
l’ame, on a de lui d’autres pièces en vers 8c en
profe-, dont la meilleure édition eft celle de
"Wetftein à Amfterdam , en 1696 , in-8°.
Sulpitius ( J e a n ) , furnommé Verulanus, du
Hom de Véroîi fa patrie, floriffoit fur la fin du
quinzième fiècle. Il cultiva les belles-lettres avec
fuccès : il fit imprimer V ég èçe, & publia le
premier Vitruve ■> ce que M. Perrault n’auroit
pas dû ignorer. C’eft encore Sulpitius qui a
rétabli. l’ufage de la mufique fur le théâtre :
Rome qui l’avoit comme perdue , pour donner à
la déclamation desjj&eurs ce que les Grecs don-
noient au chant oc à l’harmonie , la vit repa-
roître vers l’an 1480, par lés foins & le génie
de Sulpitius. Il commença par donner au peuple 3e plaifir de la mufiqiie dès opéra fur des théâtres
mobiles ; enfuite il en infpira le goût au pape &
aux cardinaux : enfin fon invention plut à tout le
monde , & plaira librement long-temps. (R.')
VERONE, en latin Verona, ancienne, grande
•& confidérable ville d’Italie, dans l’état de Ve-
nife , capitale du Véronèfe | fur l’Adige., à 2.5 li.
a l’oueft de Venife , à 8 au n. e. de Mantoue ,
14 e. f. e. de Brefce , &: à 16 au midi de Trente.
long. 28, 58-30 / lat. 4 5 , 26'.
Cette ville eft une des fortes places d’ Italie ;
le s murailles font garnies de baftions, outre trois
châteaux qui les défendent. L’air de cette ville
eft très-doux, & les vivres y font à bon marché ;
mais les maifons en font mal bâties , & les rues
étroites & tortueufes. On remarque cependant
celle dite le Cours, qui eft fort longue 8c aboutit
au château. On porte le nombre des habitaas
(de Vérone a 40 mille. La cathédrale eft un ancien
édifice où fe voit la fépulture du pape Luce III.
L ’évêché eft fuffragant d’Udine. Cette ville a
d’ailleurs 48 églifes paroifliales, 23 couvens
d ’hommes, 8c 18 de femmes. L’églife de Saint-
George , qui eft aux bénédictins, eft une des
plus belles de la ville.
Vérone conferve encore quelques reftes d’antiquités
j théâtre, amphithéâtre , étuves , bains ,
aqueducs, colonnes, & arcs de triomphes, qui
font autant de monumens de fon ancienne fplen-
deur & des ravages des Barbares.
De tous les monumens de Vérone, le plus
digne d’attention eft fon fameux amphithéâtre,
qui a cer avantage fur tous ceux qui exiftent ,
que les gradins où l’on jouiffoit des fpectacles,
font encore entiers : luivant le calcul de Maffei,
2,2,184 fpeflateurs pou voient s’y affeoir commodément.
On prétend qu’il fut bâti fous Augufte.
J1 eft de forme ovale , de moyenne grandeur ,
8c fait de pierres quarrées : on voit à la face du
dehors plufieurs colonnes & quelques ftatues dégradées
, reftes des portiques dorique , ionique
& corinthien, qui en faifoient l’ornement. Dix-
huit grandes portes y donnoient entrée mais Je
mur extérieur a difparu •, il n’en exifte plus aujour--
d’hui qu’ un pan : il s’écroula par un tremblement
de terre en 1583. A l’ intérieur, 48 rangs de
gradins s’y élèvent les uns au-deffus des autres.
Suivant Millon , il a 5 30 pas dans le tour le plus
élevé , & 250 au plus bas. Antoine Defgodetz ,
architecte , a écrit que le diamètre de l’arène ,
fur la longueur, eft de 2,3.3 ple^s ? mefure de
France -, que l’autre diamètre \ fur la largeur,
eft de 136 pieds 8 , pouces •> que l’épaiffeur du
bâtiment, fans le corridor extérieur, eft de
100 pieds 4 pouces 8c qu’avec chaque épaiffeur
du mur & du corridor aux deux bouts de l’amphithéâtre
, il eft de 120 pieds 10 pouces : de forte
que la longueur du tout eft de 474 pieds 8 pouces.
Chaque degré a près d’ un pied & demi de haut,
& à peu près 26 pouces de large. L’élévation
du tout eft de 5)3 pieds 7 pouces 8c demi. Au
refte, indépendamment de la dégradation prefque
abfolue du mur extérieur , l’étage fupérieur eft
détruit, & la ville , en vue de perpétuer ce monument
, y ayant fait des réparations à mefure
que l’ injure des temps les faifoit paroître né-
ceffa'ires , il eft peu de parties qu’ on puiffe* dite
vraiment antiques i ce qui eu diminue beaucoup
la dignité.
On voit encore à Vérone les veftiges d’un arc
de triomphe', érigé en l’honneur de Marius,
après la viéloire qu’ il remporta dans le territoire
de cette ville. C’eft en cet endroit, félon la commune
opinion, que pafioit la voie Emilienne qui
conduifoit de Rimini à Vérone & à Aquilée. Il
y refte un arc de marbre qui fut autrefois con-
facré à Jupiter , & tout proche font les débris
d’un temple -, mais les curieux de tout ce qui
concerne cette v ille , trouveront de quoi fe fatis-
faire dans l’hiftoire de Vérone , par Muratori.
Veniie 1732, in -fo l. 8c in -8Q. en 4 vol. avec
figures, ainfi que dans la Chranica délia citta di
Verona , defcritta da Pietro Zagujïa, in Verona ,
z 745, in-40. 2. vol.
Il y a à Vérone une académie militaire pour
24 gentilshommes du pays , établie en 1760.
On y pafle l’Âdige fur trois ponts, dont celui
qui eft voifin du château a 348 pieds de long*
bur la place des marchands on voit le beau palais
du célèbre Lavant Scipion Maffei : il faut remarquer
aufli celui où fe tient l’académie de Philharmoniques
, 8c où le font les exercices de la jeune-
noblefle -, on y a raffemblé plufieurs inicriptions
antiques , étrufques , puniques , égyptiennes ,
grecqüès , latines. Une partie en a été trouvée,
dans des fouilles faites dans le pays -, Sc Scipion
Maffei: a beaucoup contribué à la richeffe de
cette celleéHon.
La principale place de la ville eft la place
d’armès, où eft érigée une ftatue fymbolique &
en marbre de la république de Venife. Au palais
dit de la RaiJ'on fe voient les ftatues de plufieurs
perfonnages qui ont ilfoftré Véroo? leur patrie. 3
Catulle , Cornélius - Nepos , Emüius - Marcus ,
Pline le Naturalifte , Vitruve , Jérôme Fra-
caftor.
Près de la ville eft une belle place appellée
le Champ de. Mars , qui fort maintenant d’emplacement.
a deux foires qui s’y tiennent aux
mois de mai 8c de novembre. Le commerce de
Vérone n’eft point aufli important-qu’il pourroit
l’être. Le pays fournit des olives , de l’huile , de
fort bon v in , mais en petite quantité , 8c des
plantes médicinales qu’on recueille fur le mont
Baldo. On en tire d’ailleurs de la foie 8c quelques
étoffes de laine.
La ville eft gouvernée par un podefta , deux
provéditeurs , 8c un magiftrat qui porte le titre
de vicaire des marchands 8 des nobles. Les
Scaliger ont été maîtres de Vérone durant 70
ans \ 8c l’un d’eux , pour tenir la ville en refpeét,
fit bâtir le vieux château : ce fut lui aufli qui
fit conftruire le grand pont de pierre.
Elle fut fondée-, félon Pline, l. I I I , c. 13 ,
par les Rhétiens 8c par les Euganeens en commun ;
mais Tite-Live, l. V ,c . 35 , fait entendre qu’elle
fut bâtie par une colonie de Gaulois q u i, apres
avoir pafle . les Alpes fous la conduite d’Elitovius,
s’établirent, ubi nunc, d i t - i l , Brixa ac Verona
urbes funt. Tout cela néanmoins peut fe concilier ,
en difant que Vérone doit les commencemens.
aux Rhétiens & aux Euganeens , 8c que les
Gaulois s’étant emparés du Breflan, fe rendirent
enfuite maîtres du Véronèfe. Martial ,
/. X IV > epigr. 2.94 , parle de Vérone comme
d’une ville confidérable :
Tantum magna fuo debet Verona Çatullo,
Quantum parva fuo Mantua Virgilio.
Tacite , qui lui donne la nom de colonie
romaine, fait l’éloge de fa beauté 8c de fon
opulence- Cn. Pompeius Arabo , père du grand
Pompée, avoit été le conduéteur de la colonie, qui
fut rçnonvellée fous Gallien , 8c honorée du titre
de colonia augujla. Un double arc de triomphe,
qui a été autrefois une des portes de la ville ,
conferve l’ infcription fuivante :
Colonia Augufla Verona Nova Gallieniana
Valeriano II. 8 Lucilio Conf.
Mûri Veronenfîum Fabricati ex die III.
Non. April.
Dedicati Pr. Non. Decembris
Jupente SancliJJimo Gallieno. Aug. N.
Vérone fut heureufe fous les empereurs , mais
elle éprouva de triftes malheurs lors de la chûte
de l’empire d’Occident, & elle a louffert depuis
plufieurs révolutions qui l’ont dépouillée de toute
fon ancienne fplendeur.
Elle fut pillée par A ttila , 8c pofledée fuccef-
fivement par Odoacre , roi des Herules, par
Théodoiic , roi des Goths , 8c par fes fuccefleurs
jufqu’à T o t i la p a r les Lombards, par Charlemagne
8c par fia pôftérité -, mais lorfque fes
defcendans perdirent l’empire, il s’éleva plufieurs
feigneurs qui tâchèrent de fie rendre lou-
verains dans plufieurs villes d’Italie. Cela dura jufqu’
à Othon Ier qui réunit à l’empire divers états
qui en avoient été détachés..Verone rentra alors
dans la mafle -, mais elle reçut le pouvoir d’ élire
les magiftrats : de forte qu’elle étoit proprement
une république fous le nom de ville impériale.
Cet état dura jufqu’à ce qu’A&iolin fe fût emparé
de; la puiflance fou ver aine ce qui ne fie
fit qu’avec beaucoup d’eftufion de fang. Il jouit
de la tyrannie 33 ans ’ mourut l’an I2Ô£.
Après cela, les Véronois élurent pour général
Martin de l’Efcale , & fe trouvèrent fi bien de
fa conduite, qu’ ils le créèrent dictateur perpétuel.
r
Ses defcendans commandèrent dans Vérone
avec beaucoup de réputation , & en furent créés
princes par l’empereur, l’an 1310. Ils fe rendirent
formidables pat; leurs conquêtes , 8c furent
chafies de Vérone , l’ an 1387, par Jean Galéas ,
duc de Milan. Ils y rentrèrent l’ an 1404 -, mais
ils ne la gardèrent guère, car les Vénitiens s’en
emparèrent l’an 1409, & la pofsèdent encore.
Cette ville fe glorifie d’avoir produit, fous
l’ancienne Rome , Catulle , Cornélius Nepos ,
Macër, Vitruve 8c Pline le Naturalifte.
Catulle ( Caïus Valerius Catullus) naquit,
l’ an 666 de Rome} & quoique S. Jérôme-Ie fafle
mourir à l’âge de 30 ans , il pouffa fa carrière au
moins 10 ans de plus. Il ne fut pas gratifié des
biens de la fortune -, cependant fon efprit fin &
délicat le fit rechercher de tons les grands de
Rome. Ses ppëfies plaifent par une fimplicité élégante
, 8c par des grâces naïves que la feule
nature donne à fes favoris. Il imagina le vers
hendécalyllabe, qui eft fi propre à traiter les
petits fujets -, mais il en abufia pour y femer des
obfcénités qui révoltent la pudeur. Il devoit
d’ autant mieux s’en abftenir , que c’eft dans la
peinture des ientimens honnêtes que fa mufe
excelle. Il a l’art de nous attendrir , Sc il eft
parvenu à nous faire partager la vive douleur
'qu’il témoigne de la mort de ion frere que
nous n’avons jamais connu. ( épigr. 63y 33, zoa)
Admirateur de Sapho , il tranfporta ou imita
dans fes poéfies plufieurs morceaux de celles de
l’amante de Phaon.
Il favoit bien aufli, quand il le vouloir,
aiguifer des vers fatyriques •, témoin ion épi-
gramme-des deux adultères, qui a pafle jufqu’a
nous.
Nous n’avons pas toutes les oeuvres de Catulle ,
8c entr’autres fon poème dont parle P lin e , liv,
X X V I I I , e. a , for'les'enchantemens pour fe