
n S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
*“ ' fortunes réduits a 1 extrémité : nous avons tous les
A N. 431. jours, pour ainiî dire , la mort devant les yeux : les
Juin«. excès de C yrille & de Memnon font au-deflus de la
fureur la plus barbare. On nous infulte continuellement
, comme dans une guerre ouverte. On a déjà
deux fois mis des écritaux à nos maifons , pour les
marquer à ceux qui dcvoient les attaquer : toutes les
eglifes nous font fermées. Confumez de maladie ,
nous nofons montrer la tête , pour prendre un peu
d air. Nous vous iupplions donc d’avoir pitié de nous,
de nous délivrer de la mor t , & de faire en forte que
nous allions à la ville im'pcrialc rendre raifon de notre
f o i , & prouver l’herefie & la malice de ces gens-là':
autrement nous ferons en proie à leur fureur. Nous
vous conjurons , par vos enfans , par ce que vous
avez de-plus cher , par le jugement de D ie u , de ne
nous pas abandonner, & de nous tirer d’ici au plus
yîte , afin que nous refpirions librement. La lettre
a Scolaftique n’eft pas fi pathétique , quoiqu’elle contienne
les mêmes plaintes ; & ils le prient de faire en-
forte que leurs lettres foient lues à l’empereur. Ils en-
voierent toutes ces lettres au comte Irenée , quiétoit à
Conftantinople , & reçurent de lui quelques jours
après une relation de ce. qui s’y étoit paifé depuis fou
arrivée.
Lettre du comte ii A peine, d it-il | puis-je maintenant vous écrire , Sc
*Icnee' , trouver un porteur a mon gré. Les'Egyptiens avoient
C o n c .E p h .p . 'j in . 1 * • / \ S p - ' S - prévenu de trois jours mon arrivée a Conftantinople,
Ils avoient préoccupé tout le monde par leurs men-
fonges & leurs calomnies contre nous ; en forte que
les perfonnes conftituées en dignité croient que cette
fjelle depoficion ( il veut dire celle de hleftorius )
L i v r e v i n g t - c i n q u i e ’ m e . n ?
setoit faite par un jugement précédé d’une inftruc-
tion régulière, & dans l’aiFemblée de tous les évêques
qui avoient prononcé tout d’une voix une fentence
par défaut. Ils avoient perfuadé au magnifique Scolaftique,
que Neftoriusnefouffroit pointquel’on prononçât
à Ephefe le mot de Theotocos. Toutefois par la
force invincible de la vérité & par vos prières, aïant
eifuïé les premiers périls , j’ai fait en forte de parler
aux magiftrats , & de leur expofer la vérité de la
ehofe. Ils ont été obligez de le rapporter à l’empereur ;
& enfin après plufieurs difeours de part & d’autre , il
a été réfolu que l’empereur nous entendroit les Egyptiens
& moi en préfence des magiftrats. J’avois beau
protefter que je netois pas venu pour ce fu je t, que je
n’avois pas reçu ces ordres des évêques, &c que1 j’étois
un fimple porteur de lettres ; j’ai penfé être mis en
pièces pour ce difeours.
Donc , par l’aide de Dieu , nos adverfaires ont été
condamnez | comme ne pouvant foutenir en aucune
maniéré , ni les aétes de la dépofition , ni les men-
fonges qu’ils ont avancez ici : car on montroit clairement
que l’Egyptien n’avoit point convoqué la felfion
dans l’ordre ; qu’il ne pouvoir jug e r , étant lui-même
un de ceux qui devoient être jugez -, & qu’il ne devoir
pas entamer la matière fans le confentement du
comte Candidien. On lut toutes fes proteftations : la
lettre de l’empereur au concile dont il étoit porteur,.
&i tout le refie fut expliqué : en forte que les ennemis
de là vérité furent condamnez tout d’une V o ix , &
votre jugement reçu & approuvé. La dépofition de
1 Egyptien fut auili-tot envolée dans l’églife de la part
A n . 431.
Juillet. ,