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(jui tient P^ace F ° rum CaJfiï) eft a quelque
diftance de - là , & fe nomme vulgairement
Santa Maria ForcaJJi. (R.)
V E T SCH AU , petite ville d’Allemagne, dans
la bafle-Luface , fur la Sprée avec un château.
I l s’y débité beaucoup de lin. Elle appartient
au comte de Promnitz , par acquifition. J§J,)
V E V A Y , jolie & très-agréable ville de S’uifTe,
fur le lac de Geneve., & dans le canton de
Berne , au pays Romand. On vante avec
raifon la douceur & l ’honnêteté des moeutsde
les habitans. Les Alpes auprès defquelles elle
eft fituee 8c qui vont en s’élevant autour
d’elle , femblent ne s’être écartées du lac que-
pour lui former le bafllji charmant dans
lequel elle eft placée. Sous un gouvernement
aage, un territoire très-refferré y fournit à l’ ai-
iance d’une population nombreufe.
C ’eft le chef-lieu d’ un baillage ; conquis en
-474 ? la maifon de Savoie , il fut rendu
enfuite -, mais en 1536 il repaffa fous la domination
des Bernois qui en firent une nouvelle
fois la conquête. Le pays eft riche en vignobles,
8c le voifinage du lac procure beaucoup d’utilité
aux habitans.
ville de V e v a y , qui eft le Bibijcum de
l itinéraire d’Anronin ■ le. nomme encore en
latin Bibij'cus , 8c en allemand Vivis. Elle eft
aflez grande, bien bâtie, 8c renferme un très-
grand nombre de bonnes mailons. Il v a un
collège , le plus confidérable du pays de Vaud,
.après .celui de Laufanne.
Il s’y fait un commerce confidérable en fro-
tnages , & les tanneries y fournifient à une
exportation très-lucrative. Il y a d’ailleurs une
fabrique cThorlogerie. On y travaille en joaillerie
, 8c en recherche beaucoup les chapeaux
qui fartent de fes manufactures.
Cette ville qui jouit de très-beaux privilèges
<eft a ij> li. i. o. de Berne , à 16 e. n/e. de 1
.Genève , 4 e. de Laufanne^ Longit, 3.4, 47 -
latit. 4 6 , 30. (R.)
VEYAYvSE ( l a ) , rivière de Suifle, dans le
pays Romand. Cette rivière, ou plutôt ce tordent
impétueux defçend des Montagnes des
Alpes , coule aux environs de Vevay , & y
fait de grands ravages 1 changeant de temps
.en temps fon lit , & rongeant les terres dans
lefquelles il le déborde - par des crues fubites
8c imprévues. En .1701 il fappa par les fon-
demens, les murailles des jardins de Vevay ,
qui tombèrent toutes entières , au lieu de
s ’écrouler par pièces. On n’a point encore trouvé :
les moyens de brif’èr en toutes occasions le
fours de ce torrent. (JR.)
VEUDRE , petite ville ou bourg de France ,
dans le Bourbonnois , fur le bord de l’Ailier,
e 7 lieues de Moulins. (U.)
VEXIN ( le ) , pays de France , avec un
Êtfrp de comté. On le diÿife en Vexin françois
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8c en Vexin normand , féparés l’ uri de l’autré
par la riviere d’Epte. C?eft un pâvs,vtr.ès fertile.
K om V ex in-f R a n çoi s & V e x 1 n-n b r,m a ndL (R.)
V exin-françois (le ) , pays de France, dans
le gouvernement de" l’ île de • Franêe. Il
eft borné à l’orient .par la rivière d’O y le , qui
le le pare du Valois , au midi par celle de Seine,
au couchant par celle , d’Epte, qui le fépare du
Vexin- normand, 8c au feptentrion par le Beau-
vo:fis. On y remarque principalement Pontoife,
capitale , Magny, Chaumont, Mante, Meulari,
Poiffy Saint-Germain , Montfort - l’Amauri,
Dreux , la Roche-Guyon-, &c.
Le premier comte du Vexin-françois s’appel]
oit Louis. Il vivoit fous le . règne de Louis
-d’Outremer , & époufa Eldegarde de Flandre,
de laquelle il eut Gauthier I. Celui-ci fut aïeul
de Dreux Ier qui s’allia avec Edith , foeur de S.
Edouard, roi d’Angleterre. Sa poftérité étant
eteinte, le Vexin fut uni à la couronne. Depuis
ce temps-la Louis le jeune le donna en dot à
Marguerite fa fille, en la mariant, avec Henri,
fils Ae Henri I I , fécond roi d Angle terre ; mais
apres que Richard II eut répudié Alix , foeur
de Philippe-Augufte , ce^ pays fut incorporé
de nouveau à la couronne.
Abeli ( Louis) naquit au Vexin-françois en
1Ô04. Il fuccéda à M. de Péréfixe dans l’é -
veché de Rodez , qu’il quitta pour fe retirer
à Paris dans la maifon de S. Lazare, où il
mourut l’an 1691 , âgé de 88 ans.
Il a écrit plulieurs ouvrages .qui font aujourd’hui
très - meprifés. La moelle théologique ,
medulla theologica , lui a fait donner ironiquement
par Defpréaux ( lutrin , chant I F ) l’é-
pifhete de moelleux.
Alain touffe & fe lève ; Alain > ce fa vaut homme ,
Qui de Bauny vingt fois a lu toute la Tomme,
Qui pofsède Abeli , qui fait tout Raçonis,
Et même entend, dit-on, Je latin d’à Kempis.,.,;
Etudions enfin, il en eft temps encore ;
Et pour ce grand projet, tantôt dès que l’aurore
Rallumera le jour dans l’onde enfeveli,
Que chacun prenne en main le moelleux Abeli.
Ce confeil imprévu de nouveau les étonne ;
Sur-tout le gras Evrard d’épouvante en friffonne,.,.;
C’eft aufii au Vexin - françois que naquit en
1568 Pierre du Moulin, fameux théologien cal-
vinifte. Il fut miniftre à Charenton , 8c entra
en çette qualité auprès de Catherine de Bourbon
, princefle de Navarre , foeur du roi Henri IV ,
mariee en 1599 avec Henri de Lorraine, duc
de Bar. Du Moulin refufa en 1619 une chaire
de théologie que l’univerfité de Leyde lui offrit,
& accepta la chaire de Sedan que le duc de
Bouillon lui donna. I l fut employé dans les
affairés les plus impor tantes de fon parti.
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Ses ouvrages, en grand nombrè , roulent fur
les controverses , 8c par cette raifon même
n’ont plus de cours aujourd’hui , quoiqu’il y
règne beaucoup d’ art 8c d’efprit.
Pierre, du Moulin , fon fils aîné , devint chanoine
de Cantorberi, où il mourut en 1664,
âge de 84 ans. Son livre intitulé la paix de
Vame , eft également eftimé des Catholiques
8c des Proteftans y la meilleure édition eft celle
de Genève en 172.9 , in-8°. '
Louis 8c Cyrus Dumoulin , frères de ce dernier
, le premier médëcin , & l’autre miniftre
proteftant, font aufii auteurs de quelques ouvrages.
(R.) Vexin normand ( le ) , pays de France,
dans la Normandie, ainfi nommé pour le difi-
tinguer du Vexin-françois dont il fut démembré
par le roi Louis IV en faveur des Normands.
Geoffroi 8c Henri II , rois d’Angleterre , le-
donnèrent au roi Louis lé jeune , pour les
frais de la guêtre qu’il avoit faite à Etienne
comte de Boulogne. Marguerite de France ,
fille du roi Louis', le porta en dot au fils
aîné de Henri I I , roi d’Angleterre ; mais ce
prince étant mort fans enfans, Henri II fon
père ne voulut point rendre le Vexin au roi,
prétendant qu’il étoit de l’ancien domaine du
duché de Normandie. Sur ce refus, Philippe-
Augufte lui déclara la guerre en 1 1 98 -, 8c par
Ie traité qui fut conclu entr’eux , Henri II
lui rendit le Vexin.
Les principales villes en font-, Rouen, Lions,
Vernon , Gifors, Andeli, Écôui , &c. Il eft
iéparé , comme nous l’avons d i t , du Vexin-françois
par iarivière d’Epte. I l eft beaucoup plus fertile
que le Vexin-françois. Il étoit jjadis habité
par les Velocaffes ou Bellocaffes, du nom desquels
le pays prit celui de VolcaJJinum , d’où,
par corruption fe font formés ceux de Veul-
quejjin 8c de Vexin.
L’ un des plus polis 8c des plus aimables
poètes françois du dernier fiècle , Chaulieu
( Guillaume de) naquit en 1639 dans le Vexin-
normand, au château de Fontenay qu’il a immortalisé
par ces. beaux vers : 1
Fontenay, lieu délicieux.,
Où je vis abord la lumière *
Bientôt au bout dé ma carrière ,
Chez, toi je joindrai mes ayeux.
Mules., qui, dans ce lieu champêtre ^
Avec foin me fîtes nourrir ;
'Beaux arbres q,uï m’avez vu naître..
Bientôt vous me verrez mourir.
L’abbé de Chaulieu ( car il étoit abbé d’Au- i..
finale) avoit une converfation charmante, 8c (
c Pe^ ant fh vie les délices des perfônnes de |
gouç & de la première diftmdion... Ses. poéfies .
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fourmillent de beautés hardies 8c voluptueufes *,
la plûpart refpirent la liberté ,. le plaifir , &
une philofophte dégagée de toute crainte après
la mort. On fait comme il s’exprime lur
ce fujet.
Plus j’approche du terme , & moins je le redoute j
Sur des principes fûrs mon efprit affermi,
Content, perfuadé;, ne çorinoît plus le doute ;
Des fuites de ma vie je n’ai jamais frémi.
L’avenir fur mon front n’excite aucun nuage,
Et bien loin de craindre la mort,
Tant de fois battu de l’orage ,
Je la regarde comme un port
Où je n’effuîrai plus tempête ni naufrage.
Élève de chapelle, voluptueux , délicat, i l
ne fe fit jamais un tourment de Fart de r imer.
Ses vers négligés font faciles , pleins
d’images & d’harmonie. le s fentimens du coeur
y font exprimés avec feu. Il charme le lefteur
lors même qu’ il l’entretient de fes. maux & des
incommodités qui accompagnent fa vieillefle. '
L abbe de Chaulieu a fait lui - môme fon
portrait, à la prière: de M. de la Fare , fon
intime ami, qui le lui. avoit demandé', voici
les premiers traits de ce tableau , qui , dit
labbé-du Bos, durera plus long-temps qu’aucun
de ceux du Titien.
O toi „ qui de mon ame ès la chère moitié,
Toi, qui joins la délicateffe
Des fentimens d’une maîtreffe
A la folrdité d’une fùre amitié !
La Fare il faut bientôt que la parque cruelle
Vienne rompre de fi doux noeuds
Et malgré nos cris & nos voeux, ,
Bientôt nous effuîrons une abfence ^éternelle.
Chaque jour je fens qu’à grands pas
J’entre dans ce fentier obicur & difficile ,
Qui me va conduire là-bas
Rejoindre Catulle & Virgile-,
Là ,. fous des berceaux toujours verdi d
Affis à côté de Lesbie,
Je leur parlerai de tes vers
Et de ton aimable génie;
Je leur raconterai comment
Tu recueillis fi galamment
La Mùfe- qu’ils avoient laiffée 7
_, Et comme elle fut fagement.
Par la pareffe autorifée ,
Préférer avec agrément,
Au tour, brillant de la penfée^
La vérité du fentiment,
Et l’exprimer fi tendrement r
Que Tibulle encor maintenant
En eft_ jaloux dans i’Elifée,