
nioucks l ’empereur de la Chine s’ en empara en
1720 •, en 1726 il' revint aux Eluths', & .il. y a
apparence que la dernière révolution aura remis
ce pays fous la domination chinoife. (R.)
TURIN , ville d’ Italie , capitale du Piémont,
dans une belle 8c vafte plaine v au confluent du
Pô & de la Doria-Riparia, à li. au f. e. de
Chamberi, à 27, au n. e. de Gê£g$, à 28 au fV, e,
de Milan , a 57 de Lyon, 8c 0^157 au f. e. de
Paris. On compte dans Turin dix églifes paroif-
f ia le s ,& un grand nombre de couvens de l’un
& de l’autre fexe. L’églife du couvent dès capucins,
qui eft au-delà du P ô , eft magnifique, & la plus
belle fans doute que çcs religieux aient en Europe.
Cette ville étoit épifcopale dès l’an 380, & fut
érigée en métropole par Sixte IV •, ce qui fut
confirmé par Léon:X , l’an 1215. Ses fufnragans
font : Yvpéè, Salu ce s , Troffano.& Mondoyi. Le
chapitre eft compofé de 25 chanoines dont 5
ont les premières dignités.
L’académie de Turin a été fondée en 1505 •,
on y enfeigne la théologie, le droit, les mathématiques
la médecine. Long, fuivant CalTihi,
25 , 22 , 3p ; lat. 4 4 , *0. Selon M .d è la Lande.,;
fa long, eft de deg.S.zo1 ; fa lat., eft de. 45. deg.
41 .
Turin prit le nom de fés peuples appelles
Taurini par Pline, liv. I I I\ ch. 2j7^Us defcenr
doient dés Liguriens, & pouvoient avoir tiré
eux-mêmes leur nom du taureau qui étoit dans
leurs enfeignes. Annibal ruina cette v ille , parce,
qu’elle avoit refufé de s’allier avec lifi!/& comme,
o’étoit la place la plus forte fie ce q u a r tie r fa
ruine jetta une telle crainte dans î’cfprit des
peuples voifins , qu’ils fe fournirent a abord que
pe général parut. Jules-Céfar y établit une colonie:
romaine, & l’ appella Colonia lulia. K ugpfte,,
par vanité , changea ce nom en celui de Tau-
rinorum Augujla, nom fous lequel Ptôlé’méé,
Pline & autrës l’ont connue, On a d’anciennes ,
infcriptions où il eft paylé de çette ville fous
deux noms: lulia Augiejïa Tqurinqrum. Jupiter^
fiijîos Augufioe Taurihorum, P, Rutilivs Aug^Tàu-
rinorum proconfu . On peut çonl'ulter, fur les antir
quités de Turin, Marmara taurinenjia ; Taurini,
2. vol. in-4°.
Après que Turin eut été long-temps foumife,.
aux Romains, elle tomba, dans la décadence de
J’empire, fous la puiffance des Barbares ^ qui
ravagèrent l’ Italie, Les Goths, les Huns , îës:
Hérules & les Bourguignons', la poffédèrenf fiic-
çefïivement • plie appartint àüx Lçmbard? lorfque ;
ceux-ci s’emparèrent de la. Gaule cifalpine ; 8c
çlle fut la capitale d’ un des quatre duchés qui
composèrent le royaume de Lombardie. Quelques-
uns de ces ducs devinrent .fois tflttiie 9 entri*,
autres le duc Agilulphe, qui, conjointement avec
fa femme Théodelindô, nt bâtir l’églife cathédrale
en .602 , fous l’invocation de S. Jean-Bap-
lifje j 8c la dota richement,
Lorfque Charlemagne eut détruit le royaume
des Lombards en Italie, il paroît qu’il établit le
marquis de Suze à T urin, pour y garder le paf-
fage. des Alpes., & pour contenir les peuples
voifins dans l’obéiffance. Les iucceffeurs de Charlemagne
leur ayant continué la même charge ,
les marquis„de Suze fe la rendirent héréditaire ,
& devinrent maîtres dans Turin , en qualité de
fetidataires de l’Empire'/ Ce pouvoir fubfifta juf-
qu’à ce queJUlric Mainfroi, le dernier des marquis
de Suze, étant mort vers l’an 1032 , la ville
de Turinv palTa fous la puiffance des comtes, de
Savoie , par le mariage d’Adélaïde fille d’Ulric
Mainfroi, avec Ôddon, comte de Maurienne &
de Savoie : leurs dèfèendans en ont toujours joui
depuis,excepté durant quelque temps de'troubles.
Les , François prirent Turin_en 1536, fous
François,. I4*', qui-s’em^aira de' tous Jes états du
ducfie- Savoie,, Çharles-le-Bon, & ne la rendirent
qu’à la paix de 1562, au duc Philibert,
qui la choifit pour fa réfidence , & qui en fit
la capitale ,de fes,. états. Le comt.e d’Ltàrcourt la
prit encore en 1640,^ on vit à ce fiége une choie
fort ,,çxtrà^rdinaice v. lavoir, la citadelle afljégée
par le prince Thomas de Savoie, maître de la
•ville , la ville àlliégée par lé comte d’Harcourt,
& le comte d’Harcourt affiégé lui-même dans
fon camppar îemayqui§ dé Legangz. , Dans la
guerfce^du commencèrent de. ce lieçlé, le duc do
la Feuilîade ouvrit la tranchée devant cette ville
le 3 Juin iyôé /mais fie prince Eugène.., âpyès
une longue 8c pénible marche , força lés lignes
dés François, s’einpara de ïèur artillerîe , & fit
lever le fiége,. ,
Le duc P.hïlibert avoit fortifié Turin , mais le
duç Chârles Emnianùël Li^enHit la çâpitalë digné
du nom d’Augufie qu’elle porte' il en agrandit
l’enpeifjte , & prit foin de l’orner au dedans
d?édifices magnifiques, 8c d’ouyrà'ges au dêlî'orsv
propres fa dé^ptfe. Le palais ayante été brâlé en
grande partié^,, l’ an *16 jp 3 CHanes Emmanuel II
le répara, l’embelïit, 8c l’augmenta conlidéra-
bîèment.
R_ien s n’eft plus riant que les avenues & là
fituapon de Turin *, elle -l’emporté çès deux
égards fur prefque toutes les v illés" d’,I t a lié c’eft
d’^illeurl la plus régulière, une fies-m^H^ bâties .
8c des plus agréables de çe>; beau pays. Par le
moyen d’une riviefé: qui coule dans le plusvhaut
quartier^ de “la : Ville, ^on peut jetter un.petit
• rüilTeau dans toutes lès rués , 8c y entretenir
une grande propreté. lie direéteur ouvre l’éçlûfe
tqutepjles nuits,, &,diftnbuè l’eau a volonté dans
. tous les quartiers de la ville.
Turjn eft une ville, fie Opô,ooo habitans | elle
ia.jp.90 toifes de longueur depuis la poïte de Suze •
! jufqu’à la porte du Pô \ éllè eft ceXiïte de 1 1 baf*»
étions très-réguliets 8c très-forts. Les places de
iTurin & les rues de là ville lont d’unë régiila-
rité 8ç d’up alignement qui plàîfent infiniment à
i’étrpgci:
l’étranger. Ses rues, accompagnées dé portiques '
fe coupent à angles droits , & la plûpart de fes
portes font décorées. Les églifes , en général,
y font d’une grande beauté , & ornées de beaux
marbres -, celle de S. Jean - Baptifte , qui eft la
métropole , eft une des moindres , tant pour
l ’archiceclure que pour les ornemens. Léon X
érigea le fiége de Turin en archevêché, l’ an 1515.
A l’extrémité de cette églife , &■ au-delà du grand
autel , eft là chapelle royale du Saint-Suaire ,
qui eft de la plus grande richeffe , & qui fut
bâtie par Charles Emmanuel I I , fur les defiins
de Guarini. Elle eft revêtue intérieurement de
marbre noir très-poli les bafes & les chapiteaux
des colonnes font de bronze doré ; la coupole de
cette chapelle eft d’une conftruélion abfolument
fingulière , & qu’il feroit trop long de décrire -,
le pave eft de marbre bleu avec des étoiles de
bronze. Au milieu de la chapelle s’élève un grand
autel de marbre noir , fur lequel eft placée la
châffe où fe conferve le Saint-Suaire. Il eft difficile
d’accorder à cette pièce un grand degré
d’authenticité. On montre auffi un Saint-Suaire
à Rome •, on eii montre un à Befançon -, on en
montre un quatrième dans l’abbaye fie Cadouin
en Périgord. C’eft là que le roi vient ordinairement
entendre la melfe.
L’ordre du roi d e . Sardaigne eft celui de
l’Annonciade : les chevaliers , qui ne font qu’au
nombre de douze ou environ , font diftingués par
un cordon bleu ,\ou par une chaîne d’or par-
femée de rofes émaillées de blanc 8c de rouge ,
qui fufpend une repréfentation de l’Annonciation,
en émail -, ils ont d’ailleurs, une plaque, en bro-
derie.--
Le palais du fbuverain eft une grande maffe
de bâtimens , fans aucun ordre d’architeâure ,.
fans aucune décoration extérieure. Quant à l’intérieur
, tous les voyageurs conviennent qu’il fur-
pafle , par l’éclat, la magnificence & le g o û t,
les autres palais de l’Italie. On y voit une très-
belle collection de tableaux flamands & italiens :
les 4 élémens de l’Albane , & l’hydropique de
Gérardow, y fixent particulièrement les regards.
La galerie, eft une des plus belles de l’Italie.
La table ifiaque, placée dans la galerie des
archivés , eft un monument égyptien , très-précieux
-, elle a 3 pieds 10 pouces 3 lignes de
longueur , 8c 2 pieds 3 pouces 9 lignes de largeur
: la figure dominante eft une Iris aflife.
. Ce palais communique à celui de Savoie, qui
eft deftiné au duc de Savoie , fils aîné du ro i,
8c aux autres princes fie la maifon royale. La
façade, qui eft de la plus belle archite&ure , eft
ornée de colonnes corinthiennes ; l’entablement
eft furmonté f i ’ une baluftrade déçorée de ft^tues
&: de va.fes ; elle fùj: faite en 1720.
Le théâtre de T u r in , e f t , après celui de
Parme, le plus çonfidérable, le mieux compofé,
le plus complet, le plus richement 8c le plus
Géogr. Tome I I I .
floblemént décoré qu’il y ait en Italie *, il communique
au palais du roi : il a fix rangs de loges ,
& fert aux grands opéra* Le théâtre de Carignan,
qui eft près du palais de ce nom , eft deftiné
aux opéra bouffons , & pour la comédie françoife
qu’on y joue par intervalles.
L’ académie royale eft une école militaire deG*
tinée à l’éducation de la jeune noblefle , qui y
eft reçue moyennant une penfion modique. Le
roi paie les chevaux pour le manège, les domestiques
, & une partie des maîtres. Cet établif-
fement eft du roi Charles Emmanuel II.
L’univerfité date de 1405 ; mais c’eft Victor
Amédée I qui la rétablit vers l’an 1Ô30- U y a
24 profefleurs, fans compter pkifieurs fuppléants.
On y enfeigne la théologie Sc l’hébreu, le droit
civil 8c canonique, la médecine, la botanique
l’anatomie, la chirurgie, la philofophie , les
mathématiques , l’éloquence latine , l’éloquence?
italienne : d’ailleurs, le bâtiment de l’univerfit®
eft un très-bel édifice -, il s’y trouve une bibliothèque
compofée d’environ 40,000 volumes , uit
cabinet d’antiques;, & un medailler , l ’un des
plus complets de l’Italie. Il y a d’ailleurs le collège
royal des provinces, où s’élèvent , aux dépens
du ro.i, 100 écoliers tirés des différentes
provinces' de fes états. Ce collège a beaucoup
de réputation, & il reçoit grand nombre de
pensionnaires , outre ceux de fondation.
Le droit odieux d’afile dans les églifes n’eft
point encore aboli à Turin ; mais ce fiècje de
lumières ne tardera pas à le proferire, comme
un ufage criminel en fo i , honteux à la religion ,
8c pernicieux à la fociété dans fes conféquences.
Le palais Carignan , de l’ archite&ure de Guarini
, quoiqu’en briques/-8c d’ une architecture
chantournée, ne laiffe pas de plaire.
La place Saint-Charles , ou-place d’armes , &
la place du Château, font les deux plus belles de
Turin.
Les églifes de Saint - Philippe de Nérî , de
Sainte - Chriftine , du Saint - Sacrement , d é j à
Vifitation , de la Confolata, font les plus remar-'
quables. Dans celle de Sainte - Chriftine on
admire une ftatue de Sainte-Thérèfe, de le Gros •
qui eft un chef-d’oeuvre : le fculpteur a pris ùn
inftant d’extafe où la Sainte ouvre fes vêtemens
pour découvrir fon coeur à Dieu. Il règne dé
Penthoùftafme dans tout cet ouvrage , & la tête
eft pleine d’expreflion.
Cette ville a un mont-de-piété, où l’on prête
pour le terme d’un an , fans aucun intérêt ,
moyennant un gage qui faffe la fureté de la
banque. . .
La citadelle de Turin , commencée en r 564
par le duc Emmanuel Philibert, eft un pentagone
régulier, miné 8c contre-miné. Il y a un grand
puits où les mulets peuvent monter & defeendre
fans fe rencontrer, par le moyen d’un double
eicfiier aujourd’hui détérioré.
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