
riches marchancüfes , entr’autres d’étoffes d’or,
de foie & de coton, 8c on en tire de belles peaux
de chagrin. La grande place de cette ville eft la
plus vaftc de l’univers •, on y a plufieurs fois rangé
en bataille une armée'de 30,000 hommes. On
compte dans Tauris plus de 2.50 mille âmes -, on
eftirne fa fondation a l’ an de l’hégire 175. Tamer-
lan s’empara de Tauris, l’an 795 de l’hégire. Soliman
s’en rendit maître fur Schah Thamas , roi de
Perfe, l’an 955 de l’hégire. Amurat I I I , fultan
des Turcs , reprit la même ville que Soliman avoit
abandonnée, l’an 992 de l’hégire.
Tauris eft la Gains de Ptolémée , nom qui
Convient fort bien à la fituation de Tauris, que
les Arabes appellent Tabris.
r Je fais que l’opinion commune eft'que Tauris
répond à la ville d’ Ecbatane : Chardin, Oléarius,
Herbert^ 8c autres , font de cette opinion, qui a
auili été adoptée par de célèbres géographes ;
mais elle ne peut fubfifter , fi l’on a égard à
tout ce que les anciens nous ont dit de la
Médie, & aux difiances qu’ils nous ont données
de cette capitale aux autres villes de ce pays.
D’ailleurs, fi Eçbatane avoit été à la partie fep-
tentrionale de la Médie , comme eft la ville de
Tauris , elle n’auroit pas été à portée d’envoyer
du fecours à Babylone , comme le dit Xénophon,
8c auroit aufïi été trop éloignée vers le nord,
pour avoir été fur la route d*Alexandre , qui
alloit d’Opis aux portes Cafpiennes, comme il
paroît par les hiftoriens qui ont décrit les expéditions
de ce prince. Ces particularités reviennent
parfaitement à la fituation de la ville d’Amadan,
qui eft la féconde ville de Perfe pour la grandeur
: ce qui eft d’autant plus vraifemblable ,
que lorfque l’Ecriture-Sainte parle d’Ecbatane
la verfion fyriaque rend le nom de cette ville
par le nom à? Amathan, très-approchant du nom
& Amadari.
Les tables arabiques de Naflir-Eddin & d’Ulug-
Peg donnent à Tauris 82 deg. de longitude , 8ç
38 deg. de latitude Jept. (M.)
TAURISANO , bourg du royaume de Naples ?
où naquit, en 1585 , Vanini (Lucilio) , qui, à
l’âge de 34 ans, én 16 19 , fut emprifonné 8c
brûlé à Touloufe pourfes opinions théologiques,
par arrêt du parlement de cette ville.
Je ne dirai rien ici de fa v ie , me contentant
de renvoyer le lefteur aux livres fuivans, qu’il
peut çonfulter : J, M. Schrammaji d e vitâ &
fcriptis famoji athoei Jul. Ccef. Vanini. Cuftrini,
1 7 1 3 , in - //?. La Croçc, Entretiens fur divers
jujets d’hiflaire & de littérature. Amft. I J l i .
flpologia pro J\il. Ccçf Vanino. Cofmopoii ,
Ï 7 1 4 , Durand. La vie & les fentimens de Lucilio.
Vanini. Rotterdam, 1 7 1 7 , in -ix .
Les deux ouvrages de Vanini , qui ont fait
Je plus de bruit, font fon amphithéâtre & fes
Pialogues. |-e premier parut à Lyon en ié i j ?
in-8° . , fous ce titre • Amphitheatrum ce ternes pro-ï
videntioe , divino-magicum , crifliano -phyflcum ,
aflrologico-catholicum , adverfus veteres philofaphos
atkcos, epicureos , peripateticos & floicos , autore
Julio- Ccefare Vanino , philofopho , theologo , de
juris utriufque do dore. Il eft approuvé par Jean-
Claude de V i lle , doéleur en théologie ; François
de Soleil , official Se vicaire-général de Lyon ;
Jacques de Vegne , procureur du roi -, & M. Sevé,
lieutenant-général de Lyon, qui s’expriment en
ces termes : Fidem facimus, nos hoc opus evolviffi,
nihilque in eo catholicce & romance fidei contrarium
aut repugnans ,Jëdperacutas & percevalidas rations
juxtà fanam Jublimiorum in facrâ thëologiâ mà-
giflrorum dodrinam ( 6 quant utiliter ! ) conti-
neri, 8 c.
Prefque tous les habiles critiques jugent auffi que
ce livre eft très-innocent du côté de l’ athéifme
8c que tout au contraire l’ëxifience de Dieu y
eft démontrée ; mais on y découvre en mêmç
temps beaucoup de fcholaftique , des idées har-
djes, hafardées , oblcures , un efprit peu judicieux,
vainement fubtil, courant après les paradoxes,
8c plein de bonne opinion de lui même.'
Ses Dialogues parurent à Paris en 1616 , in-8° .
fous ce titre : Julii Ccefaris Vanini, neapolitani,
theologi , philofophi ? & juris utriufque'dodori$, de
admirandis natures , regince , de ce que mortalium ,
arcanis libri quatuor, imprimé avec privilège du
roi ; & au revers du titre, on lit l’approbation
fujvante : Nos fubfignati, dodores in aima facultate
théologieJ Parificnjî , fidem facimus , vidifje &
legijfe dialo os Julii Ccefaris Vanini philofopki
proeflàntijflmi, in quibus nihil religions catholicce ,
apoflolicce & romance repugnans aut contrarium
repérimus , imo ut fubtlliflimos j digniflimofque qui
typis demandentur. jDie xo menfis Mali 1616.
Signé , Franfcifcùs-Edmundus Corradin, guard.
conv. fr . min. Paris ; Claudius le Petit , dodar
regens.
On d i t , pour exçufer lès approbateurs , que
Vanini fit plufieurs additions aux cahiers qu’il
leur avoit fait voir , 8ç qu’il attacha au front de
fon livre ces mots impies ; De admirandis natures,
regince , dèceque mortalium , arcanis. Il eft tout-
a-fait vraifemblable que Vanini n’avoit pas
d’abord mis ce titre ; & c’eft peut-être ce qui a
donné lieu d?affurer qu’il avoit fubftitué d’ autre?
cahiers à ceux du manuferit.
Quoiqu’il en fo it , l’ouvrage eft généralement
extraordinaire. En rendant raifon de la figuré
ronde du ciel , Vanjni dit qu’elle étoit conve*
fiable à un animal éternel 8c divin , parce que
cette figure eft circulaire. Venons* aux procédures
que parlement de Touloufe fit contre lui ,
& tirons-en l’extrait du récit de M. Gramond ,
qui étoit alors préfident de ce parlement.
Prefque dansle même temps , ( au mois do
Féyrier‘ i é i y , dit ce préfident ) , fut condamné
^ mort, par arrêt de notre cour, Lucîlîo Vanînî,
que j’ai toujours regardé comme un athée. Ce
malheureux faifoit le médecin, & étoit proprement
le fsduéteur de la jeuneife imprudente 8c
inconfidérée ; il ne connoifloit point de Dieu ,
attribuoit tout au hafard , adorant la nature
comme une bonne mère , 8c comme la caufè de
tous les êtres. C’étoit là fon erreur principale , 8c
il avoit la hardiefle de la répandre chez les jeunes
gens pour s’en faire autant de feâateurs ; il fe
moquoit en même temps de tout ce qui eft facré
8c religieux.
. Quand on l’eut mis en prifon , il fè déclara
catholique , 8c contrefit l’orthodoxe. Il étoit
même fur le point d’être élargi à caufe de l’ambiguité
des preuves , lorfque Francôn, homme
de naiffance 8c de probité , dépofa que Vanini
lui avoit fouvent nié l’exiftence de Dieu , &
s’ étoit moqué en fa préfence des myftères du
Chriftianilme. On confronta le 'témoin & l ’accufé,
& le témoin foutint fa dépofition.
. Quel qu’ait été Vanini , les procédures du
parlement de Touloufe , 8c fa rigueur envers ce
malheureux , ne peuvent guère s’exeufèr. Pour
en juger fans prévention, il faut confidérer cet
homme tel qu’ il parut dans le cours du procès ,
pefer les preuves fur lefquelles il fut condamné ,
8c l’afFreufe févérité d’une fentence par laquelle
il fut brûlé v if, & au préalable fa langue arrachée
avec des tenailles par la main du bourreau.
Il y a toute apparence que Vanini. s’étoit
depuis long - temps échappé en difeours libres ,
injurieux à la religion ; mais la r,étradation
qu’il en fit devoit fuffire à des juges , quelques
fufîent l’es penfées lecrètes que Dieu feul con-
noiflbit. La dépofition d’un unique témoin ne
fuffifoit pas, eût-elle été celle d’un dauphin même.
Le préfident du parlement ne cite que M. Francon,
homme de naiflance 8c de probité tant qu’oit
voudra ; la loi requérait au moins outre des
preuves par écrit , deux hommes de cet ordre,
8c la loi ne doit jamais être violée , fur-tout
quand il s’agit de la peine capitale.
Ce qui prouve qu’on n’oppofoit rien de démontré
& de concluant pour la condamnation à-
un fupplice horrible , c’eft que quelques-uns des
juges déclarèrent. qu’ils ne penfotent point avoir
de preuves fuffifdntes , & que Vanini ne fut condamné
qu’à la pluralité des voix. C’eft encore une
chofe remarquable qu’il ne paroît point qu’on,
ait allégué fes. ouvrages en.preuve contre lu i, ni
le crime qu’on débita qu’ il avoit commis dans un
couvent en Italie.
' Après tout, le parlement de Touloufe pouvoit
8c devoit réprimer l’ inorthodoxie de ce malheii-
reux par des voies, plus conformes à là. juftice ,, à;
î’humanké 8c à la religion. Je n’ aime point voir
M. Gramond-, préfident d’un parlement, raconter
daiïs fon. hiftoire le fupplice de Vanini avec un
air de contentement 8c de joie. *11 avoit connu -
Vanini avant qu’ il fût arrêté -, il le vit conduire
dans le tombereau ; il le vit au fupplice , & ne
détourna pas les yeux, ni de l’aclion du bourreau
qui lui coupa la langue 9 ni des flammes du bûchet
qui confumèrent fon corps. A une imagination
ardente Vanini joignit, dit-on , peu de jugement
; c’eft en particulier la façon de voir de
M. Bruckcner dans fon hifl. crit. philof tom. IV .
part. I V , pag. 580, 68o , dont je me contenterai
de citer quelques lignes qui m’ont paru très-
judicieules; les voici :
Superflitioni itaque , enthufiâfmo & inani de
rebus nihili morologioe , fiultijjimum Vanini fe
addixiflè ingeniunt, eo minus dubitandum e jl, quà
minus paucce illoe lucis clarioris fcintilloe , quæ
hinc in dé emicant, fuperare ifias tenebras potue-
runt.- A f i his Je junxerat inepta ambitio , qui fe
veteris & recentioris cevi keroibus tanta eruditionis
jadantiâ preeferebat, ut rifum tenere legentes
nequeant.. .
Sujfictre hoec pauca poflunt, ut intelligamus
Anticyris opus habuijfe. cerebrum Vanini &
extremee flultitice notam Jufiinere. Quoe infelicitas
exorbitantis fine regente judicio imaginatianis ,
non potuit. non valde augeri, c'urn ineptiflimi illc
p ra:cep tores contigifient, qui oleum camino addere y
quant aqua ignem dolosè latentem extingusre ma--
luerunt, qualis Pomponatii & Cardant libri , atque
difeiplina fuerunt. His totus corruptus Vaninus r
quid fiatuerit, de quo certam fententiam figeret,
ipfe igno ravit ; & fine mente philofophâ blâterans y
boha ,mala, reda , iniqua, vira ,falfa , ambigua y
difputandi acte inter je commiflaattulit, non^jatis
gnarus’; ita fubrui pietatis 8 veritatis révélâtes
meenia.
Quidquid igitur vel in pliilofopkiam. , vel irt
chrifiianam fidem peccavit Vaninus, peccavifir
autem levemflfutiUmque feriptorem plurimafatemurT
nom t'am impietati diredee & Jyfiemati irtoedificatæ
quant extremee dementioe hominis mente capti ad-
feribendum efie putamus ; digni qui non, fiammis ,
Jëd ergafiulo fapere didiciflet.
TA üR O -C A STR O , petite ville de la Grèce,,
dans la Livadie, vis-à-vis de l’île de Negrepont
dans l’ifthme d’une prefqu’île qui borne la plaine
de Marathon , au-delà du marais où la côte fait,
un promôntoke. : c-’étoit l’ancienne ville de Rhamus
8c elle n’offre plus guères que des ruines. Gent.
pas au - deffus, fur une éminence ,. on voit les
débris du temple de la déeffe Néméfis ; il étoit.
quarre , & avait quantité de colonnes de marbre v
dont il refte à peine quelques pièces. Ce: temple
étoit fameux dans, toute la Grèce, & Phidias
l’axoit encore rendu plus recommandable p a r la ,
belle ftatue de Néméfis, dont Strabon fait honneur,.
a- Ageracrite: de Paros. (A.)
■ TA.URUS ,. grande .chaîne de montagnes ers
Afie y elle commence dans la partie orientale de
la,petite Garamanie.x & s’étend fort ayant dans