
héros de fes foldats. Il ordonna la- peîrië de
mort, contre ceux qui dans le combat, appelles
au fecours de leurs camarades, fuiroient au lieu
oe les défendre. En même temps il mit en oeuvre
î1»ï-a^°rt ^u,° n a vu quelquefois employé dans 1 hiltoire. Un prophète prédit à Genghis - Kan,
qu’il feroit roi de l’univers, & les vaffaux du
grand Kan l’encouragèrent à remplir la prédic
tion. Bientôt maître dé tous les pays qui font
entre le Wolga & la muraille de la Chine , il
attaqua cet ancien empire qu’on appelloit alors
le Catai, prit Cambalu, que nous nommons aujourd’hui
Peking, fournit tou t, jufqu’au fond
de la Corée, & prouva qu’ il n’y a point de
grand conquérant qui ne foit grand politique.
Un conquérant eft un homme dont la tête fe
le r t, avec une habileté heureufe, du bras d’autrui;
Genghis - Kan gouvemoit fi adroitement la partie
de la Chine qu’ il avoit conquile, qu’elle
ne le révolta point pendant qu’il couroit à
d autres triomphes; & il fut fi bien régner
dans fa famille, que fes quatre fils ,-qu’il fit
les quatre lieutenans - généraux, mirent leur
jalouhe a le bien, fervir, & furent les inftru-
mens de les viéloires..
Mohammed Kotbeddin Kouarefin - Schah
maître de Turfeeftan & de prefque toute là
erle, marcha contre Genghis-Kan, avec quatre
cents mille combattans. Ce fut au - delà du
, “ xartes> Près de la ville Otrar, capi-
ta . f,'1 ^ ur^e^an » & dans les plaines immeniês
qui lont par.- delà cette v ille , au 42e degré
de latitude, que l’armee de Mohammed rencontra
l’armée -Tartare, forte de lept cent mille
hommes, commandée par Genghis -Kan, &
par fes quatre fils : les mahométans furent taillés
en pièces, & la ville d’Otrar fut prife.
De ces pays qui font vers la Tranfoxane le
vainqueur s’avance àBokharah, capitale des états
de Mohammed, ville célèbre dans toute l’Afie,
& qu’ il avoit enlevée aux Samanides, ainfi que
Samarcande, l’an de ). C. 11-57. Genghis-Kan
3 en rendit maître l’an 12.20 de J. C. Par cette
nouvelle conquête, les contrées à l’orient & au
midi de la mer Cafpienne , furent foumifes
oc le fultan Mohammed , fugitif de provinces
en provinces , traînant après lui fes tré-
fors & fon infortune , mourut abandonné des
liens.
Gengis- Kan pénétra jufqu’au. fleuve de l’Inde?
«c tandis qu’une de fes armées- foumettoit ‘ l’Indodan
, une autre., fous un de fes fils , fub-
|ugua toutes les provinces, qui font au midi &
a l’occident de la mer Cafpienne, le Koraffan
PIrak,. le Shirvan & l’Aran , elle paffa les. portes
• ’ ,Pres ^e%uelies la ville de Derbent fut
bâtie, dit - o n ,. par Alexandre. C’eft l’unique
|aiïage de ce côté de la haute-Afié r à. travers
les montagnes ëfcarpées du Caueafe! De-là ,
jnai-chant le long Ær Volga vers M o f c o f , cçtte j
armee par-tout viélorieufe ravagea la Ruffie *
c’étoit prendre ou tuer des beftiaux & des ef-
claves ; chargée de ce butin , elle repaffa Te Vo lga ,
& retourna vers. Genghis-Kan , par le nord-efî
de la mer Cafpienne. Aucun voyageur n’ avoie
rait, d i t - o n , le tour de cette mer; & ces
troupes furent les premières qui entreprirent une
telle courfe par des pays incultes , impraticables
.a d’autres hommes qu’à des Tartares , auxquels
il ne falloir ni provifions ni bagages, & qui
le nourriffoient de la chair de leurs chevaux.
A in fi, dans la ‘ moitié de la Chine, & la
moitié^ de l’ Indouftan, prefque toute- la Perfe
jufqu’a l’Euphrate, les frontières de la Rufiie,
Calan , Aftracan, toute la-grande Tartarie, furent
fubjugues par Genghis - K a n ,. en près de
dix - huit années. En revenant des Indes par
la Perfe ^ & par l’ancienne Sogdiane , il s’arrêta
dans la ville de Toncat, au nord-eft du fleuve
Jaxarte, comme au centre de fon vafte empire.
Ses fils victorieux, les généraux , & tous les
princes tributaires, lui apportèrent les tréfors
de l’Afie. Il en fit des largeffes à fes foldats ,,
qui ne connurent que par lui, cette efpèce d’abondance.
C’eft de-là que les Ruffés trouvent four,
vent des ornemens d’argent & d*or, & des ma-
numens de luxe enterrés dans les pays fauvages
de la Tartarie. C’eft tout ce qui refte de tant
de déprédations;
Genghis-Kan tint dans les plaines de Toncat
une cour triomphale,. aulîi -magnifique qu’ av.oio
été guerrière celle qui autrefois lui prépara tant
de triomphes. On y vit un mélange de barbarie
tartare, & de luxe afiatique '. tous les K ans &
leurs vaffaux , compagnons de fes victoires y
étaient fur ces anciens chariots fcythes , dont
l’uiàge lubfifte encore jufque chez les Tartares
de la Crimée ; mais les. chars etoient couverts
des étoffés précieiifes, de l’or, & des pierreries
de tant de peuples vaincus. Un des fils de Gen-
ghis-Kan lui fit dans cette diète un préfènt de
cent mille chevaux. Ce fut ici qu’il reçut les
adorations de plus de cinq cents ambaffadeurs
dés pays conquis.
De-la r il courut à. Tan gu t r royaume d’Afie-,
dans, la Tartarie thinoife, pour remettre fous
le joug fes habitans rebelles. Il fe propofoit, âgé
d environ y a. ans, d’achever la conquête du grand
royaume de la Chine , l’objet le plus, chéri de
fon ambition, mais une maladie l’enleva de fon
camp en i 226 , lorfqu’il étoit fur la route de cet
empire , à quelques lieues de la grande muraille.
Jamais-ni avant, ni après lu ia u c u n homme,
n’a fubjugué tant de peuples. I l avoit conquis,
plus de di-x-huk cents liéues. de l’ orient au couchant
, 8c plus de mille du feptentrion au midL
Mais dans les conquêtes , i l ne fit que détruire
; & fi aft excepte Boklrarah > & deux ou
trois autres villes- dont il permit qu’on réparât les
fuînes, fon empire de la frontière de Rufîie juf-
qu’à celle de la Chine, n’offrit que dévaftation.
Si nous longeons que Tamerlan qui fubjugua
depuis une fi grande partie de l’Afie , étoit un j
Tartare , & même de la race de Genghis - Kan ,
fi nous nous rappelions qu’ülfon - Caffam qui régna
en Perfe, étoit auffi né dans la Tartarie ; fi
nous nous fouvenons qu’Attila defcendoit des
mêmes peuples ; enfin, fi nous confidér ons que
les Ottomans font partis du bord oriental de la
mer Cafpienne, , pour mettre fous le joug l’Afie
mineure, l’Arabie, l’Egypte, Conftantinople, &
la Grèce: tout cela nous prouvera que les Tartares
ont conqufs prefque tout l’hémifphèrç
«connu.
Les courfes continuelles de ces peuples barbares
, qui regardoient les villes comme ^ les
prifons des efclaves des rois ; leur vie nécef-
fairement frugale ; peu de repos goûté -en paf-
Sfant fous’ une tente, ou fur un chariot, ou fur
la terre en firent des générations d’hommes ror
fcuftes, endurcis à.la fatigue, qui n’ayant rien à
perdre, & tout à gagner, fe portèrent loin de
leurs cabanes, tantôt vers le Palus Méotide ,
lorfqu’ils chaffèrent au cinquième fiècle les habitans
de ces contrées, qui fe précipitèrent fur l’empire
romain; tantôt à l’orient 8c au midi, vers
l ’Arménie & la Perfe *, tantôt enfin , du côté de
la Chine , 8c jufqu’aux Indes. Ainfi ce vafte ré-
fervoir d’hommes ignorans, forts & belliqueux,
a vomi fes inondations dans prefque toute la
terre alors connue : & les peuples qui habitent
aujourd’hui leurs défèrts , privés de toutes con-
noiffances, lavent feulement que leurs pères ont
ponquis le monde.
Mais depuis que les Tartares de l’ orient ,
ayant fubjugué une fécondé fois la Chine dans le
dernier fiècle , n’ont fait qu’un état de la Chine,
8c de la Tartarie orientale ; depuis que l’empire
ottoman s’eft abâtardi dans la molleffe 8c l’oi-
fiveté ; depuis que l’empire de Rufïïe s’ eft étendu
, fortifié, & civilifé ; depuis enfin que la
terre eft hériffée de remparts bordés d’artillerie,
les grandes émigrations de tels peuples ne font
plus à craindre; les nations polies font à couvert
des irruptions de ces nations barbares. Toute la
Tartarie, excepté la Chine, ne renferme plus que
des hordes miférablës ; qui feroient trop heureu-
fes d’être- conquifes à leur tour, s’ il ne valoit
pas encore mieux"être libre que ciyilifé. Foyeç
l ’Hiftoire des Tartares , de M. de Guignes ,
excellent livre imprimé à Paris en 1 7 5 8 ,5 vol.
i/z-40.. (12.)
TARTARIE, c’eft ce vafte pays que les anciens
appelloient tScythie, & qu’ils connoifloient
peu encore; il comprend une, partie de l’Afie,
en allant vers le nord, depuis les états du turc,
la Perfe , & la Chine , jufqu’à la mer Glaciale,
p n diyife 1a Tartarie en trois grandes parties ;
la Tartarie chinoife , la Tartarie indépendante ;
8c la Tartarie rufie , dont nous parlerons dans
un inftant , à leurs articles refpeétifs.
La Tartarie Crimée, eft l’ancienne Cherfoneie
Taurique , célèbre autrefois par le commerce des
Grecs, & plus encore par leurs fables ; contrée
toujours fertile & barbare ; elle eft nommée Crimée,
du titre des premiers Kans , qui s’appelloient
Crini, avant les conquêtes des enfans de Genghis-
Kan.
La petite Tartarie, eft une province tributaire
de la Turquie , 8c qui eft fituée au nord du
Pont-Euxin ; elle eft habitée par divers Tartares.
On l’a nommée petite Tartarie-, pour la diftin-
guer de la grande Tartarie en A fie , fur laquelle
on peut lire le livre intitulé , Relation de la grands
Tartarie , Jlmjl. 2757, a volumes in~iz.
On- doit à M. Witfen ( Nicolas) , un des habiles
8c des plus illuftres magiftrats de la Hollande
dans le dernier fiècle, une excellente carte
de la Tartarie feptentr. 8c orient. {M . D. M. )
T artarie C hinoise , contrée d’Afie , à
l’orient de la Tartarie indépendante ; la grande
muraille de la Chine la fépare de ce vafte empire.
La partie orientale eft* habitée par les Mant-
clieous ou Nyuches , 8c comprend en outre le
Leaotung. La partie occidentale eft occupée par
les Mongous,Mongols ou Mugales, les uns dit»
Mongous noirs, tributaires de la Chine , les
autres appelles Mongols-Kalkas , ou Mugales
jaunes , qui font feulement fous fa proteâion.
Les Mongous noirs font féparés des jaunes, par
le grand défert de Chamo ou de C o b y , qui a
plus de 300 lieues de long, 8c contigu à quelques
autres qui fe prolongent jufqu’à l’Indof-
• tan. Ce défert, au refte, préfente par intervalle
quelques pâturages 5 8c même des villes. Voye/
T artares. (R.)
T artarie indépendante , contrée d’Afie 9
qui s’étend plus au midi que la précédente, 8c
fort loin vers l’occident. Elle eft bornée au nord
par la Ruffie Afiatique , ou Tartarie Ruffienne ,
au midi par les Indes 8c la Perfe , à l’occidene
par la mer Noire. La partie orientale de là
Tartarie indépendante , contient du levant au
couchant, les états de Contaifch, ou grand kan
des Eluths ou Calmoucks ; le Tibet, le Turkeftan,
8c le pays des Ulbecks. La partie occidentale,
beaucoup moindre que la précédente , eft entre
la mer Cafpienne , la mer Noire , 8c celle
d’Azoph. Elle comprend le Dageftan , la Gircafiie
8c divers petits peuples libres qui habitent le»
environs du mont Caucafe ou d’Elbours.
La Tartarie indépendamment , & la partie
occidentale de la Tartarie Chinoife, forment au
centre de P Afie , un plateau très-élevé qui
domine toute cette partie du monde , 8c où le»
terres n’ étant inclinées vers aucune des mer*
ambiantes , la mer Glaciale , l’Océan oriental,
la mer dâS Ln4 es > 8c la mer Cafpienne ; on y