
Son caractère, comme celui de la plûpart des
hommes, étoit mêlé ; mais fes vertus l’empor-
toient fur fes vices, ou , pour mieux dire, fur
fes imperFe&ions -, car parmi fes fautes on en
trouveroit peu qui méritaffent juAement le nom
de vice.
Ceux qui l’ envifagent en qualité de monarque ,
Sc fous le point de vue le plus favorable, af-
iurent que fa dignité étoit fans orgueil , fa douceur
fans foibieÔe , fa bravoure fans témérité,
fa tempérance fans auAérité, fon économie fans
avarice. Ceux qui veulent lui rendre une juf-
tice plus févère , prétendent que plufieurs de
fes bonnes qualités étoient accompagnées de
quelque défaut qui leur faifoit perdre toute la
force naturelle de leur influence. Son inclination
bienfaifante étoit obfcurcie par des manières peu
gracièufes y fa piété avoit une bonne teinture
de fuperAitio-n. Il déféroit trop aux perfonnes
de médiocre capacité , & fa modération le ga-
rantifloit rarement des réfolutions brufques &
précipitées. Il ne favoit ni céder aux empor-
temens d’une affèmblée populaire, ni les réprimer
à propos; la £oupleffè'& Inhabileté lui man-
quoient pour l’un , & la vigueur pour l’autre.
Malheureufement fon fort le mit fur le trône
dans un temps _où les exemples de plufieurs
règnes favorifoient le pouvoir arbitraire , & où
le cours du génie de la nation tendoit violemment
à la liberté. Dans un autre fiècle, ce
monarque auroit été fûr d’un règne tranquille,
mais les hautes idées de fon pouvoir, dans lef-
quelles il avoit été nourri, le rendirent incapable
d’une jfoumilïion prudente à cet efprit de
liberté qui prévaloit fi fortement parmi fes fuie
ts. Sa politique ne fut pas foutenue de la vigueur
& de la prévoyance néceflaires pour maintenir
fa prérogative au point où il l’avoit élevée.
Enfin , expofë fans ceffe aux affauts d’une multitude
de faélions furienfes, implacables, fanatiques
, fes méprifes & fes fautes eurent lés
plus fatales conféquences. Trop rigoureufe fitua-
t io n , même pour le plus haut degré- de la capacité
humaine 1
Les partis qui divifoient le royaume, étoient
des convulfions générales de tous les efprits,
une ardeur violente & réfléchie de changer la
conflitution de l’ état , un deffein mal conçu
dans les royaliftes d’établir le pouvoir defpo-
tiq u e , fureur de la liberté dans la chambre des
c om m u n e s le défir dans les évêques d’écarter
le parti caïvinifie des Puritains, le projet formé
chez les Puritains cFhumilier les évêques , &
enfin le plan fûivi 8c caché des indépendans,
qui confiAoit a fê fervir <Jçs defauts de tous les
autres , pour devenir leurs maîtres.
Au milieu de cette anarchie, les catholiques
d’Irlande maffacrent quarante mille proteAans 4^ leur île , 8c Charles Ier écouta le fatal confeil
de fohtenir fa puiffance par un coup d’autorité.
Il quitte Londres , fe rend à Y o r ck , rafiemblfl
; fes forces, & s’arrêtant près de Nottingham,
il y élève l’ étendart ro y a l, ligne, ouvert de la
guerre civile dans toute la nation.
On donne batailles fur b a t a i l le s d ’abord favorables
au. prince , enfin maiheureufes & dé-
faltreufes. Après avoir reçu dans fon armée ces
odieux Irlandois, teints du fang de leurs compatriotes
, & taillés en pièces par le lord Fairfax
a la bataille de Naieby, qui fuivit la viéloire
de MarAon , il ne refta plus au monarque que
I la douleur d’avoir donné à fes fujets le prétexte
de l’accufer d’etré complice de l’horrible maf-
facre commis par les mêmes Irlandois le xz
o&obte 1641.
Charles marcha d’infortunes en infortunes y
il crut trouver fa fureté dans l ’armée écoffoife ,
8ç fe jetta entre les mains y mais les Ecoffois
le vendirent, & le livrèrent aux commiffaires I
anglois y il s’échappa de leur garde , & fe fauva
dans l’ île ds Wight , où il fut enlevé 8c transféré
au château de Hulft. Sa mort étant réfo-
lu e , Cromwel, Ireton & Harrifon établirent
une cour de juAlice , dont ils furent les principaux
aâeurs , avec quelques membres de la
chambre baffe, & quelques bourgeois de Londres.
On traduifit trois fois le ihonarque devant ce
tribunal, & il refufa autant de fois d’en re-
connoître la jurifdicèion. Enfin , le, 10 février
ïÔ49, fa tête fut tranchée d’un feul coup dans
la place de Wittehall. Un homme mafqué fit
l’ office d’exécuteur , 8c le corps fut dépofé dans
la chapelle de Windfor.
La mort tragique de ce monarque a fait
mettre en queAion , s’il fè trouve des cas où
le peuple ait droit de punir fon fouverain. Il
efl du moins certain que ceux qui donnent le
plus de carrière à leurs idées , pourroient douter
, fi dans un monarque la nature humaine
eft capable d’un affez haut degré de dépravation,
pour juflifier dans des fujets révoltés ce
dernier aâe de jurifdi&ion. L’illufion , fi c’en
eA une, qui nous infpire un refpeél facré pour"
la 1 perfonne des princes, eA fi falutaire , que
la détruire par le procès d’un fouverain , ce fe-
roit caufer plus de mal au peuple , qu’on ne
peut efpérer d’effet fur les princes , d’un exemple
de juAice qu’on croiroit capable de les arrêter
dans la carrière de la tyrannie.
Je lais qu’on c ite , dans l’hiAoire de l’ ancienne
Rome, l’exemple de Néron, que les Romains
condamnèrent comme l’ennemi public, fans aucune
forme dè procès , au châtiment le plus
févère & le plus ignominieux. Mais les crimes
de cet odieux tyran étoient portés à un degré
d’énormité, qui renverfè toutes fortes de règles.
L’hiAoire ,. çette grande fource de fageffe -
fournit des exemples, de tous les genres y 8c tous
les préceptes de la prudence, comme ceux de
la morale , peuvent être, autorifés par cette variété
d’événemens, que fon vaAe miroir eA capable
de nous préfenter.
De ces mémorables révolutions qui fe font
paffées dans un fiècle fi voifin du nôtre , on peut
tirer naturellement la même leçon quë^lCharles,
dans fes dernières années, en tira lui-même y
qu’il eA très-dangereux pour le monarque anglois
de s’ attribuer plus d’autorité qu’il ne lui
en eA accordé par les loix. (R.)
WINEDEN , petite ville d’Allemagne , dans
la Souabe , au duché de Wirtemberg, fur une
petite rivière , avec un château fortifié , qui
appartient au grand - maître de l’ordre teuto-
nique.
Lyferus (Polycarpe), théologien de la con-
feflion d’Augfbourg, naquit à Wineden en 15 5 2.-
11 fut un des principaux directeurs du livre de la
Concorde, & il exerça vigoureufement la charge
de millionnaire, non-feulement pour le donner à
ligner à ceux qui étoient dans les emplois , mais
pour opérer la réunion des calviniAes & des luthériens
que négocioient les agens du roi de
Navarre. Il devint miniAre de cour à Drefde ,
l ’an 1594 , & y mourut en 1601 , père de treize
enfans. Il compofa plufieurs livres latins de
théologie, qui n’ëxiAent plus aujourd’h u i, non
plus que ceux qu’on fit contre lui de toutes
parts, à l’occafion des fignatures de fon formulaire.
WINENBERG. Voye[ Winnenbourg.
WINETA. Voye[ V ineta.
WINFRIED’S -WEL L , c’eA-à-dire fontaine
de Winfride ; c’eA une fontaine d’Angleterre ,
au pays de Galles, dans le comté de F lin t , à
l ’occident de la ville de ce nom, & dans un
petit bourg nommé Holy-Well, c’eA-à-dire fontaine
facrée , ainfi dite en conféquence de la fontaine
de Winfride. On raconte qu’anciennement
un tyran du pays ayant violé & enfuité égorgé
une fainte fille appelée W’infride, la tërrè pouffa
dans le_ même endroit la fontaine dont nous
parlons. Comme il fe trouve, au fond de cette
fontaine de petites pierres femées de taches,
rouges, la tradition fupérfiirieufe du pays fait
paffer ces taches pour des gouttes du fang de
lkintç Winfride, qui ne s’effaceront jamais. On
a bâti une petite églife, fur cette fontaine, &
l ’on a peint dans les fenêtres de cette églife la
>n?lt 4® la fainte mais le lavant
évêque d’Ely , Guillaume Fleetwood, étant encore
évêque de Saint-Afaph , a détrompé le public
fur l’hiAoire de fainte Winfride, en publiant en
I713 la légende de cette^-fainte, avec des obfer-
vations qui démontrent la fauffeté de çette légende.:
La reine Marie A’E A , femme du roi
Jacques I I , eA la dernière perfonne de haut
rang qui ait été, en pèlerinage à Winfried’ s-
well. -
GRELA, ville des Indes orientales ,, au
royaume de Vifapôur, au bord de la mer, près
& au nord de Goa, fur la côte de Malabar.
Elle,,, appartient aux Hollandois, qui y ont un
comptoir.
WINGURLA. Voyc[ W in g r e l a *
WINNEDEN, beau château des princes de Wiir*
temberg, à quelque diAance de Walblengen". (R.)
WINNENBERG. V o y e [ W in n en bo u r g .
WINNENBOURG , feigneurie d’Allemagne ,
formant un petit état fouverain, dans le cercle
de WeAphalie , conjointement avec celle de
BeilAein. Ces feigneuries font fituées dans l’archevêché
de Trêves , entre la Mofelle & le
Hundfruck. La famille de Winnenbourg &
BeilAein s’étant éteinte vers le commencement
du dix-leptième fiècle , elles pafsèrent, comme
fief de Trêves , à l’archevêché de ce nom y 8c
un des électeurs de la maifon de Metternich en
invefiit un gentilhomme de fon nom.
I.es feigneuries de Winnenbourg & BeilAein
donnent à leur poffeffeur voix 8c féance aux
diètes de l’empire, & à celles du cercle. Leur
taxe matriculaire eA d’un cavalier, ou i z flor.
outre 8 rixd> 9 * kr. pour l’entretien - de la
chambre impériale. Ces feigneuries tirent leur
nom du château de Winnenbourg 8c de la ville
de BeilAein. (R.)
WINNICZA , ville de Pologne, dans la Po-
dolie. j capitale du palatinat de Braclaw , fur la
rive du Bog , à i z lieues de Braclaw. C’eA le
fiége d’un tribunal de juAice, & le lieu de l’af-
lemblée de la nobleffe. Les Cofaques la prirent
en 1650, mais les Polonois la reprirent quelque
temps apres. Long. zj.G y lat. 49 , . ....
INSCHOTE , petite ville des P a y s -B a s ,
dans la feigneurie de Groningue , à 5 lieues de la
ville de Groningue , & à une lieue du bras de
mer nommé Dollart. Le combat de Winfchote
en 1548 fut le premier qui fe donna pour la liberté
des Provinces - Unies, 8c ce combat fut heureux.
Les Efpagnols y perdirent ïzoo hommes , tout
leur bagage 8c 6 pièces de canon.
t W IN SEN , petite ville & baillage de la principauté
de Z e ll, fur la Luhe , à 4 li. o. de Lune-
bourg. Il y en a une autre fur l’Aller , à 2 li. 0.
de Zell. Il s’y donna en 1388 une bataille où
Vencefias , électeur de Saxe , de la branche
d’Alcanie , fut battu, & peu après tué au fiége
de Zell.
WlNSHEIM, petite ville d’Allemagne, au
cercle de Franconie, dans le marquifat d’Anf-
pach, lur la rivière d’A ifch , à 12 li. au n. o. de
Nuremberg. Elle eA impériale. Les habitans pro-
feffent la religion luthérienne. En 1775 , elle a
été affranchie du droit d’ aubaine en France. V o y e z
W è in sh e im .
WIN STO E T IN G , bourg & château d’Allemagne
, dans la haute-Bavière 8c dans la régence
de Bourghaufen. (R.)
f WINTERBERG , petite vme d’Allemagne;