
qui 1 emportent fur nos truites. JLes ,melons y font
délicieux , ainfi que les dattes/
Le nord e(l rempli de bois, & d’excellente
eau. On y voit croître le cèdre , le cyprès ,
l’ olivier fauvage , le maftix , le favinier, avec
des palmiers & des pins d’une hauteur admirable.
Entre Oratava & Garachico , on trouve
une foret entière de pins , qui parfume l’ air de
la plus délicieufe odeur. Il y en a de différentes
efpeces , une entr’autres dont le bois qui eft
tres-dur , ne fe corrompt jamais , ni dans l’eau,
ni fous terre. Plufieurs font d’une groffeur &
d’une grandeur que l’ on ne voit peut-être en
aucun lieu du monde. (.R.)
T énérife ( pic de ) , le pic de Ténérife,
que les habitaris appellent Pico de Terraira , a
été long - temps regardé comme la plus haute
montagne du monde -, & on en voit en mer le
Commet à 45 lieues de diftance. On ne peut
monter fur cette montagne que dans' les mois
de juillet & d’ août ; car dans' les autres mois
le pic eft couvert de neige -, fon Commet paroît
diftinétement au-defïus des nues •, Couvent même
on les voit au milieu de fa hauteur.
L’extrémité n’en eft pas en pointe , comme
on pourroit l’ imaginer de fon nom, mais elle
eft unie & plate. C’ eft de ce Commet qu’on
peut appercevoir diftin&ement, par. un temps
feréin , le refte des îles Canaries ,, quoique quelques
unes en foient éloignées de plus de feize
lieues.
On tire de cette montagne une grande quantité
de "pierres fulphureufes , & de foufre minéral
, que l’on tranfporte en Efpagne. Il eft
difficile de douter que cette montagne n’ait été
autrefois brûlante , puifqu’il y a plufieurs endroits
lur les bords du pic qui fument encore ;
dans d’autres , fi on retourne les pierres , on
y trouve attaché de très-beau foufre pur : on
trouve aufïi çà & là des pierres luifantes &
fomblables au mâchefer ; tout le fond de l’île
paroît chargé de foufre : on y rencontre dans
fa partie méridionale des quartiers de rochers
brûlés, entafles les uns fur les autres , par des
trembfemens de terre. Cette île en éprouva un
terrible en 1704 -, il dura depuis le 24 décembre,
jufqu'au 5 janvier de l’anr.é_e fuivante *, la terre
s’étant entrouverte , il s’y forma deux bouches
de feu , qui jetèrent des cendres , de la fumée ,
des pierres embrafées , des torrens de foufre ,
& des matières bitumineufes. Tout cela eft
confirmé par la relation de M. Edens , qui fit
un voyage dans cette île en 1715. Voye[ les
Tranfaâ. philof. n°. 3^5-
Nous devons au père Feuillée des obferva-
tions importantes qu’ il a faites au pic de Ténérife
, & par lefquelles il a trouvé que la hauteur
du Commet du pic , au - deffus du niveau
de la me**, éçojt de 2-2x3 t0^e$* Ce père partit
dans le mois d’août avec M. Verguîn, M.
1 n ie !, médecin irlandois , & d’autres curieux p
pour monter fur le^ pic.
Au bout d’une marche de cinq heures , fort
difficile à cmfe des rochers & des précipices ,
ils arrivèrent à une forêt de pins , fituée fur
une croupe de montagne, appelée monte Perde y
on y fit l’expérience du baromètre, le mercure
fe tint à 23 pouces o ligne -, après avoir monté
jufqu’aupres du pic ifolé qui fait le Commet de
la montagne, on fut obligé d’y palier la nuit ;
lé lendemain le P. Feuillée fe bleffa en montant
fur une roche, & fut obligé de refter au
bas de ce pic ifolé -, il y fit l’expérience du
mercure , qui fe tint à 18 pouces 7 lignes &
demie. M. Verguin & les autres montèrent avec
beaucoup de peine au Commet du pic.
Ce Commet eft terminé par une efpèce de
cône tronqué, creux en dedans , qui eft l’ouverture
d’un volcan , & qu’on appelle à caufe
de cela , la caldera , c’eft-à-dire la chaudière•
Ce creux eft ovale , & le s bords terminés iné-
galèment-, on en peut cependant prendre une
idée allez jufte, en imaginant le bout d’un cône
tronqué obliquement à l’axe : le grand axe de
cet ovale, eft d’environ 40 toifes, le petit de
30. Le mercure ayant été mis en expérience fur
fon bord le plus élevé, fe tint à 17 pouces y
lignes : le fond de ce creux eft fort chaud -,
il en fort une fumée fulphureufe , à travers une
infinité de petits trous recouverts par de gros
rochers -, on y trouve du foufre qui fe liquéfie ,
& s’ évapore facilement par une chaleur égale
a celle du corps humain.
Ceux qui étoient au Commet du p ic , parlèrent
à ceux qui étoient reftés au Commet de la pointe -,
d’où on les entendoit fort diftinélement, même
lorfqu’ iîs parloient entr’eux -, mais ils ne purent
jamais entendre les réponfes qu’on leur fit y ils
roulèrent le long de la croupe du pic, de grofles
pierres qui defoendoient avec une rapidité étonnante,
& qui en bondiflant, faifoient un bruit
plus grand que les coups de gros canons : ce
qui fit juger que cètte montagne eft creufe en
dedans.
En defeendarit de la montagne, ils pafsèrent
à une citerne naturelle, dont l’ouverture eft à
l’orient dé la montagne , & dont l’eau èft exr
trêmement froide y ils ne virent aucune vrai-
femblance de ce que quelques voyageurs ont
rapporté , que cette citerne communique avec
la mer.
Nous avons aufH des relations de négociant
anglois, qui ont eu la curiofité de monter au
Commet de cette montagne. Telle eft la relation
publiée par Sprat, dans fon Hiftoire de la Société
Royale. Les curieux dont il parle , eurent
a peine fait une lieüe pour grimper fur le p ic ,
que le chemin Ce trouvant trop rude pour y
faire palier leurs montures , ils les laifsèrent
aved qhelques-uns de leurs valets : comme ils
s’avançoient toujours vers le haut, l’un d’en-
tr’eux fe fentit tout-à-coup faifi de friffons de
fièvre , avec flux de ventre , & vomiffement.
Le poil des chevaux qui étoient chargés de leur
bagage , étoit héritfé ' comme la foie- des pourceaux
» le vin qui pendoit dans des bouteilles,
au dos d’un cheval / é to it devenu ft froid qu’ils
furent contraints d’ allumer du feu pour le chauffer
avant q u e d’ en boire , quoique l’air fut a (fez
tempéré. - ' .
- Après que le foleil fut couché, il commença
à faire fi froid, par un vent impétueux qui le
leva , qu’ils s’ arrêtèrent entre de greffes pierres
fous un rocher, où ils firent un grand feu toute !
la nuit ; fur les quatre heures du matin , ils
recommencèrent à monter, & étant arrivas une
lieue plus haut, un des leurs, a qui les forces
manquèrent, fut contraint de demeurer a 1 endroit
où les rochers noirs commencent -, les autres
pourfuivirent leur voyage jufqu’au pafo de fuere^
où ils rencontrèrent de nouveau du labié blanc,
& étant parvenus aux rochers noirs qui font
tout unis comme un pavé, il leur fallut encore
marcher une bonne heure , pour grimper au plus
haut du p ic , , où enfin ils arrivèrent. ■ v
Ils découvrirent de la d’ile de Palme a feize
lieues , & celle de Gomere à fept. Le foleil ne
fut pas fort élevé , que les nuées qui remplirenc
l ’air , dérobèrent à leur vue , & la mer & toute
Pile , à la rélerve des fommets des montagnes
fituées plus bas quë ■ le pic , auquel elle1; pa-
roiffoient attachées f après s’être arrête? au tomme
t pendant quelque temps , ils delcendirent par
lin chemin fablonneux, & ne trouvèrent dans
toute la route que des pins , &. une certaine
plante garnie d’épines comme la ronce, qui croit
parmi ce fable blanc.
A quatre milles environ au-deffous du lommet
du p ic , on voit des arbres d’une hauteur fur-
prenante , qu’on nomme vinatico , dont lé bois
e ft fort pefant, & ne pourrit jamais dans l’eau.
On en remarque auffi. qui font de la meme qualité
que le pin. Plus bas encore font dés forêts,
de io ai i z milles de largeur. Il fe trouve dans
Pile une forte, d’ arbriffeaux nommes 1 aybaybu,
dont on exprime un jus laiteux qui s’epaiflit en
peu de momens , & qui forme une excellente
glu. L’ arbre qui fe nomme dragon , eft propre
a Ténérife ; il en fort une liqueur qu’on nomme
fana de dragon, qu’on emploie dans la médecine.^
Une partie de l’île de Ténérife eft entourée
de montagnes & rocs inaccefïibles , & de bol-
impraticables. Laguna en eft la capitale. Elle eft
fituée fur le bord d’ un la c , dont elle tire ton nom
à trois lieues de la mer. Les autres villes de l’île ,
font : Santa-Cruz , l’Orotava, Rialéjo , ■ Si Garachico.
Avant la conquête qui en fut faite , cette
île étoit pollédée par iept rois , qui vivoient dans
des cavernes comme leurs l-ujets , qui fe nour-
Géogr. Tome I I I .
rîfloîent des mêmes alimens, & n’âvoient pour
vêtemens.que des peaux de boucs. Ténérife appartient
aux Efpagnols. Long, de ce pic, fuivant
Cafîini, 1 , 37 ^36 ; lat. %8 , 30. Long, fuivant
le père Feuillée, 1 | .9 , 3° i 13 ’ Xo *
Les observations réitérées , faites à l’Orôtava,
ville fituée dans l’ île de Ténérife"^ par le même,
pèrè Feuillée, donnent tres-exaébênient la dif-
. férènee en longitude, entre Paris & le pic de
Ténérife, de x8 , $3 9 0 ; ou / , > 3X ■> ce
qui eft d’autant plus utile que les cartes hol-
landoifes font pafier par ce pic leur premier méridien.
Obfervons enfin que les réfui rats du père
Feuillée fur la hauteur du pic de 1 enérife , font
en oppofition avec ceux de quelques autres
phyficiens, qui. ne l’ont trouvée que de 1700
toiles ou peu au-delà. ( AT. D . AT.)'
T énérife , ville de l ’Amérique méridionale ,
dans la Terre-ferme, au gouvernement de Sainte-
Marthe , fur la rive droite de la riviere appellee
Rio-grat ide de la Madalena, à 40 lieues de la
ville de Sainte-Marthe. Lat-. .9 , 4<5‘- ,
TENERMONDE. Voye[ D endekmonde.
TENEZ , province d’Afrique, au royaume de
Trémecen elle eft bornée au nord par la Méditerranée,
au midi par le mont Atlas, au levant
par la province d’Alger , & au couchant par
celle de Trémecen. C’eft un pays abondant^ en
bled & en troupeaux. Sa capitale porte le même
nom. Les habitans.font belliqueux, & fe piquent
d’honneur & de bravoure.
T enez, ville d’Afrique , au royaume de Trémecen
, capitale de la province de même nom,
à demi-lieue de la mer, fur le penchant d’ une
montagne, entre Ôran & Alger. Il y a une
forterefie où on tient toujours garnifon. Quelques
uns croient qu’elle occupe la place de Cé-
firée de Mauritanie. Le jeune Barberoufte prit
cette ville après la mort de fon frère , & depuis
elle eft toujours reftée aux Turcs. Long. ,
30 ■; lat- 36, 30.
T enez , ou T enex , ville des états du lu rc
en Egypte, dans la partie de cette contrée ap-
pellée Beheyra , à l’eft de Damiete. Elle a un
golfe ou lac que quelques-uns prennent pour le
lac Sorbonis de Ptolémée.
TENEZ A , petite ville d’Afrique, au royaume
dé Maroc, fur la pente d’une branche du grand
Atlas , à trois lieues eji de la riviere d’Eci-
felmel. On recueille dans fon territoire de l’orge ,
I du froment, & la plaine nourrit beaucoup de
bétail-î^ ^ -•
T E N G , trois villes de la Chine, de ce nom.
■ La première eft la fécondé métropole de la province
dé Xantung. La fécondé dans la province
’ de Quangfi. La troifième dans la province de'
Honan. . ^
TENGCHEU , ville de la Chine , cinquième
métropole de la-province de Xantung, avec uia
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