
prétentions fur les provinces de Gueldre 8c de
Zutphen. C’ eft aufli dans cette même place
qu’on fit le premier elTai des bombes j expérience
fatale qui depuis a été fi funefte à une infinité
de belles villes. Il y a encore, un autre évé-
nement digne de remarque par rapport à Venlo ;
c’eft que les Efpagnols, dans le deffein de détruire
le commerce que les Hollandois entre-
tenoient avec l’Allemagne par le Rhin, entreprirent
en 162.7 de faire un canal pour détourner
ce fleuve, & le joindre à la Meufe. Le canal
commençoit au-deffous de Rheinberg, paffoit à
l’abbaye de Campen à Gueldre -, puis, après
avoir coupé la petite rivière de Niers, il devoit
fe rendre dans la Meufe à Venlo. Il auroit eu
18 lieues d’étendue , 8c on l’avoit déjà appellé
le nouveau Rhin, ou la FoJJè eugénienne, du nom
de l’ infante Ifabelle Eugénie, &c. On commença
d’y travailler le 2,1 Septembre *, mais cet ouvrage
fut abandonné la même année , ou parce que
l’Efpagne ne jugea pas à propos de continuer
la dépenfe, ou parce qu’elle prévit que ce canal
n’auroit pas l’effet qu’elle attendoit.
Venlo étoit autrefois une ville anféatique ;
mais ayant pris parti contre Charles-Quint, il
la réduifit en 1543. Les confédérés la prirent
fur l’Efpagne en 1568. Le duc de Parme la
reprit en 1586. Le prince Maurice fut contraint
d’en lever le fiége en 1606 , mais le prince
d’Orange la prit ea 1632. Le cardinal Infant
l’ayant reprife en 16 37, elle refta au pouvoir de
l ’Efpagne, jufqu’en 1702. que l’armée des alliés
la prit pour les Etats-Généraux-, 8c finalement,
par le traité de Barrière, l’empereur la leur a
cédée en toute fouveraineté 8c propriété.
Je çonnois deux favans célèbres dont Venlo
eft la patrie, Goltzius 8c Puteanus.
Goltzius ( Hubert ) naquit dans cette ville
en 152.6 , & mourut à Bruges, en 1583, à 57 ans.
C ’eft un excellent antiquaire qui voyagea dans
toute l’Europe pour.chercher les preuves de l ’hif-
toire par les médailles -, & par-tout fon mérite
lui ouvrit les cabinets des curieux. Il n’étoit pas
feulement antiquaire , mais defllnateur , peintre
& graveur. Comme il craignoit qu’on ne laiffât
gliftèr dans fes ouvrages des fautes qu’on eût pu
lui imputer, il établit dans fa maifon une imprimerie
, dans laquelle il faifoit imprimer fes
livres, les corrigeant lui-même avec beaucoup
de foin. Il a publié fur les médailles deux livres
précieux : i ° , Sicilia & magna Gracia Numif-
tïiata. : %°. Thefaurus rei anti quaria. On l’avoit
foupçonné d’en avoir impofé au public fur placeurs
médailles -, mais M. Vaillant a pris fa dé-
fenfe, & lui a rendu la juftjtfe qu’il méritoit,
après un examen des plus approfondis,
Outre les deux ouvrages dont nous venons de
parler , on a encore de Goltzius d’autres bons
Jivres fur l’hiftpire romaine, & en particulier,
Vï(a & res pfloe Augujli, Antverpioe 2 £44,
avec des commentaires de Nonnnzs ; z°. Impé~
ratorum imagines à C. Julio Cafare ad Cdrolum
Qiùntum , ex vetcribus numifmatibus y 3°. Fafii
Tnagijlratuum & triumphorum •• Ronianorum s ab
urbe condita ufque ad Augufii obitum.
Puteanus (Erycius) naquit à Venlo en 15 7 4 ,
paffa en Italie l’an 15 9 7 , & fut nommé pro-
feffeur en éloquence à Milan , l’an 1601. La
ville de Rome l’ agrégea en 1603 , au nombre
de fes citoyens 8c de fes patriciens. Il fe rendit
a Louvain l’an 1606, pour y fuccéder à la chaire
que Jufte-Lipfe avoit occupée avec tant de gloire.
Il s’acquit beaucoup de confidération dans les
Pays-Bas, 8c y pofféda le titre d’hiftoriographe
du roi d’Efpagne , & celui de confeiller de l’ archiduc
Albert. Il mourut l’an 1646 , âgé de j z
ans.
Ç’étoit un homme d’érudition, 8c qui entre-
tenoit un prodigieux commerce de lettres.
Elles ont été recueillies avec fes autres oeuvres ,
& imprimées à Louvain en i66z , en 5 tomes
in-8°. Son Statera belli & pacis fit beaucoup de
bruit & penfa le ruiner. L’ auteur confeilloit la
paix , 8c faifoit voir que la continuation de la
guerre nuiroit infiniment aux Efpagnols.
I l s’expliqua nettement fur les avantages que
les ennemis avoient déjà remportés, & fur ies
viâoires qu’ils pouvoient attendre. C’étoit un.
livre d’un tout autre tour que celui de ceux qui f
pour animer leiir- nation a continuer la guerre ,
lui étalent mille deferiptions artificieufes de fes
forces , & de la foibleffe de l’ennemi.
L’événement juftifia que Puteanus ne fe trom-
pôit pas , car fi l’Efpagne avoit con.clu la paix
avec les Provinces - Unies, l ’an 1633 , elle 1e
feroit épargné bien des dépenfes, des malheurs
& des pertes. Je conviendrois cependant que
l’hiftoriographe du prince ne médita pas. affez
dans cette occafion fur les belles paroles de
Sallufte , qu’il mit au commencement de fon
livre , & qui lui montroit fagement les raifons
pour lefquelles il eft dangereux de donner confeij
aux rois. Sçio ego , dit l’hiftorien romain , quant
difficile atque afperum faclu f it , çonfiLium dare
régi , aut imperatori,y pofiremo cuiquam mortali 9
cujus opes in excelfo funt : quippe ciim & illis
confultorum 'copie? adfint y neque de futuro quif quant
fafis çallidus y fatifque prudens Jit. (Ri)
VEN OSA , en latin Venujia , ville d’Italie ,
au royaume de Naples , dans la Bafilicate, fur
une petite rivière, au pied de l’Apennin, avec
un évêché fuffragant d’Acerenza. Elle a titre de
principauté. Long. 33 y z8 y lat. 40,46'.
Cette ville eft fituée dans une plaine fertile ,
au pied de l’Apennin , à 5 li. nf o. d’Açerenza,
& 32 n. e. de Naples. ~
Luça ( Jean-Baptifte ) , qui devint cardinal ,
étoit né a Venofa de parens obfeurs , 8c mourut
en 1683, âgé de 66 ans. Il a mis au jour une
relation de la cour de Rome , relatio curia ro- |
mana, où il traite amplement de toutes les
congrégations, tribunaux & autres jurifdiéiions
de cette cour : mais cette ville a un tout autre
titre à la célébrité, pour avoir été le berceau du
poète Horace'. (Ri)
V EN P I , nom d’une montagne de la Chine,
fituée dans la province de Quey-Chen, au midi
de la capitale appellée Quey yang fu . Elle, a ,
dit-on, exactement la forme d’un cône îfoeèle.
VENTADOUR, ancien château fort de France,
dans le Limofin, chef-lieu d’une feigneurie érigée
en duché-pairie en 1589* en faveur de Gilbert de
Levis , troifièmedu nom. Ce duché eft éteint. (R»)
VENTOTIENE , petite île de la mer de Tof-
cane', en deçà de Terracine , 8c à côté de l’île
Ponza. C’ eft la Pandataria des anciens. (R .)
V EN T ZA , bourgade de l’Albanie , fur lé bord
méridional du golfe de Larta , vis - à - vis de la
Prévefa. C’e ft, félon Sophien, l’ancienne Anac- ;
torium. (Ri)
VENZONE ,- petite ville d’Italie , dans le ;
F r iou l, au pays de la Carnia, fur la rive gauche
du Tagliamento, proche fon confluent avec la
Fella. (R.)
V E R A , ville maritime d’Efpagne, au royaume
de Grenade , proche la rivière de Guadalmançar,
vers les confins du royaume de Murcie. Quelques
uns la prennent pour la Virgi des anciens.
Son évêque eft fuffragant de Grenade, & elle
eft à 14 li. n. e. d’Almerie , & n f. o. de
Carthagène. Long. 1 6 , ab y lat. 3 6 , 40. (R.)
V er a ( l a ) , rivière des états du Turc, en
Europe., Elle prend fa fource vers les confins de
la Bulgarie, 8c 1e décharge dans le golfe de
Salonique. Cette rivière que M. Delifle nomme
Calicoy 8c qu’on appelle auili Veratajfer > eft prife
pour le Chidorus des anciens. (Ri)
VERA-CRUZ, ou V era-Crux ( la Vieille ) ,
ville de l’Amérique feptentrionale, dans le
Mexique , fur le golfe de ce nom, dans la province
de Tlafcala. Elle eft petite , pauvre &
habitée par peu d’Efpagnols, qui^our la plûpart,
font mariniers ou faveurs. Toutes les flottes qui
arrivoient d’Europe au Mexique , mouilloient
dans ce port -, 8c dès que les flottes étoient
parties , tous les _ blancs fe retiroient dans les
terres à caufe du mauvais air qu’on refpire dans
cette ville ; mais depuis long-temps les Efpagnols
ont abandonné cette ville & fe font établis
à Saint-Jean-d’Ulva, qui eft une petite île
près du continent, avec un fort.
Les flibuftiers François pillèrent laVera-Cruz j
en 1683 -, & après avoir embarqué ce qu’elle
avoit de plus riche , ils fe firent payer une rançon
de cinq millions de livres. Elle éprouva en 1742
. un tremblement de terre qui abattit une partie
des murs. Long. ,276 , 45 ; lat. 1$ , zo.
Cette v ille , qui fêrvit d’ abord d’entrepôt ,
avoir été fondée par Cortez fur la plage où il
aborda. Elle eft placée fur le s-bords d’une rivière
qui manque d’eau une partie de l ’année, mais
q u i, dans la faifon, des pluies , peut recevoir
les plus grands vaiffeaux. Le danger auquel on
étoit expofé dans une pofition où rien ne défen-
doit de la violence des vents', fi communs dans
ces parages, fit chercher un abri plus sûr , &
on le trouva 18 milles plus bas fur la même
côte , où Ton bâtit la nouvelle Vera-Cruz. (R.)
V era-Cr u z , ouV era-C rux ( la nouvelle) ,
ville du Mexique, fur le golfe de même nom ,
dans la province de Tlafcala, à 72 li. de Mexico.
La chaleur y eft exceffive , 8c elle eft expofée à
de fréquens orages. Des fables arides la bornent
au nord, & des marais infeéts à l ’oueft. Toutes
les maifons y font en bois. Elle n’ a pour habitans
qu’une garnifon médiocre , quelques agens du
gouvernement, les navigateurs arrivés d’Europe ,
8c ce qu’il faut de commifîionnaires pour recevoir
& pour expédier les cargaifons. Son port eft formé
par la petite île de Saint-Jean-d’Ulva. Il a Mn-
convénient de ne pouvoir contenir que 30 ou
35 bâtimens, encore ne les met-il pas entièrement
à l’abri des vents du nord. On n’y entre
que par deux canaux fi refferrés , qu’il n’y peut
paffer à la fois qu’un navire. Les approches même
en l’ont rendues extrêmement dangerepfes par
un grand nombre de rochers à fleur d’eau. Des
corfaires audacieux liirprirent la place en 1712 >
& pour fe garantir de pareils défaftres, on conf-
truifit fur le rivage des tours où Ton place des
fentinelles.
C’eft dans cette mauvaife rade, la feule à peu
près qui foit dans le golfe qu’arrivent les objets
deftinés pour l’approvifionnement du Mexique
8c celui des Philippines, expédiés de Cadix en
flotte , tous les deux, trois ou quatre ans : ce
font communément douze à quatorze gros bâtimens
marchands efeortés par deux vaiffeaux de
lign e , ou un plus grand nombre fi les circonf-
tances le demandent •, leur chargement entier eft
porté à dos de mulet à Xalapa, (Ri)
V E R A -P A Z , ou V e r a - P a x , province de
l’Amérique feptentrionale , dans le Mexiqué.
Elle eft bornée au nord par l’Yucatam, au midi
par la province de Soconufco , au levant par
celle de Honduras, 8c au couchant par celle de
Chiapa. Elle a environ 30 lieues de longueur 8c de
largeur. C’eft un pays affreux par fes hautes montagnes
, par fes profondes vallées, par fes précipices
8c par fes épaiffes forêts. Il eft coupé de
quantité de rivières. Les Efpagnols n’y ont que
des bourgades , où ils font entremêlés avec les
fauvages.
Cette province a perdu toute fon importance
depuis qu’elle ne fournit plus au Mexique ces
plumages éclatans dont on compofoit des tableaux
long-temps vantés, dont le goût..& la mode ont
paffé. (Ri)