
plus fort à l’appui de fon fentiment., Il donna.I
ce prince , i’abfolution dans l’églife de S. Denis ,
& propofa au clergé, dans l’ affembîée de Mantes,
de créer un patriarche en France, ou , ce qui
revient au même) de défleurdelifèr la couronné
pontificale. Ces deux choies le rendirent 11 odieux
a la cour de Rome , qu’elle lui refufa long-temps
les bulles pour l’archevêché de Sens, auquel il
avoit été nommé e n 1596. Enfin .lecardinal d’Of-
fat y travailla fi puiffamment, qu’il les obtint
en 1602. Renaud de Beaune devint bientôt après
grand-aumônier de France & commandeur des
ordres du roi. Il mourut à Paris, en 1606 , à
79 ans.
M. d eT h o u dit une, chofe finguliere der ce
prélat -, c’ eft qu’il é toit, pour air.fi dire., attaqué
d’une faim canine , fans que cet état ait nui
à fa fanté- A peine avoit - il dormi 4 heures ,
que la faim le contraignoit de fe lever pour déjeûner
: c’efl: ce qu’il faifoit réglement à une
heure après minuit i il fe repofoit 5 heures, &
puis il fe mettoit à table ; il faifoit la même
chofe à 8 heures ; il dînoit 8c collationnpit 4
heures après-, il foupoit amplement à l’heure ordinaire.
Il étoit volontiers une heure à table* i
c’efl: pour cela qu’il n’ aimoit pointa manger hors
de chez lui , & lorfqu’ un grand prince qui i’avoit
invité fouvent, fans l’avoir jamais trouvé défanné
d’excufes, lui demanda la raifort de ce refus, il
eut pour réponlé ; vos repas font trop courts ,
8c vos fervices lé fuivent de trop près.
Le plus étrange, c’efl: que, malgré.cette pro-
digieufe quantité d’atimens qu’il pïerioit, il n’en
étoit pas moins difpofé au travail d’efprit-, car
pour celui du corps , il s’ert gardoit bien, h’o-
fant en ufer de peur d’irriter fon appétit : nun-
quam, dit l’hiftorien , fomnolentior vifus, miUa
gravedine , aut dolore capitis tenebàtur , ferriper
a que fui compos & ad omni'a pâratus y extra riego-
tia quiétem , & confabulationçm féüqbàtur,
Je paflê aux Amples hommes; de lettres ^ natifs
de Tours, & je trouve d'abord,MM. (Jean 8c
Julien) Brodeau., iffuS d’ une faniille illnftre 8c
féconde en gens de mérite. Jean Brodeau , ç é f
lèbre écrivain du feizième fiècle, mourût dans fà
patrie, où il étoit chanoine a S. Martin, l’an
1563 , âgé 5de £3 ans. Il publia diver's Ouvrages
de littérature, qui font eftiinés des fa-vaiVs. On
fait fur-tout cas de lés 10 livres de Mifcëlla-
jiées , de fes Commentaires fur lesf épigfammes
grecques , de fes notes \fur Euripide -, fur Martial
, fur Oppian & fur -Âppiè».
« Jean Brodeau , dit M.' de Thou , né à Tours,
» des premières maifons;de la1 ville J avoit «tu-
» dié avec Pierre Danèà-, & ayant été en Italie
p grand arni de Pierre Sidolet, de Pierre Bembo ,
» tous deux cardinaux-, ide:Baptifte Egnace, de
» Paul Manuce , & d’un ogrand nombre dè fa-
» vans-, il avoit ajouté â*la p h ilofop liie en
» quoi il étoit habile, une grande connbiffance
* l es.^thématiques & de la langue - faînte^
» Enfuite étant revenu en fon pays , il s’aban-
y> donna a une vie tranquille , non pas toute*
» fois oiflve, comme le témoignent quantité d’ou-
» vrages d’érudition que cet excellent homm©
» laiilâ publier plutôt fous le nom d’autrui que
fous le fien. »
Brodeau ( Julien) , avocat au parlement d©
Paris , s’eft diftingué par des commentaires fur
là coutume de cètte v ille , 8c des notes fur les
arrêts de Louet. On lui doit aulfi la vie do
Charles Dumoulin. Il eft mort en 1635.
Grécourt ( Jéan-Baptifte Jofeph Villart d e
chanoine de S. Martin de Tours, 8c poèteFrançois
, mourut dans fa patrie , à 59 ans. Ses
oeuvres ont été imprimées en 1748 , & plufieurs
autres fois depuis; Elles contiennent des fables
des madrigaux , des chanfons, des contes, des
-epigrammes, 8cc. où l’on remarque un efprit
aile , naturel , & quelquefois agréable , mais
l’obfcénité, la licence & le libertinage qui règnentt
dans la plus grande partie des poéfies de ce chanoine
, en interdifent ladeâure à toute perfonne
honnête;
Son poème de Philotarius eut dans le temps
un grand fuccès. « Le mérite de ces fortes d’ou-
» vrages, dit M. de Voltaire, n’eft d’ordinaire
» que dans le choix du fujet & dans la malignité
» humaine. Ce n’eft pas qu’il n’y ait quelque®
». vers bien faits dans ce poème. Le commen?
» cernent eft très - heutéux , mais la fuite n’y
» répond- point. Le diable n’y parlé pas aulfii
'» plaifammtent qa’ il- efl: aniené. Le ftyle efl: bas ,
» uniforme, fans dialogue , fans grâces, fans
>5 fineflè ,i:fans pureté, fans imagination dans.
» l’exprefiion 3 & ce n’eft enfin qu’une hiftoire
»/fatyrique de labùlle Unigenitus, en vers bur-
<>?. lefques.5> parmi lefqüels il s’en trouve de très«?
» plai là-ns • »
Guyet ( Charles ) , Jéfuite, né l’àn iôoi , &
mort eh 1664 -, il s’attacha à là connoiffance des
cérémonies' de .l’églife ,' & .fit fur les- fêtes un
gros livre intitulé : heoriolpgia fjîv ë de fejïis pro-
priis lô à o him à Paris , chez Sébaftien Cramoily,
i:65,7 > in-fol. C’efl: une eritreprifé plus difficile
qu’utile,, que celle d’expliqüei- les fêtes de chaque
,lîeu. '
Houdry (Vincent ) , jéfuite, connu par uh
grand & médiocre • répertoire , 'intitulé la Biblio?
theqüe, des Prédicateurs. Il naquit en 1631 , &
mourut en 1720, âgé de 99 ans & 3 mois.
; Martin ( dom Glande),‘bénédictin , a fait des
méditations chrétiennes, en,deux vol. in-/j.°. &
d’aûtrés ouvrages de piété: Il efl mort en 1Ô99 ,
à »78 ans:
Mornac; ( Antoine ) , un1 dès célébrés jùrifeon-
,fuites :de fon temps , & dont les oeuvfes • orit été
imprimées à Paris, en 172,4-, eh 4 vol iti-foU
-Il efl: mort en.11619, âgé d’ehvircJn 60 ans.
Rapin (René) jéfuite , né en 1 6 1 1 , s’ attacha
a Paris, en qualité de préfet, à des jeunes
gens du premier rang , ce qui le mit a portée
d’acquérir l’ ufage du ,monde. Les grâces de fon
efprit fe font remarquer dans fes poéfies latines ,
& principalement dans fon poème des jardins,
Sa connoiffartce des belles-lettres l’engagea de
mettre au jour les comparailbns de Virgile &
d’Homère1, de Démofthene 8c de Cicéron , dé
Platon & d’Ariftote , de Thucidide & de Tite-
Live. On leur fit un grand accueil dans le temps -,
mais on ne les lit plus guère, peut-être à çaufë
du fty le , qui eft recherché , froid 8c diffus. Tous
fes autres ouvrages* font peu de chofe, & en
particulier fes réflexions fur la philofophie, fruit
du préjugé, ne font pas honneur à fon jugement.
Il mourut en 1687 , à 66 ans. Une bonne
édition de fes poéfies. latines eft celle de Paris,
en 172,3 , 3 vol. in - ix .
Louis XI fit bâtir près de Tours, & joignant
cette ville , une maifon royale appellée PleJJis-
le[-Tours , où il mourut en 1583. Il y fonda
une églife collégiale 8c un couvent de minimes,
le premier que ces religieux aient eu en France.
Ce" prince y avoit fait venir d’Italie leur fondateur
S. François de Paule , dans l’efpérance
qu’ il le guériroit. On remarque dans l’églife :
collégiale de Pleffis - lez - Tours un tableau de
Michel-Ange, - qui y a beaucoup fouftèrt de
l’humidité. ,
C’eft auffi près de Tours , 8c fur la droite de la
Loire , qu’eft la célèbre abbaye de Marmoutiers,
où fe tiennent les chapitres généraux de l’ordre
de S. Benoît. L’églife & la maifon en font magnifiques
-, on y conferve une fécondé fainte-
ainpoule qui fut employée au l’acre' de Henri I V ,
en 1594. (E.) Tours , petite ville de France, en Auvergne,
éle&ion de Clermont. (R.)
TOURSOIRAC , abbaye de France, au dio-
cefe. de Périgueux , ordre de S. Benoît.. Elle a
io,ooo liv. de revenu. (Æ.),
TOURY , bourg de Vrance, dans l’Orléanois,
éledion de Pithiviers , fur la route de Paris à
Orléans. (Æ.)
TOUS, ou Thous. Voyei Mesched. ‘
TOUSERA , ville d’Afrique , en Barbarie ,
capitale du Bilédulgérid , dans un terroir abondant
en dattes. Elle dépend de la régence de
Tunis. Long. x8 , 30 y lat. 30., 30• (J?.)
TOUSSAINT, abbaye de France, en Champagne
, au dîocèfe de Châlon. Elle eft de l’ordre
de S. Auguftin , 8c vaut 24,000 liv. (IL) Toussaint, abbaye de France, au diocèfe
d’Angers. Elle eft de l’ordre de S. Auguftin ,
& vaut 20,000 liv. (IL)
TOUVRE ( la ) , rivière de France, en An-
goumois : elle tire fa fource d’ un rocher efearpé,
& fe jète dans la Charente après une , lieue 8c
demie de cours j mais fa fource eft remarquable
par fa beauté, car elle a plus de 12 braffes d’eau,
de profondeur. (JL)
TO WCESTER, ville ou bourg à marché d’Angleterre,
dans Northampton - shire. Cambden
veut que ce foit le Tripontium des anciens , &
qu’on l’appelloit ainfi à caufe de fes trois ponts.
Cette place devint une ville forte, dont les
Danois ne purent s’emparer, après plufieurs
affauts confécutifs, & également inutiles.
C’eft dans le voifinage de Towcefter que
naquit, en 1638 , Bernard (Edouard) , favant
critique , ainfi qu’aftronome. Smith a donné la
vie. Sort génie n’étoit pas d’un caractère a fe
renfermer dans les limites de la Grèce 8c de
Rome : il entreprit d’acquérir les fciences de la
Paleftine , de la Syrie , de l’Arabie & de l’Egypte
-, 8c dans ce deffein il apprit les langues
de ces divers pays. De là vint qu’en 1668 il fe
rendit à Leyde pour confulter les manufcrits
orientaux que Jofeph Scaliger 8c Levinus Warner
avoient légués à la bibliothèque de cette académie.
Il fut nommé à la chaire d’aftronomie de
Savile , en 1673. L’ univerfité d’Oxford ayant
formé le deffein de publier une édition des
anciens mathématiciens ,. M. Bernard raffembla
tous les livres de ce genre qui avoient paru
depuis l’ invention.de l’Imprimerie , & tous les
manufcrits qu’ il put déterrer dans les bibliothèques
bodleïenne 8c favilienne 3- il rangea le
tout fous diverfes claffes , & en dreffa le plan
qui devoit contenir 14 vol. in-fol. C’eft grand
dommage qu’ un fi. beau projet n’ait point eu
d’exécution.
En 1676, Charles II l’envoya à Paris, en
qualité de gouverneur des ducs de Grafton 8c
de Northumberland , fils de ce prince & de la
ducheffe de Cléveland -, mais la fimplicité des
moeurs de notre favant ne s’accommodant point
du genre de vie qu’on menoit chez la ducheffe,
il revint «au bout de l’année dans fa retraite
chérie d’Oxford. Elevé dans l’ cbfcurité du cabinet,
peu fait à la flatterie qu’on demande chez
les grands, n’ayant point cette légéreté de con-
verlàtion , cette galanterie oifive , 8c ces propos
menfongers f i néceffaires auprès des dames , i l
s’apperçut qu’il étoit peu fêté dans une maifon
où l’on ne favoit pas refpeéter les vertus réelles.
Il s’en confola b ientôt, 8c prit le parti de voir
les favans de Paris , de vifiter les manufcrits >
8c de ramaffer quantité de livres rares*
De retour en Angleterre , il publia divers
morceaux dans les Tranfaâions philofophiques ,
fur la plus grande déclinaifon du fo le il, & fur
la longitude 8c la latitude des principales étoiles
fixes. En 1684, il prit le degré de doâeur en
théologie, & obtint un bénéfice à 9 milles
d’Oxford. En 1695 , il fit le voyage de Hollande
, & y acheta quantité de manufcrits orientaux
de la bibliothèque de Golius, pour le doc «