
Les Vallaifans font accoutumes a la fatigue,
endurcis au travail y-8c comme ils. vivent frugalement,
& refpirent un air pur , ils parvien-'
nent , fans maladies, aune vieillerte vigoureufe^,
mais on y eft fujet aux goitres, 8c il s’y trouve,
dans le haut-Vallais , une race d’hommes dégénérée
, qu’on nomme Crétins, qui font blafards,
imbéciles, n’entendent point, ne parlent
point & font prefqu’infenfibles aux coups ou
percuflïons. Cette dégradation tient a un enchaînement
de caufes phyfiques , q u’ i l - n’eft pas
dans mon objet de développer ici , ^ mais
qui font expofées dans un grand detail ,
dans un Mémoire que j’ai lu à l’academie dès
lciences , à mon retour de la Suirtfe , en 1780.^
Le haut-Vallais, où eft la fource du Rhône ,
étoit autrefois occupé par les Seduni, qui ont
îaîfte leur nom à la ville de Sion, appelée en
la tin , Seduni; 8c le bas-Vallais par lés Veragri,
dont la fttuation a été exactement marquée par
Céfar, dans le liv. I I I de fes Commentaires ,
où il nomme par ordre les Nantuates , les Veragri
8c les Seduni, qui occupoient le pays
depuis les Allobroges , le lac Léman ,. 8c le
Rhône jufqu’ aux hautes Aines •, ufque ad fummas
A lp e s , où eft la fource dû Rhône..
Le Vallais , -qui faifoit partie du fécond
royaume de Bourgogne , parta, en 1032 ,
avec ce royaume, à l’empire Germanique, tous
le règne de Conrad IL Cet empereur céda en
1035, le bas-Vallais , ûu comte Humbert de
Savoie, pour les bons 8c agréables fervices qu il
lui àvoit rendus dans la guerre. Les habitans
du haut-Vallais défendirent courageufement leur
liberté , tant contre les ducs^ de Zeringhen,
qui' étoient châtelains de l’ évêque de S ion ,
charge dopt l’empereur Frédéric I lès avoir
revètus en 1157» que dans la fuite contre les eve-
ques de Sion qui s’arrogent le titre de comtes de
Vallais, 8c ils expulsèrent du pays les familles
dès barons de Tour 8c de Raren, qui y ufur-
poient l’ autorité. . ,
En 14 7 5 , l’évêque de Geneve', frère du duc
de Savoie, entra dans le haut-Vallais avec 18000
hommes , tirés tant du bas-Vallais que de la
Savoie. Mais les habitans du haut-Vallais ayant
reçû un renfort de 3000 hommes , venus des
cantons de Berne , de Fribourg 8c de Soleure-,
ils battirent l’ armée de l’ évêque, & conquirent
le bas-Vallais, qui leur eft refté fournis depuis
ce tte'époque, & ne participe pas a la louveraineté.
, Tr .. .
La plus ancienne alliance que les Vallailans
aient faite avec quelques cantons de la Suifle,
eft celle qu’ils contractèrent pour 10 ans avec les
Bernois, l’an 1250, qu’ils renouvelèrent en 144b,
& qu’ ils déclarèrent ftable & perpétuelle , en
1472. Ils avoient fait une pareille alliance en
J473 , avec les cantons de Luceçne, Switz,. dUry
& Underwaldi & en 152,9, ils furent admis
par tous les cantons dans l’alliance helvétique*
Il fut cependant ajouté dans l’a&e une claulè
qui portoit que cette alliance feroit renouyellée
tous les 25 ans. ■ - ■
Enfin , en 1533 l’évêque & la république
de Vallais renouvellèrent leur alliance avec les
cantons catholiques , de Lucerne, Ury 8c Under-
wald , & les 4 autres -, favoir, Schwitz , Zug ,
Fribourg & Soleurre y açquiefcèrent. s _
C’eft par ces divers liens que la république de
Vallais tient au corps helvétique, comme alliee
8c non comme artociée à la ligue. Elle a une
confédération perpétuelle avec les ligues grifes
depuis iôoo. Ses premières liailonsavec la France
datent de l’an 1500.
On eftime la milice de tout le Vallais, à
18000 hommes , 8c fa population totale de 100000
habitans.
Il parut en 1761 une bonne carte de ce pays,
publiée par Walfer.
Deux chaînes d’immenfes montagnes ferment
le'Vallais au n. 8c au midi. Celle du midi eft
le grand S. Bernard, ou les Alpes Pennines.
Elles fe réunifient du côté du levant au mont
de la Fourche •, le fommet de ces montagnes^ eft
chargé de glaces & de neige durant toute l’année.
Les pafiages , pour les franchir, font très
rares , & font abfolument obftrués durant l’hi-
ver. . , , .
Le Vallais a des bains d’eaux minérales , dont
les plus connues font celles de Leck , fituées au
pied du mont*Gemmi.
’On parle communément l’allemand dans les
cinq dixains fupérieurs y x>n entend aurti généralement
l’allemand, le françois, & 1 italien
dans le refte- du Vallais. Tous le pays profefle
la religion "catholique, & il reflortit , our le
fpirituél, à l’évêché de Sion, qui autrefois fous
la Métropole de Moutiers, fut exempté de fa
jurifdiélion par Léon X , 8c fournis immédiatement
au Saint-Siège. C’eft apparemment comme
anciens préfets des empereurs que les eveques
de Sion prennent encore aujourd’hui le .vain titre
de princes du Saint-Empire-
Les Vallaifans font juftement loués par la fim-
plicité des moeurs qu’on retrouve chez eux., 8c
dont le tableau a été préfenté d’ une manière fi
touchante par l’immortel citoyen de Geneve ;
mais c’eft dans les parties reculees, dans le fein
des montagnes, dans les diftricls écartés des
routes , des lieux où l’argent circule, & féparées
en quelque forte du refte de l’univers , qu on
retrouve , d’une manière plus marquée^, cstte
candeur, ces moeurs hofpîtalières , dont il a fait
une peinture fi attrayante.
La république du Vallais eft compose de fept
grandes communautés ou juftices appellées dizains:
fix de ces communautés ont un gouvernement
populaire *, leurs chef-lieux lont des bourgs ouverts
, fi ce n’eft Leuck qui peut paffer pour une
petite ville. Chaque dizain, compofé de plufieü-rs
paroifles , a fa juftice particulière , exercée par
douze aflefleurs préfidés par un maire ou châtelain
, qui eft le premier magiftrat : pour ce qui
a trait au militaire', chaque dizain a un banneret
& un capitaine. Les fix dizains , en fuivant leur
ordre , à commencer des fources du Rhône, font :
ceux de Goms ou Conches , Brieg , Raren, Vifp ,
Leuck , 8c Siders. La ville de Sion , avec fon territoire
, forme le feptième dizain , & fon gouvernement
eft ariftocratique. La police eft admi-
niftrée par le confeil des vingt-quatre, dont le
chef eft le bourgue-maître. Le grand châtelain
préfide la juftice.'
La diète générale , formée des députés des
dizains , eft ordinairement convoquée deux fois
par an , en mai & en décembre, par le capitaine, .
chef du pays, appelle landshauptrnann. Cette
aflemblée fe tient au château de Mayorië à Sion.
L’évêque de Sion y préfide , & le capitaine du
pays propofe : on y délibère fur les intérêts
communs du pays. Ce confeil adminiftre toutes
les affaires d’état, élit les officiers', donne audience
aux, envoyés des puiflancgs étrangères ,
& juge des caufes majeures en dernier reffort -,
car, fi des juftices inférieures, on peut appeller i
devant l’évêque ou le capitaine du pays, on
peut aurti, de leur jugement, appeler devant le
landfrathy qui eft l’affemblée générale.
C’eft par l’inftitution de ce confeil fuprêmé,
que les diverfes parties du Vallais font réunies
en un feul corps politique j elles font d’ ailleurs
indépendantes : anciennement même , un ou plu-
fieurs dizains pouvoient faire des alliances féparées
, & . entreprendre des guerres avec les
voifins. _ ,
Le bas-Vallais forme fept châtellenies fujettes
à la république du haut-Vallais, qui leur envoie
de deux eh deux ans , à tour de rôle des fept
dizains, des baillis, châtelains , ou gouverneurs.
L’ abus que firent fouvent de leurs richeffes
& de leur crédit des hommes puiftans, pour
attirer à eux l’autorité , déterminèrent autrefois
ces peuples à recourir a l’oftracifme, moyen
violent que leur irifpira la jufte défènfe de leur
liberté, & le défaut d’un pouvoir public & tutélaire.
On plaçoit dans un lieu public une figure
itial-vêtue , image de læ patrie ; on la queftion-
noit fur fon état de triftefle 8c de délabrement -,
quelqu’ un répondant pour e lle , en défignoit les’-
caufes, aimonçoit fes griefs? & déclaroit folem-
nellement l’auteur de la calamité publique. Anffi-
tôt on drertoit une grande mafiiie de bois | les
mécontens fe préfentoient-, chacun y. enfoiiçoit
un clou , en ligne de fon engagement à la vengeance.
comnuyie. La multjtudè portoit ehfuite’
cette martue devant la maifon de celui qui avoir
été défigné l’ennemi de tous -, ordinairement il
fe d^roboit au châtiment i les conjurés mettoient
fa maifon au pillage, & finirtoient fouvent par la
démolir.
Cet ufage, aboli aujourd’hui, eût prévenu ou
arrêté les entreprifes de l’évêque de Sion, dont
la trop grande influence menace la liberté publique.
(jR.)
VALLASSE, riche & célèbre abbaye de France,
ordre de Cîteaux, filiation de Mortemer en Normandie,
au pays de Caux, diocèfe de Rouen.
VALLÉE, petite ville d’Italie , dans l’Iftrie ,
à 7 milles de la mer, 8c h 14 au nord de Pola ,
elle eft ceinte de murailles, 8c fou mile aux
Vénitiens. Vallée, mot françois qui lignifie la defcente
d’une montagne -, il lignifie aurti un efpace de
terre ou de pays , fitué au pied de quelque montagne
ou cote. On difoit autrefois 'val y mais il
n’éft plus en ufage quç dans les noms propres : le
1 val de Galice, le val des Choux, le val S’uzon.
L’un & l’autre mot eft formé du latin vàllis , dont
les Italiens ont fait leur mot val, ou valle, 8c
les Efpagnols leur mot valle.
On entend ordinairement par une vallée une
efpèce de plaine, le plus fouvent traverfée par
une rivière, bordée a les côtés par des collines
ou des montagnes , 8c qui a une longueur plus
ou moins grande , fans, largeur confidérable. Il y
a des pays fort vaftes nommées vallées , comme
dans la Sicile , qui eft divifée en trois vallées ,
le val de Mazàrra , le val de Demona & le val de
Noto.
Vailée d’Anaunie -, c’eft une vallée du Tirol
qui a 20 lieues de long fur ô de' large : elle
s’ étend, du . côté du coulhant entre Bolzano 8c
Trente, 8c fe termine a l’Àdige.' On y voit un
grand nombre de châteaux 8c de biens nobles.
MVB , | allée de Cluyd, vallée d’Angleterre, dans
le comte de Denbig. Elle s’étend du fud-eft au
nord-oueft jufqu’à l’Océan, de là longueur de
17 milles , fur 5 de largeur. Elle eft de toutes
Pârts,' ehvironhéè de hautes montagnes, excepté
le long^ des côtes , où elle eft toute ouverte.
La rivière de la Cluyd la traverfe par le milieu
depuis fa fource jufqu’ à fon embouchure.
V ALLEE DE JÔACKIM. V o ye{ J O AC fi T M S-T H AL. Vallée de Josaphat , très-petite vallée de la
Paleftine, arrofée par le tbrrent de Cédron au
midi de - Jërtifàîém. Ç’eft là, dit- on, que doit le
faiire * jugement dèrhier.
V a l l é e d e T a f f f . r e g . Voyez T a f f e r e g g e r -
T h a l .
V a l l é e s ( pays des quatre ) , pays de France *
dans la Gafcogne fur la gauche de la Garonne I
partie dans le diocèfe d’Auch, 8c partie dans celui
de Comrhirige. Il rènférmè les vallées de laBarthe
ou Neftes , Aure v Magnoac & Baroufle. Ce
pays fitué dans l’Armagnàc propre, ou Armagnac
blanc, forme une féhéçhaùrtee , 8c a lès états parti-
, culiers. Caftelnau en eft le chef-lieu. ( R. )