciale.
On peut çonnoitre la furface de chacune par
cette proportion tirée de la géométrie •, comme
le finus de 90 degrés 100,000 eft au finus de
23 degrés 8ç demi, fayoïr 39,87$ > mâme^
la moitié
la moitié de la furface de la terre qu’on a
trouvé être 4,639,090 milles quarrés , eft à la
fuperficie de la moitié de la zone torride , favoir
3>^4 9> ^37 milles quarrés j & par conféquent la
furface de toute la zone torride eft de 356993674
milles.
Enfuite, comme tout le finus 100,000 eft à la
différence des finus de 2-3 degrés 30 minutes , ■
&• 66 degrés |o minutes. 51,831 , de même la
moitié de la furface dè la terre , ou 4,639,000
mjlles quarrés e-ft à la furface .d’une des zones
tempérées 2,404,487 milles quarrés. Si donc
on retranche la furface de la moitié de la zone
torride ,, & celle de la zone tempérée , de la'
moitié 4 e la furface de la terre , il ne reftera
plus que la • furface d’une des zones glaciales
384,766 milles quarrés. Quelques aftronomes
font d’avis que la déclinaifon de l’écliptique n’eft
pas toujours la même,. & qu’ainfi la largeur des
zones n'eft pas toujours égale -, mais la différence
eft petite ; 8c Tycho-Brahé doutoit qu’il y en
eût aucune -, ainfi. cela ne vaut pas la peine d’y
faire attention.
Il nous importe davantage d’indiquer les
principales caufes qui contribuent le plus à
former la lumière , la chaleur , le froid , les
pluies & les autres météores , 8c à les entretenir
dans les différentes zones j voici donc ces
saules.
i°. L’obliquité plus ou moins grande, ou la
perpendicularité avec laquelle les rayons tombent
fur le lieu. La dernière fait la plus grande chaleur
les deux autres caufent plus ou moins
de chaleur , à proportion de leur obliquité. - ‘
20. La durée du foleil fur l’horifon du lieu.
30. La dépreilion plus ou moins grande du
foleil fous l’horifon pendant- la nuit : ce qui'
donne.plus ou moins de lumière & de chaleur ,
de pluies , de nuées épaiffes, &c. d’où réfulte
un crépufcule. plus long ou plus court.
4°. Le plus ou moins de temps que la lune
refte fur l’horifon ou deffous , fon élévation
plus ou moins grande deffus l’horilon , ou fa
dépreilion au deffous.
5°. Les mers & les lacs voifins : c’eft de là
que viennent la plus grande partie des vapeurs
humides de l’air ■, d’ailleurs la .mer ne réfléchit
pas les rayons avec tant de farce que la terre.
6°. La fituation des lieux ; car le foleil influe
fur les montagnes différemment que fur les val- ■
lées. Souvent les montagnes empêchent les rayons
d’arriver jufqu’aux vallées : ce qui attire aulfi à
elles' en quelque forte les vapeurs. De là vient
que les montagnes changent les faifons des
lieux voifins , caufent la chaleur, la' pluie , &c.
ce qui n’arrivferoit pas , fi les montagnes ne s’y
rencontroient. - \ ^ .
' Les vents , & fur-tout ceux qui font
généraux 8c réglés. Ainfi les vents réglés de
I eft tempèrent la chaleur de la canicule ; 8c fous
Céogr. Tome l l l .
la z«ne torride le vent général , & fur-tout les
vents d’eft au Pérou , y caufent une chaleur
modérée -, tandis qu’à l’oueft de l’Afrique on
fent une chaleur violente -, car le vent général
n’eft pas fi fenfible dans ces lieux. Les vents du
nord font froids 8c fecs. Les vents du midi
font chauds & humides.
83. Enfin les. nuages 8c la pluie diminuent
la lumière 8c la chaleur.
Sous la zone tempérée 8c la zone glaciale ,
les quatre laifons céleftés lont prefque de la
même longueur-, mais fous la torride elles font
inégales -, la même l'aifon y eft différente, félon
les pays.
Dans les lieux fitués lous cette zone, le foleil
approche du zénith à midi ; mais à minuit il en
ie'ft f°rt éloigné fous l’horifon -, les lieux y font
ptefque dans le milieu de l’ombre de la terre , 8c les rayons du foleil n’éclairent ni ri’é'chauffènt
l’air.
Sous la zone glaciale , comme le foleil eft
fort loin du zénith,, même à midi , il ne s’éloigne
pas beaucoup fous l’horifon pendant la nuit,
& envoie dans l’air par ^réflexion plufieurs
rayons.
Sous la zone tempérée , le foleil eft à une
diftance médiocre du zénith à midi, 8c à minuit
il- eft allez avance fous l’horifon en hiver-, mais
en ete il envoie dans l’air quelques rayons par.
réflexion.
Les peuples de la zone torride ont le crépufcule
le plus court -, il eft le .plus long
lous la zone glaciale -, 8c fous la zone tempérée'
il tient un milieu entre les-deux.
Sous l’equateur & dans les lieux voifins, le
crépufcule eft environ d’une heure -, mais'l’expérience
fait voir qu’il ne dure qu’une demi-
heure ou un peu plus , parce que l’air y eft
trop- groflier & trop bas pour former un crépufcule
à 18 degrés de dépreilion du foleil fous
l’horifon. Sous la zone glaciale;, le crépufcule
dure quelques jours , quand le foleil eft encore
fous l’horifon. Sous la zone tempérée , le crépufcule
dure trois , quatre , cinq ou fix heures ,
8c même toute la nuit en certains lieux, pendant
l’été , félon que ces. lieux font plus ou moins
proches de la zone glaciale.
C’en eft affez fur les zones en .général j nous
développerons fous chacune les détails particuliers
qui les concernent, 8c ces détails feront
étendus. Ainfi Voye[ Z one: to r r id e , Z ones
GLACIALES , ZONES TEMPÉRÉES. (,R.)
■ Z one t o r r id e . Cette zone eft terminée par
les deux cercles tropiques , 8c fe trouve entre
les deux zones tempérées; L’équateur la divife
en deux parties égales-, l’une feptentrionale , &
l’autre méridionale. Elle a 47 degrés de largeur
qui valent 1175 lieues , de 2-5 au degré. On l’appelle
torride , parce qu’étant directement fous le
lieu par où le foleil paffe dans fon cours , elle