
condition qu'celle conferveroit tous Tes privilèges ,
& qu’ en outre elle auroit droit de battre, en Ton
propre nom , de la monnoie d’argent *, que les
(échevins feroient réputés nobles ; que le maire
refteroit gouverneur de la ville , & qu’ enfin la
charge feule ennobliroit fa famille.
Le calvinifme s’y introduifit en 15 5 7 , & Ie
prince de Condé eu t, pour ainli dire , la gloire
d’y régner. Le brave Lanoue la défendit en 1574
' contre Henri, duc d’Anjou, frère de Charles IX ,
& obligea ce prince d’en lever le fiége. Les Pro-
teftans y tinrent depuis la plupart de leurs fy-
nodes , & fon commerce floriffant tous les jours
davantage , la rendit puiffante jufqu’aux temps
du cardinal de Richelieu ; qui réfolut de fou-
mettre cette ville à l’autorité royale , de calfer
Les privilèges , & d’y détruire le calvinifme.
Il engagea Louis XIII à cette expédition. Ce
prince, pour commencer à brider les Roehelois,
fit conftruire le Fort-Louis, enfuite il afliégea
la ville en 1 , & s’en rendit le maître, l’année
fuivante , apres treize mois- d’un fiége des plus
mémorables , pendant lequel les habitans fouf-
frirent avec courage une des plus horribles famines
dont l’hjftoire faffe mention. De 15000
perfonnes qui le trouvoient dans çette ville ,
quatre mille feulement furvéçurent à cet affreux
défaftre.
Enfin la réduéUon de çette ville fut due à
l’ invention d’ une digue de 747 toiles, imaginée
par Clément Metezeau , de Dreux, & que le
cardinal de Richelieu fit exécuter pour empêcher
les -Anglois de feçourir la place.
Louis XIII étant entré dans la Rochelle le
jour de la Touffaint *62.8, priva les Roehelois
de tous leurs privilèges, fit abattre leurs belles
fortifications nomma de nouveaux magistrats
, & un plus grand nombre de prêtres catholiques
qu’il n’y en avoit avant l’introduâion
du calvinifme.
Louis XIV fortifia cette ville de nouveaux
ouvrages qu’imagina & qu’exécuta le maréchal
de Vauban. Il fit la Rochelle chef d’une généralité
, 8c le fiége d’une intendance pour la province
d’Aunis. Il y créa aulli un bureau des
finances , une chambre du domaine , une élection
y 8c y laiffa fubfifter Phôtel des monnoies.
Le prélidial y avoft été établi dès l’an 1551.
Les Jéfuites y avoient obtenu le collège. Le
fiége épifçopal de Majllezais , fut transféré en
Cette ville en 1 66 5 • Les bulles de tranflâtion
.en avoient été expédiées dès l’ an 1648. Pour
acçroitre le dioçèfe , on y joignit le pays d’Aunis
,8c l’île de R é , "que l’ on démembra de l’.évêçhé
de Saintes.
Les rues de -la Rochelle font en général allez
droites, & la plupart des maifons fouteijues en
devant par des arcades qui y forment des efpèces
de portiques, mais trop bas. Cinq portes donnent
accès dans la ville. Son port, de forme prefque
ronde , eft un des plus commodes He l’Océan;
Deux grolfes tours en défendent l’entrée. La mer
y a reflux de plus de quatre toifes , & tous
les vaiffeaux , excepté ceux de haut-bord, y
entrent, mais le baflin en eft trop relferré.
On s’occupe depuis plufieurs années d’ouvrages
importans qui confiftent dans un baflin de ca-
renage , une éclufe deftinée à nettoyer les vafes
qui s’accumuloient dans le port, & des levées
qui prolongeront le chenal, jufqu’à la digue de
Richelieu. Cette digue ouverte dans la largeur
de l’entrée du p o r t, laiffera un paffage aux navires
qui pourront arriver avec leur chargement
jufqu’au quai. Ainli ce port préfentera dans quelques
années l’avantage de faire pour les colonies
de l’Amérique feptentrionale , directement toutes
les expéditions maritimes, fans que "les bâtimens
foient fujets à aucune relâche , ni qu’ ils foient
obligés d’attendre dans la rade que leur chargement
foit complet. Les relations particulières des
négociais Roehelois avec l’Amérique feptentrionale
, préfentent l’efpérance de relations de commerce
importantes pour le royaume , 8c rendent
plus intéreffans encore les ouvrages qui ont pour
objet J’agrandilfement & la fureté du port.
Cette ville eft le fiége d’un gouvernement
général, celui d’une intendance, comme nous
l’avons remarqué , & il s’y trouve une amirauté.,
& une chambre de commerce établie en 1705?.
L’air n’y eft pas fort fain à caufe des marais
falans du voifinage. On y remarque la place
<^,ar^ne5 » dite autrefois la place du Château.
L’hôtel-de-ville, d’architecture gothique, n’ efl:pas
fans mérite. L’évêque fulfragânt de Bordeaux a
jo8 paroiflês dans fon diocèfë.
Avant la perte du Canada, le principal commerce
de la Rochelle écoit celui des pelleteries.
Après cet événement, qui a été funefte à cette
place, le génie des habitans toujours induftrieux
8c fertile en relfources pour le commerce, a
cherché d’autres débouchés. La Rochelle fait Ja
traite des Negres , elle faijc beaucoup d*affaires
£vec les îles de l’Amérique, & elle a quelques
rafineries de fupre , mais langujffantes , & qui
dépérilfent de jour en jour. Les Suédois , les
Danois , les Hambourgeois , les Anglois & les
Hollandois y ..envoient chaque année plufieurs
vaiffeaux pour y charger des vins , des eaux-
de-vie, des toiles , du Jèl, des ferges, du papier.
On a établi à Ja Rochelle un collège de médecine
affilié à la fociété royale de médecine de
Paris, mais qui n’efl: pas en réputation. Cette
ville a produit quelques hojnmes connus dans
les lettres ; je citerai :
Imbert^ (Jean) , jurifconfiilte du feizième
fièçle , ne a la Rochelle , qui s’eft fait connoître
par deux ouvrages de droit : 10 Etichiridion juris
Jcripti Gallice , que Theveneau a traduit en fran-
çois : Infiitutiones forenfes , ou Pratique du
barreau ? en latin & en françois.
François Tallemantf l’aîné , abbé du Val-Chre-
tien , étoit né dans cette ville. Il traduifit avec
fuccès l’hiftoire de Venife du procurateur Nani;
mais il ne confulta pas affez les forces en mettant
au jour la traduction des vies de Plutarque;
cette traduétion fut promptement méprifée de
tous les connoiffeurs. Il mourut en 1693>
de 73 ans.
Colomiés (Paul) , favant écrivain proteftant,
naquit à la Rochelle dans le dernier fiècle; mais
il le retira en Angleterre avant d’effuyer les
rudes coups de la tempête, qui a englouti l’ édit
de Nantes. Il témoigna bientôt, étant à Londres,
la préférence qu’il donnoit à la communion épif-
copale fur le presbytérianifme, comme il paroît
par fon livre intitulé Theologorum prejbyteria-
riorum Icon. Il n’a pas ceffé depuis de travailler
fur differens fujets. Il efl: mort à Londres en i 6$a.
Tous fes ouvrages font utiles 8c agréables aux
curieux de l ’h îftoire, parce qu’ils y trouvent
beaucoup de chofes à apprendre ; aulli font - ils
plus recherchés dans les pays étrangers que dans
ce royaume. Les principaux font r<>. Gallia orien-
talis y qui a été réimprimé à Hambourg en 1700,
avec d’autres opufcules de l’auteur, qui avoient
paru à Paris en 1668 : 20. Italia & Hifpania
erientalis : 30* Objerva.tto.nes f acres : 40. Mélanges
hijloriques : 50• Bibliothèque choijîe , dont
la meilleure édition a été faite à Paris en 1731 ,
avec des notes de M. de la Monnoie. Le pere
Niceron vous indiquera les autres* ouvrages de
M. Colomiés , dans fes Mémoires des hommes
illujlres, tom. V I , p, 196. Bayle a fait aulli
l ’article de ce favant.
Olivier (François)/vit aulli le jour en cette
ville , fur laquelle ceux qui délireront de plus
grands détails, confulteront l’ouvrage du P. Ar-
J'ere, f/2-40. ; 8c celui de M. Galland fur VOrigine
3 Pétat ancien & VaccroiJJement de la
Rochelle* (R.)
ROCHES ( les ) , abbaye d’hommes, dioc.
d’Auxerre, à une lieue de Cofne , ordre de
Citeaux.
ROCHESERVIERE ( l a ) , bourg de France,
en Poitou, éle£L de Mauléon, à 5 li. e. de
Machechou.
ROCHESTER-Ucr^ojsjîEFT-y, ville d’Angleterre,
dans.la province de Ken t, furie Medway,
qu’on y palïe fur un des beaux ponts. d’Angle^
terre , à 27 • milles au fud-eft de Londres. Elle'
eft fort ancienne , a titre de comté , & un
évêché d’ un revenu fort modique. Elle envoie
deux députés au parlement. Long, fuivant Caf-
fin i, 16 y zi) ; lat. 5.0,, 22 & fuivant Street,.
27 j S S'; lat. fii , x6.- '
ROCHLITZ, ville d’Allemagne, dans la Saxe ,
au cercle de Leipfick, fur la Muldaw , qu’on,
y paffe fîir un pont. ; elle eft munie d’un château
, 8c a des mines, de cuivre dans Ion voifi—
C-’é fl une ville ancienne , qui fut brûlée^
du temps de l’empereui* Henri I I , 8c elle avoir
alors pour lèigneurs des comtes^qui en portoient
le nom. Jean F'réderic, électeur de Saxe, l’enleva
, en 1.^547 , au duc A lb e r t, margrave de
Brandebourg -, mais le duc Maurice la reprit fur
l’éleéteur, & elle eft reliée à fa poftérité. Cette
ville eft le fiége d’une furintendance , dont le
diftriél s’ étend fur trois villes , & fon bailliage
eft compofé de 130 villages. On y manufaélure
beaucoup de toiles & de draps. (R.)
ROCKENHAUSEN , petite ville d’Allemagne y
dans le bas-Palatinat. Elle eft fituée entre les
châteaux de Reipolzltirch 8c de Falckenftein.
ROCKIZAU , ville royale de Bohême , à 3
milles au levant de Pilfen , fur les confins du
cercle de Podebroc. Le fameux Ziicka la prit,.,
8c la brûla en 1421.
ROCOUX , village des Pays - Bas, près de
Liège y remarquable par la bataille que les François
y gagnèrent le 11 oélobre 1746.
ROCROY, ville de France , dans la Champagne
, au Rhételois , à deux lieues 8c demie de
la Meufe , fur les confins du Hainaut, à 12 li.
au nord de Rhetel, dans une plaine environnée
de forêts. Elle eft fortifiée de cinq baftions ,
8c a un état major : ce fut dans cette plaine
que le prince de Condé, alors duc. d’Enguien y
8c âgé de 22 ans ,x gagna le 19 mars 1643 fur
les Espagnols , urie.fameufe bataille fort chantée
par tous nos poètes. Long. 2 2 , z z , lat~
4-9 > 55 y 3 G* ’ R O D A , petite ville d’Efpagne, dans la Catalogne
, fur le T e ch , à 2 IL de Vich , du côté
du nord. On croit que c’eft l’ancrénne Boeculaz
de Polybe, X I 9 19 y p. 890 j 8c de Tite-Live
liv. X X V I I I y ch,: Z3. Roda , petite ville d’Allemagne , avec un bailliage
dans la principauté d’Altenbourg, à 2 li..
fl e. d’Yenne.
Il y a aufii un bailliage de ce nom en Thu—
ringe , à 3 lk f. de Mansfeld , qui- appartient
à la maifon éleét. de Saxe.
RODACH , petite ville de Franconie, dans;
la principauté, 8c à ô li. n. o. de Cobourg.
RO DA S , fbrtereffe des. Indes , au royaume*
de Bengale, fur une montagne a 82 li; d’Agra r-
c’eft une des- fortes places de l’A fie , qui appartient
aujourd’hui au grand Mogol. Long, zox y
AO j lilt. Af y aa.-.
- RODE, petite ville d’Italie,. au coyaume de*
Naples. Voyei Rodia.
RO D E M A CH ER E N ,. Rodem-achern ÿ
Roden - Machern , ou, Rodemarck , ville*
dès Pays-Bas-, dans le duché de Luxembourgv
près de la Mofelle , avec un fors château que
les François , fous les- ordres- du duc de Guifè v
pillèrent en 1639 :: elle dépend du margrave d e
Bade , avec- les; feigneuries» d’Herfperange* Sfc
d’Ulfelding.^ l’empereur Maximilieji-i ayant fais: