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Le pave eft de marbre. Cette première Bàfilique
du monde chrétien s’annonce par la fuperbe colonnade
du cavalier Bernin , au milieu de laquelle
on voit un magnifique obélifque égyptien
de granit oriental de 74 pieds d’un feul
j e t , & q u i, avec le piédeftal &: la croix, s^élève
à la hauteur de 114 pieds. L’églife eft précédée
par un beau veftibule qui a 2,1.9 pieds de longueur
dans oeuvre , 8c terminé à les extrémités
par les deux ftatues équeftres de Charlemagne
& de Conftantin en marbre , celle-ci du cavalier
Bernin. Elle a 575 pieds de long dans oeuvre,
42.8 pieds de largeur à la çroifée , & 142. pieds
de hauteur fous voûte: Le baldaquin fous lequel
eft lè maître-autel , eft le plus grand ouvrage
de bronze que l’on connoifle. Il eft compofé de
4 grandes colonnes torfes d’ordre compofite po-
fées fur 4 piédeftaux de marbre, oc enrichies
de cannelures, jufqu’an tiers de leur hauteur *,
le couronnement en eft très-heureux : fa hauteur
eft de 1X2, pieds. Le grand autel eft réfervé
au pape lorfqu’il officie pontificalement, & alors:
il eft décoré de chandeliers, d’or. Le dôme a 340
pieds de hauteur fous voûte ; 8c fa hauteur
totale eft de 408 pieds. A l’extrémité de l’ap-
fide eft la chaire de faint Pierre , renfermée dans
une autre chaire' de bronze doré , foutenue~ par
quatre dofteurs , deux de l’ëglife Latine, S. Ara-
broife & S. Auguftin -, deux de l’églife Grecque ,
'S. Athanafe 8c S. Jean Chryfoftôme, qui ont'
10 pieds de proportion. Ce monument eft du
cavalier Bernin ; aux^ deux côtés font deux fu-
perbes maufolées., l’un- de Paul III , l’autre-
d’Urbain VIII. A celui-ci on ne fe lafle point
d’admirer les belles figures du Bernin , pleines,
de grâces, 8c de vérité': les chairs y font
îllufion. C’eft au même artifte qu’eft dû le
beau maufolée- d?Àlexandre V I I , qui frappe par
l’idée ingénieufe 8c poétique de fa compofition.
L’églife de S. Pierre n’eft pas, en quelque forte,-
la première de la chrétienté , puifque le chapitre
de S. Jean-de-Latran a la prééminence
d’après la bulle du 2.1 décemhre 1569. Cependant
S. Pierre eft l’ëglife la plus célèbre, 8c
celle qui a le plus de privilèges & de ptéro*
gatives , en même temps qu’elle eft la plus
lomptueufe.
Le Vatican qui. tient' à l’églife de S. Pierre
eft le palais pontifical, quoique les papes habb
tent le plus fouvent, fur-tout en été , çelui de-
Monte- Cavallô. Le palais du Vatican n’a pas-
moins de 180 toiles de long fur 1-2.0 de large,
mais c’eft peu de chofe du côté de l’architecture.
Au refte , les peintures de Raphaël, les
ftatues antiques qu’on y admire , le MufoeUm ,
& la. fameufe bibliothèque qui s’y trouvent, le
rendent un des objets les plus dignes de l’em-
preffement du voyageur. C’eft là que fe voit
la chapelle Sixtine , où Michel - Ange peignit,
le jugement dernier, qui eft univerfeilement re-
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gardé comme fon chef-d’oeuvre 1 C’eft là qu<5>
dans la cour du Belveder on voit l’Apollon y
l’Antinoüs , le Laocoon, & près- de là le T o r fè y
qu’on regarde avec la. Vénus de Médicis , pour
les ftatues les plus parfaites qui foient forties-
du cifeau grec. Parmi les peintures de Raphaël ,,
ou de fa compofition , on diftingue le Père
éternel qui débrouille le ôahos , la bataille de
Conftantin , la meffe ora le miracle d’Orviète 9
la prifon de S. P ier re, 8c l’école d’Athènes.
Le palais dç Monte-Cav allô eft dans une très** -
belle fituation i les points de vue en font grands-
& variés, 8c l’air y eft plus falubre qu’èn aucun
autre endroit de la ville. Les bâtimens- en font
nobles , mais d’une extrême {implicite. En-
tr’autres beaux tableaux qu’on y vo it, eft celui-
de Sainte Pétronille ,, du G ù e r ch i- .i& qui pafler
pour le chef-d’oeuvre de ce maître.
Dans, la rue du Cours-eft l’académie dè France ,
fondée à Rome par Louis X IV en 1J>66 , pour
l’entretien de douze penfionnaires choifis parmi,
les élèvès qui ont remporté à Paris les prix de'
peinture , de fculptüre-, 8c d’architefture. Elle-
a. un dîreÛeur à fa tête;
La place Colonne reçoit fon nom de la Co-*
lonne Antonine, l’un des plus beaux monjimens
de l’antiquité. Elle a 1,35 pieds de hauteur , y
compris la bafe , le chapiteau 8c la ftatue de
S»- Paul dont elle eft lurmontée. Le fût de la
colonne eft, de 91 pieds la, ftatue de’ S. Paul
en a 13 , & le-piédeftal . de dette figure en à -é.
Cette fameufe colonne eft toute en marbre , 8c
entourée de bas-relief en fpirale; Quelques-uns-'
croient qu’elle fut élevée par- le fénat à l’empereur
Antonin le Pieux après- fa mort , mais«
on eft mieux fondé à dire qu’elle fut érigée à
Marc-Aurèle , appellé aufli quelquefois Divus
Antoninus ou Marcus- Antoni-nus*- Voyez C o*
lonne Antonine.
La Colonne Trajane eft infiniment plus belle É
& c’eft un des plus- précieux reftes . de l’ancienne
Rome. Elle fut élevée à l’empereur Trajan, après -
fa vicloifè fur les Daces ,; l’an loi de J. C. Sa
hauteur totale eft de 144 pieds-, y compris la
ftatue de bronze de S. Pierre , qui la termine-
8c qui y fut placée par Sixte V en 1588. Le;-
diamètre fnférieur de la colonne eft de 11 pieds-
x pouces. 6 lignes, 8c le diamètre lupérieur de
dix pieds. Elle eft formée" de 34 blocs de mar~-
bre , 8c décorée extérieurement de bas - reliefs-
très - eftimés , qui repréfentent l’hiftoire militaire
de Trajan.
Le Panthéon , la Rotonde , ou Sainte Marie*
aux-Martyrs , eft le plus beau refte de la magnificence
de l’ancienne Rome , & le feul temple
des Romains qui foit parvenu à nous, dans Ion
entier. Il fu t , dit-on , conftruit par Agrippa,
gendre d’Augufte *, mais , dans lé fait , Agrippa
ne fit que le portique , 8c le corps de l’édifice
, beaucoup .plus ancien , fut conftruit*
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fous ta république». Lorfque le pape Boniïacé IV
voulut abolir à Rome le, fouvenir de l’idolâtrie ,
xl convertit ce temple en une égliie qu’il dédia l’an
^ 07 à- la Vierge &r. à tous les Martyrs - *, 8c
Grégoire- IV en 830 , la confacra en l’honneur
de tous- les fàints, Le portique du Panthéon eft
fuperbe, & préfente l’afpea Je plus majeftueux.
I l eft d’ordre corinthien , couronné d’un fronton
porté fur 16 colonnes- de granit oriental, d’une
feule pièce, 8c de 15 pieas- 18 pouces- de circonférence
: huit fe préfentent de face. Ce porche
©u veftibule fe développe fur une étendue de 98
pieds 10 pouces. Ses portes-, de bronze, furent
enlevées, par Genfèrio, roi des. Vandales. On
leur en a fubftitué d’autres aufli de bronze , 8c
antiques» L’intérieur de la rotonde a 137 pmds z
pouces de diamètre entre les- axes- des. colonnes.
Sa hauteur eft égale à fa largeur. Sa voûte , en
hémilphère parfait, laiife à fon fommet une ouverture
circulaire de x j pieds de diamètre qui
lert à éclairer le temple, d’ailleurs fans fenêtres.
On y voit le tombeau de Raphaël, qui mourut
en 1 $zo , & celui d’Annibàl Garrache , qui lui.
fait pendant. Voyez Rotonde.
Le fuperbe efcalier- q u i, de la place d’Ef-
pagne s’élève aux Minimes, françois , dit de la
Trinité du Mont , eft un des. beaux monumens
dè Rome moderne. Il fut fait par le cardinal
de Polignac.,. ambaffadeur près le S. Siège. Les
Minimes dont nous venons, de parler, doivent
leur établiffement à Charles V III , roi dé
France , qui. les, fonda à la follicitation de
S. François- de- Paule, leur inftituteur. On voit
dans- l’ëglife un. fameux tableau de Daniel dé
Volterre , repréfentant une defeente de croix
e’eft un des plus célèbres qu’il y ait à Rome.
Après les palais du fouverain Pontife, les
plus vantés font les, palais Farnèfe, Borghèfe,
Gorfini, Colonne , Albani;, Rofpigliofi , celui
de-la Chancellerie, le palais de S. Marc, les-
palais- Barberin , Pamphile C h ig i, Rufpoli , auxquels
on peut joindre celui du grand duc , 8c
Pacadémie de France. Tous font décorés de belles
galeries ,. 8c enrichis de précieux monumens des
arts. L’étranger y admire les chefs-d’oeuvres des
diffiérerîtes écoles d’Italie, mêlés avec les ftatues
de l’ancienne’ Grèce & de ^ancienne Rome , qui
ont furvécu au ravage des temps.
Cette ville fut le foyer d’une école de peinture
très-fameufe qu’on défigne fous le nom
^Ecole Romaine } 8c qui reconnut pour fon
chef Raphaël d’Urbin.
Au fommet du Jànicule eft l’ëglife de S.. Pierre
in Montana, aux Récollets : l’on y voit au
maître-autel la fameufe transfiguration de Raphaël
qui pafïe pour le chef-d’oeuvre de ce grand
homme, & même pour le chef-d’oeuvre de la
peinture. Mais il eft mal éclairé> 8c dans: une
fituation peu favorable pour être bien vu. Le
ftijet de ce tableau eftT(otre-Seigneur ? qui ayant
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conduit S. Pierre, S. Jacques & S. Jean fur le
Thabor , devint en leur préfence tout rayonnant
de gloire, & transjiguratus efi ante eos• ( Matth. ) -
C’eft fur le Jànicule qu’étoit le tombeau de Numa
Pompilius.
Les cardinaux font les perfonnes. les plus éminentes.
de la cour de Rome , 8c le confeil ordinaire
du pape. Ils choififlent le fouverain , 8c
.o’eft toujours d’entre les cardinaux qu’il eft tiré.
Ils portent la foutane rouge 8c le chapeau rouge ,
fans doute pour leur rappeller qu’ ils doivent toujours
être prêts a verfer leur fan g pour la dé-
fenfe. de la foi. Leur nombre eft fixé à 70. C’eft
par eux que font remplies les charges les plus;
importantes- de la cour pontificale.
Lè Confiftoire eft Pafîèmblée, des cardinaux r
il fe tient en préfence du pape. La confùlte
eft la congrégation la plus importante pour le
gouvernement de l’état.
L’inquifition ou le S. Office, eft compofee de
douze cardinaux , d’un cardinal fecrétaire, d’un
commiffaire ou inquifiteur , qui eft toujours dominicain
, d’un prélat afieffeur, 8c des- conful-
teurs- qui font, jurifconfultes 8c Théologiens,
parmi, lefquels- font- toujours le général des dominicains
, le maître du facré palais , qui eft un:
religieux du même ordre 8c un cordelier con-
ventueL
La congrégation dès- Rites fixe les cérémonies
eecléfiaftiques. La Rote eft un tribunal de même
efpèce que nos parlemens. Elle connoît de toutes
les caufes. civiles au-deffiis. de 500 écus. romains
( 2.666 Üv.) . Les auditeurs de Rote font; au nombre
de douze , dont un Allemand, à la nomination
de l’empereur , un François , nommé par le roi ,
deux Efpagnols , un Tofcan , un Vénitien , un de’
Milan , un de Bologne , un de Ferrare ; les
trois autres doivent être Romains.
La chambre apoftolique eft un „tribunal pré-
pofé à- i’adminiftration des: revenus du fouverain.-
Les- troupes: du pape à Rome confiftent. en 9
compagnies de fbldats,, les cairafiiers, les che*
- vaux-légers, 8c les fuifles déftinés à la garde-
de S. Sainteté'. Le carnaval de Rome fe diftingue
par des courfës de chevaux, qui ont lieu tous-
les jours dans la rue du Cours , excepté le
vendredi:
L’académie dès arcades- a pour objet la poéfie
’ italienne. Le grand nombre des. membres qui
la compofént , ne donne pas. une haute idée de
I leurs talens:
[• Ori conçoit dé refte que- le droit d’afile qui f
I à Rome, eft attribué'aux églifes , éft un ufiiger
. abufif’, pernicieux , deftruétif de la fûreté pubii-
[ que , 8c fauteur, du crime & de la fcélératêffè.
| En parcourant Rome moderne, je 11’ai. point
I parlé de les antiquités, chrétiennes , parce qu’elles.
I font trop • embarraffées de légendes & de fables.
■ J’ai* aufli pafîe fois filence la deicription des
|, églifes qui n’ont rien de remarquable , outre que