
•fait aucune .mention avant Ptolémée. II fallait
cependant que cette ville fût confidérable , puifque
quand on divifa en deux la province Lyonnoifj,
fous Conflantin, on donna Rouen pour capitale
a la nouvelle province Lyonnoife-
On ne doute point que l’ancien nom âe Rouen,.
Rothomagus , ne fort gaulois. > mais fon origine
eft inconnue les. uns. la tirent de l’Idole Radia
qu’on adoroit dans ce lieu & de mapus àii mamim,
q u i, en. langue celtique , fignifie ville • d’autres,
aiment mieux adopter l’étymologie du même mot
magus , 8c des deux premières fÿllabes. de Roto-
he cutn, qui eft le nom. latin de la petite rivière
de Robec qui. coule à Rouen.
v Cette ville n’a d’autre enceinte qu’une muraille ,.
avec des tours rondes; à l’antique, & des baftions
irréguliers, & un vieux château qui tombe en
ruines. Ses rues y font petites.,, étroites, & les. '
maifons en général aifés vilaines \ mais, il y a des
fontaines, en grand nombre, qui font d’iine grande
commodité. Les dehors de la ville font très-beaux,
& les. promenades., fur-tout celles du quai- & du
cours , font agréables. Le nouveau, fauxbourg du
coté de l’hôpital, fur le chemin du Havre, eft
beau 8c bien bâti ',, les maifons. font de bon goût,
& les. rues, larges. & bien alignées. Elle, renferme
dans. lès. murailles pli}s. de. foixante-mfile âmes-
C ’eft le fiége-cfim illuftre parlement, d’une chambre,
des comptes, d’une cour des aides;, d’une intendance,
d’un, prélidial., d’une■ généralité, dfun bail-
lage , 8c dfun hôtel des monnoies;
l e: parlement de Rouen-, a. été établi en la place
de l’échiquier.,. qui, fou&les, anciens ducs, de Normandie
,. étoit comme un. parlement ambulatoire,.
tant pour l’àdminiftratibn de la juftice, que pour
toutes les autres affaires, qui. regardaient le bien
du pays. On. l’àifèmbloit tantôt à: Rouen, tantôt
a Caen.quelquefois, à; Falailè,. ou en d’autres.,
villes., félon le s ordres du. prince, fans, qu’il y ...
eût. aucun lieu fixe; Louis X II rendit cette cour
perpétuelle en. 149.9. ?■ & François, I lui donna le
nom de parlement en. 15x5..
La réinflitution de la chambre 'des. comptes, eft j
due à Henri. III qui Punit e n à = la cour dès
aides, dè Normandie. Elle a toute cette province
dans, fon, département.. Cette chambre des,comptes,
avoir, déjà«été créée en.1380 j mais Henri II l’àvoit
fupprimée en. 15,53-. La cour, des. aidés, de Normandie
fut. établie à; Rouen par l’ëdit de 1483 :
celle- de Gâen lui fut unie. par. Redît de. Janvier
1641 r 8c la même, cour; des, aidés, de Rouen for
unie ài fon tour à: la chambre des. comptes,de. la.
même ville.,, en. L705..
Le bureau' des finances- de Rouen fut établi au.
mois de Janvier 15 $.1, Cette généralité comprend?
quatorze élections. I l y- âs aufli dans la même
.ville un fiége d?amirauté: & un confulat.
Le commerce de Rouen eft: très - confidérable
par le grand* nombre de manufactures de draperie
autres étoffes,,de tapifTeriesj, de- mercerie,.
de toiles , de fils , de tanneries , 8cc. Le com«
merce eft encore facilité par la pofition de. cette
1 v ille , où la- marée eft fi haute , que les. vaiffeaux
; de: 2.0.0 tonneaux y peuvent aborder.
Le pont de Rouen eft d’une ftruCture fingulière ,
. étant de bateaux l'oints, enfemble , pavés par deffus-,.
, fé hauflânt & fé baiflant avec les flots, de la
mer. Il eft cependant incommode par fon grand.
. entretien, 8c de plus., on eft prefque tous. les,
, ans obligé de le démonter, pour empêcher que
les glaces n’en emportent une partie. Ce ppnt fut:
conftruit en l’an 1026 j. il a deux cent foixante
8c dix pas. de lo n g , 8c donne partage dans le.
fauxbourg de Saint - Sévère. Le pont de pierre-
qu’il y avoir précédemment à Rouen , n’èxifte:
: plus-, lès arches tombèrent en ruine en 1.50s ,
en 1 5- 3 3 & en. 15.64 : on pourroit cependant le
rebâtir dans les mêmes endroits , en lui donnant
moins de hauteur 8c plus de largeur;
; Le z 5 de Juin,, de Fan 1.633 , Rouen éprouva;
. la foreur d’ un ouragan accompagné de tonnerre
; de grêle 8c de pluie, qui firent des dégâts terribles.
en divers endroits. La pyramide revêtue de-
plomb , qui étoit fur la tour dfe Réglife de Saint
I Michel, fut arrachée au-deflus des. cloches, 8c.
! tranfportée par le vent au milieu de la?aue , où:
: elle fé brifa. Plufieurs tours & clochers, furent
: ébranlés. 8c endommagés par cette horrible tem-
; pête, quine dura pas.un quart d’heure fur la ville,,
; mais, qui y caufa un dommage qui montoit à plu a.
de deux, millions. Elle déracina dans, la campagne?
les. plus, gros arbres, faccagea les. grains ,. le»;
, légumes, les herbages & les. fruits;
L’archevêché de Rouen eftmn des plus beaux 5,
dés plus anciens. 8c dès plus riches quifoient en;
France. Son diocèfe comprend 1.3.88 paroirtes dif-
tribuées, fous fix. archid ia con é s,v in gt - fept:
doyennés, ruraux , & le fous.-doyenné de la ville*.
Nicaifè eft regardé- pour le. premier évêque de
Rouen. On, compte déjà douze archevêques de?
cette ville qui ont été cardinaux,. Il fé dit. primat
de Normandie , quoiqu’ il n’ait aucun archevêque-
pour fuffragant j. mais ce titre lui donne la prérogative
de. dépendre immédiatement du. Saint—
” Siège,
Le chapitre dè Pégfifé cathédrale- eft comporté-
de dix dignités, & de cinquante - un: chanoines. „
en comptant l’àrchevêqùe r qui, en cette-qualité préfide. 8c a voix en chapitre , outre que les dignités
&- canonicats., àl’èxception.d font à fa nomination. u haut doyenné 5)
Tous. les. évêques, dé la province font obligés;
de prêter fërment. à l’églife cathédrale de Rouen
mais, f o n droit le plus- fingulier , c’eft'- dè pouvoir
délivrer, un plafonnier le jour de l’Afcenfion , après,
que ce prifonnier a levé la f î e r t e c ’ eft-à-dire lai
eiiaffe de S. Romain., Vaye^ F ierte-
Outre le chapitre dé la- cathédrale, fl y en, a.
encore deux dans la. ville-, & plufieurs, abbayes ,,
dont celle qui porte le nom de S- Ouen, & qui
t o u
efl de Bénldlaîns réformés , jouit aujourd’hui de
plus de 80 mille livres de revenu. On compte
dans cette ville 35 paroiffes & 56 couvents : les
Jéfuites y avbiene aufli un collège , fonde par le
cardinal de Joÿeufe. n
Je ne dois point oublier de parler de la lalle
de la comédie", de Ja bourfe-, & de l’églife de
l’hôpital, qui eft hors de la ville. Le premier de
ces édifices eft petit, .mais la diftribution en eft
très.- agréable : il manque peut - être au theatre
plus de profondeur, pour le jeu des aCteurs , &
une place pour la commodité du public *, mais un
défaut plus impardonnable c’eft que fôuvent le
fpèClateur eft diftrait par lè bruit de la rue &
des voitures, qui eft affez fort pour troubler.le
jeu des .aâeurs.
La bourfe e f t' une longue falle de pierres de
taille, fans goût , fans „décoration, & qui n’a
rien de ce qui doit diflinguer un édifice public.
La chapelle de l’hôpital, à laquelle on a prodigué
les colonnes , eft un édifice tres-petit^,
mais d’ un lourd infupportable. L ouvrage plaît
dans les détails 8c choque dans l’enfembie. Je ne
crois pas que l’on ait jamais copié de meilleurs-
modèles pour faire un édifice de plus mauvais-
goût. .On trouvera peut-être que je fuis trop
févère •, mais cette chapelle, félon moi, eft la
honte de l’architecture.
La chartrèufe, qui eft à un quart de lieue de
la ville, mérite d’être vue ; les cloîtres n’ en font
pas finis encore ■, l’ églife 8c la façade font affez
médiocres. En général, tout Rouen n’offre pas
un édifice moderne qu’ on puiffe citer pour l’ar-
chiteClure. .
On a établi depuis peu à Rouen une académie
de belles-lettres -, 8c c’eft avec raifion , car cette
ville a produit beaucoup d’hommes célèbres dans
les fciences & les beaux-arts. Je ne me propofe*
que d’ indiquer ici les principaux.
Bafnage (Jacques), calvinifte , fe retira'en :<
Hollande1, lors de l’édit de Nantes -, devint pafteur.
à la Hayè, 8c, comme dit M. de Voltaire, étoit
plus propre à être miniftre d’état que d’une pa-
roiflè. Les ouvrages qu’il a compofés , lui ont
acquis une grande réputation dans toute l’Europe,
fur-tout fon hiftoire des Juifs , celle de l’Eglife ,
depuis Jéfus-Chrift jufqu’à préfent, & celle des ,
Provinces-Unies ,, parce que ce font des ouvrages
d’une utilité générale. On peut aufli confulter le
père Niceron, tom. I V & tom. X . Il mourut en
1-723 , dans la. 71® année.
Bafnage de Beauval ( Henri) , fon frère , avocat
en Hollande , mais encore plus philofophe, a
écrit de la tolérance des religions. Il a aufli
donné l’Hiftoire des ouvrages des lavans , & le
Dictionnaire de Furetière_ augmenté. Il mourut
en 1 7 10 , a 53 ans.
Un de lès coufins, Bafnage de Flottemanville
( Samuël ) , qui avoit été miniftre à Baveux , fe
/retira à Zùtphen , où il publia en 1706 , en 3, vol.
R O U Vî‘
in - folio , une favante critique des annales de
Baronius , fotos le titré de Annales politico-
ecclefiajlici.
Jean du Bofc, préfident en la cour des aides
de Rouen, fa patrie, eft auteur de quelques
livres favans, entr’autres d e , celui qui eft intitulé
, De legitimis Nuptiis. Son ouvrage de
Numce Pompilii facris, déplut beaucoup aux
catholiques romains.
Bochar (S am u ë l), miniftre'de l’évangile à
Caen , & l’un des plus favans hommes de fon
fiècle, naquit, l’an 1599, d’ une famille noble
& féconde en perfonnes de mérite. Il favoit le
grec, l’hébreu , l’ arabe I l’éthiopien , 8c autres
langues orientales. *
Brumoy (Pierre) , favant jéfuite , mourut à
Paris' en 1742 , âgé de 54 ans. Il a fait des
poéfies ■, mais fon théâtre des Grecs eft le meilleur
-ouvrage qu’on ait en ce genre.
Brun Defmarettes, ( Jean-Baptifte de ) , favant
dans les recherches eccléfiaftiques , fe v i/ enveloppé
dans la difgrace de MM. de Port-Royal ,
8c fut mis à la Baftille, où il refta cinq ans. Il
mourut à Orléans en 1731 , dans un âge très-
avancé. Il a donné , i° . les bréviaires d’ Orléans
8c de Nevers -, 20. une édition de S. Paulin ;
30. voyages liturgiques de France, in-8° . , livrer
rempli de recherches curieufes •, 40. il avoit acheva
une édition des oeuvres de LaCtance, que M. Lan-
glet du Frefnoy a publiée'avec des augmentations*
en 2 vol. in-40.
Bulteau ( Louis ) fut fecrétaire du r o i , mais
il fe démit de cette charge au bout de 14 ans *
& parta le refte de fes jours chez les Bénédictins-.
I l mourut en 1693-, à 68 ans. Il a publié quelques
ouvrages anonymes & affez bien écrits. Les principaux
font : i u. EJJhi de Vhifioire monafiique ÿ
a°. Abrégé de Vhijloire de Vordre de S. Benoît,
2 vol. in - 40. 30. Traduclion* des dialogues de
S. G ré go ire-le-Grand, avec de favantes notes > &c.
Charleval (Jean-Louis Faucon de Ris , feigneur
d e ) , neveu, frère & oncle de MM. Faucon
de Ris , tous trois premiers préfidens du parlement
de Normandie.
Choifi (François Timoléon d e ) , l’ un des
quarante de l’académie françoife, naquit en 1644.
Il fut envoyé vers le roi de Sia ni , en 1685 ,
avec le chevalier de Chaumont, & fut ordonné
prêtre dans les Indes par le vicaire apoftolique.
Il mourut ài Paris en 1724. Il a mis au jour
divers ouvrages , dont les principaux font :
i° . Relation du voyage de Siam • plufieurs
vies , comme celles de S. Louis , de Philippe de
Valois , du foi Jean, de Charles V , de Charles V I
& de madame de Miramion , 2°. quatre Dialogues
fur l’immortalité de l’ame , qu’il comporta avec
M. Dangeau -, 40. une traduction de l’ Imitation
de Jéfus-Chrift , dédiée à madame de Maintenon,
avec cette épigraphe, qui ne parut que dans une
feule édi^ioi^ : Çoncupifcet rex decorem. tuum £