
Feu M. Schcepflin , hiftorio graphe du roi ,
d:s différentes académies de l’Europe , a donné
une te lle hiftoire de l’Allâce 8c. de fa capitale
en T.751 , in.:folio y fous le titre à’Alfatia il-
lujlràtq } Celtïca , Romana Francica > alnfi, fous
troîsVtats de l’Alfôce, le premier fous les Celtes ,
le fécond fous les Romains, le troifième fous
les. Francs. Nous ne nous occuperons que des
deux derniers- états.
La domination romaine commence fous Céfar ,
48 ans avant J. C. , 8c s’étend jufqu’à Clovis
en 496*. ‘Lorfqu’il établit la puiffance des Francs
en Âllàce , après la bataillé de Tolbiac, on
partageoit l’Alface en fupérieure, qui étoit l’ancien
diftriët des Séquanois 3 & en inférieure qui
appartenojt aux Triboces. Selon Strabon , Au-
gufte ne détacha point les Séquanois , les Rau-
ratiens & les Helvétiens de la Gaule ’Celtique ,
pour les attribuer à la Belgique , comme l’a
cru Plinç. La grande province des Séquanois ,
Maxim a Sequanorum y appartint toujours a la
Celtique ou Lyonnoife , ainfi nommée par Au-
gufle , à ciufe de Lyon qu’il aimoit , & où il
avoît demeuré. Les Triboques, peuples de Germanie',
s’établirent dans l’Alface inférieure durant
la guerre de Céfar 8c de Pompée. Il faut
rapporter l’établiffement de la province appellée
Germanie en deçà du Rhin ( Germania cis-Rhe-
nana ) , à fan 72 6 de Rome , 26 ans avant J. C.
Augufte p a r l à voulut faire voir que les Germains
, qui n’àvoient. plié fous aucun prince ,
étoient devenus fes fujets : il voulut donner cet
éclat à Ion règne.
Stralbourg , Argentoratus, ne fut confidérable
que vers la fin du 4e fiècle : elle avoit alors
l'on comte, 8c étoit" la feule ville des Gaules
où l’oh f-ibriquOit toutes fortes d’armes ;. a Mâcon
on faifoit des flèches , à Autun des cuiraffes,
à Trêves dès boucliers 8c des baliftes : Straf-
bourg étoit un arfenal complet 8c univerfol.
Cette ville , vers l’an 407 , fut ravagée , détruite
même par les Vandales, 8c fes habitans
transportés en Allemagne. Saint Jérôme marque
ce défaftre dans une de (es lettres, écrite vers
l ’an 439 -, le deuxième deftruéteur fut Attila en
451 •, un proprétëur gouvernoit la Lyonnoife 8c
la h au te-Al face qui en failbit partie; là baffe-
Alface étoit du diflriét du gouverneur de la
haute - Germanie , à laquelle elie étoit jointe.
Sous Confeantin ^ on partagea'les provinces en
quatre préfectures , qui le' diVifoiènt en diocèfes.,
8c les dioccfes en plufieurs provinces : ainfi la
Gaule portoit le nom de. dïocefe 3 8c dépendoit
d’un vicaire du préfet , réfident à Trêves*
Avec les. loix romaines , l’Alface reçut la religion
de fes vainqueurs , c’eft-à-dire les. dieux
de toutes les. nations; car Rome étoit le centre
du païythéïfme : les Vofges virent les facri-
£ces de Mitra 8c d’Ifis , on y érigea des autels
de pierre , au fieu de- ceux de gazon, qu’ avaient
connus les anciens ; jpn y adora Hercule , Apollon
,• Venus, Pallas ,. Mercure. Saint Irénée ne
laiffa pas fans inftru&ion les cantons voifins du
Rhin ; il dit même que de fon temps l ’évangile
étoit connu parmi les Celtes 8c les Germains.
Dans les aéles du concile de Cologne, on voit
en 346 le nom d’ un évêque de Stralbourg ; du
temps du concile de Sardique , faint Servais étoit
évêque de Tongres.
Il eft fur que les Francs fe rendirent maîtres
de l’Alface , fous notre grand Clovis : conquête
faite , non immédiatement fur les Romains ,
mais fur les Allemands, qui s’en étoient emparés
dès les premières années du 5e fiècle. Les
Francs font venus d’au - delà de l’Elbe , ils le
font répandus de proche en proche dans la balles
Germanie ; avec le temps ils ont paffé le Rhinr
& fe font emparés des Gaules.
L’Alface fut comprife dans le royaume d’Auf*
trafie, & en 843. elle tomba en partage à Lo-
thaire, empereur 8c roi de Lorraine ; en 870
Louis-le-Germanique en acquit la poffeffion ; &
la réunit à fon royaume de Germanie.
Argentoratus fervoit d’entrepôt à la Gaule &
à la Germanie , diftinguée fur-tout par l’arfenai
qu’on y entretenoit ; les Allemands la ruinèrent
au 4e fiècle ; à la place de ces ruines , ils-
ne bâtirent que des cabanes , étendant ainfi à
la Gaule les ufages de leur nation car il n’y
avoit point de villes au-delà du Rhin ; les Allemands
y vivoient par peuplades , & erroienr
çà & là. Les Francs, maîtres de l’Alface, fondèrent
près à?Argentoratus y Strajburgum , Strasbourg,
bicoque dans fes commenceiuens , mais
au 6S fiècle elle étoit déjà la capitale de l’A lface
: nos rois* y avoient un palais, l’enceinte
étoit fort petite ; mais Clovis. fit la capitale dë;
fon empire, dès l’an 508 , de Paris , renfermée
dans une île de la Seine , qui n’avbit qu’environ
40 arpens dé1 terre.
Nrthard oblèrve que Louis-lë-Germaniqué 8t
Charles-lêyChauve , s’ étant troùvés à Stralbourg.
pour faire une ligue contre Lôthaire , leur frèrè
aîné, y firent des tournois, c’ëft-à dire des courfes,
des.combats de lance : c’ëtoit ën 8'42. (Af. D . M.'j
S t r a s b o u r g , ville de Cari.nthie , dans.
Te cercle d’Autriche, fur la rivière de Gurk
dans fe domaine de Salzhourg. Elle appartient
à l’évêque de Gurk, qui rélide dans le vafre
château qui. efb près de la. ville , fur un ro«her.
haut de 90 toîfes. En 1.767 le roc 8c lë châ-r
teau furent ébranlés, par un tremblement de terre*,
i r y a, une églife collégiale. (P..)
S t r a s b o u r g * , petite ville d’Allemagne, dans,
la marche Uckerane , aux confins, de la Poméranie.,.
fur le bord- dîun petit lac., environ à
trois, lieues au nord de r t fcker£ée. II. y a un
grand nombre de François réfugiés qui y ont
une églife l’on cultive aux environs, beau.-
coup de tabac; & le fol eft d’ un très - bon
produit. ( F )
STRASNITZ , petite ville d’Allemagne , dans
la Moravie, au cercle & à 5 lieues f. de Hra-
difeh , remarquable par fes eaux minérales, bien
plus que pour avoir donné la naiffance à Nicolas
Drabicius, fameux enthoufiafte du 17e fiècle ,
qui par fes vifions & fes prophéties fit beau- j
coup de peine à la maifon d’Autriche. Ses révélations
extravagantes furent .imprimées fous
le titre de lux in tenebris y mais la cour de
Vienne ayant fu qu’ il en étoit l’auteur , chercha
les moyens de le punir; en forte qu’il fut obligé ,
pour éviter fa perte, de fe fauver en Turquie,
où il mourut. Je ne crois pas que Ragqtski-ait j
ajouté la moindre, foi. aux prophéties;. de. Drà-j j
bicius ; mais il a pu croire que c’ étoit une-,puii- 1
faute machine pour amener de grandes révolu-j J
lions fur la fcèlie, que- d’y préparer les peuples, j par des vifions publiées avec enthoiifiafme. (jR.)
:. S t r a s n i t z , bourg de Bohème, au cercle de j
Racownitz. Il appartient au prince de Furfeem- |
berg. • (I?.) - ;
. , STRASSBOUR.G, en polonois Brodmt\a,y ville-
de Prufle.j dans le territoire de Culm. Elle efi; ;
bien fortifiée, & a un château for la rivière de i
Drebnitz. Il y a dans, cet,te ville uné églife lu- !
thérienne. (J2.)
S T R A S W ï T Z . Voye’{ S t r a s n i t z .
STR ATF ORD , ou S t r e -t f o r d , bourg à- i
marché d’Angleterre, dans Warvick-shire, for
l’Avpn, qu’on y pafle fur un fort beau pont de j
pierre de taille de.-quatorze arches, conflmit
aux dépens dé Hugues Gloptôn, màire de Londres, [
qui voulut Jaiffer à fa. patrie ce monument de |
fon afFeclion. Il n’y a pas long - temps qu’on f
montroit encore dans -ce .bourg, la maifon où
Sh.aîcefpeareï (•Guillaume ), étoit mort en 1626 ;.
©n la regar,doit même cofhme une curiofité du
pays .,; dont les habitans regrettpîent la deftruc-
tion , tarit ils font jafoux de 1$; gloire de la
naifiance de.ee génie fublime ,;Run des plus grands ;
qu’on eo.niioifie dans la poélïe dramatique.
Il vit le jour à; Seratfprd èn T.5,64, ion père !
qui étoit un gros marchand de laine , ayant dix
pnfans -, dont Shakefpeare étoit l’aîné, ne put
lui donner d’autre.éducationi, ,que- de..le mettre
pendant quelque temps dans une; éçole publique,
pour: qu’il foivît ; erifoite fon commerce. Il le.
maria à l’râge de_dix-fe.pt ans> avec ,1a fiîie d’ un
ifche payfâh, qui faifoit valoir fon bien dans le
voifinage de Stratford. Shakefpeare. jeune , 8c
abandonné à lui-même, vit des libertins, vint I
à Londres , 8c fit connoifiance avec des comédiens.
Il entra dans la troupe, & s’y ; difti-ng.ua
par fon génie tourné naturellement au théâtre,
fmon comme grand aâ eur, du moins- comme
excellent auteur. Ce feroit un plaifir pour un
homme curieux des anecdotes du théâtre an-,
glois j de fayoir quelle a . été., la. première^ pièce
de cet auteur; mais c’efl: ce qu’on ignore. On
ne fait pas non plus le temps précis où. il quitta
le théâtre pour vivre tranquülemeft® y on fait
feulement que ce ne fut qu’après l’année 1610.
Plufieurs de fes pièces furfent représentées devant
la reine Elifabeth , qui ne manqua pas de
donner au poëte des marques de fa faveur. C’ell
évidemment cette princeffe qu’il ■ a eu en vue
dans fon Songe d’été y quand il dit : « une belle
» veftale'; couronnée dans l’occident » ; 8c tout
cet endroit eft un compliment joliment amené,
& adroitement appliqué à la reine. L’admirable
cara&ère de Falftaffe dans la pièce de Henri IV
lui plût fi fort", qu’elle dit à Shakefpeare de le
faire paroître amoureux dans une autre pièce ;
& ce- fiit-là ce qui produifit les commères de
JVindfor, pièce qui prouve que la reine fut bien
obéie.,
Mais Shakefpeare reçut des marques extraordinaires
d’afïeélion du comte de Southampton,
fameux dans l’hiftoire de ce témps-là, par fon
gmitié pour le comte d’Eflex. Ce feigneur lui
fit à une feule fois un préfent de mille livres
fterling , pour l’aider dans une acquifition qu’il
fouhaitoit de faire. Il pafla les dernières
années de fa vie dans l’ aifance 8c dans le commerce
de fés amis. Son efprit & fon bon caractère
lui valurent la recherche 8c l’amitié de
la-noblelTe, & des gentilshommes du voifinage.
. jShakefpeare. mourut dans la cinquante - troi-
fième année de fon âge, 8c laiffa très-peu d’écrits ,
mais ceux .qu’il, publia pendantfa vie ont im-
mortalifé fa gloire. Ses, ouvrages dramatiques
parurent pour la première - fois tous enfemble ,
à Londres en 162,3 , in - fo l. 8c depuis rtief-
fieurs Rowe,. Pope 8c Théobald en ont publié
d e . nouvelles éditions. J’ignore fi celle que
M. Warburton avoit projettée -,. a eu lieu. Il
devoit y donner dans un; difeours préliipinaire y
outre le caraâère de Shakefpeare & de lès écrits %
les règles qu’il a obfervées- pour, corriger fou
auteur, avec un ample gloffaire , non de termes
d’art, ni de vieux mots, mais des termes auxquels
le poëte a donné un fens particulier de
là propre autorité, & qui faute d’être entendus,
répandent une grande obfcurité dans lès pièces*
A l’égard de Ion génie , tout le monde convient
qu’il l^avôit très-»beau , & qu’il devoit
principalement à lui-même ce qu’il étoit. On.
peut comparer Shakefpeare, lèlon Adiffon, à la.
pierre enchaffée dans l’anneau de Pyrrhus, qui.
repréfentoit la figure d’Apollon- avec les neuf
^mules dans*, es veines , que la nature y avoit
tracées ejle-même ,. fans aucun fecours de l’art*
Shakefpeare eft de tous ,les auteurs ,. le plus orii
ginal , & qui,ne doit rjten à l’imitation des anciens
; ;il n’eut ni modelés, ni rivaux, les deux
fources. de l’émulation, les, deux principaux aiguillons
du génie. Il eft un exemple bien remarquable
.de ces forfes de grands- génies:j, qui