
ï o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
J’ai lû la requête que vous m’avez en v o ïé e , eom ’
me devant être prefentée à l’empereur -jamais parce
qu’elle eft pleine d’invecftives contre notre frere , je
la i retenue, & j’en ai dhfté Une autre, où je le recufè
pour juge, & jé demande^que cette caufe foit portée à
un autre tribunal : vous la préfenterez s’il cil befoin^
Si vous voies qu’il continue à m’attaquer , écrivés-le
moi foigneuièment, & je choiftrai-desffiommes fages
& p ieux , des évêques & des moines, pour envoïer à
la première occafion. Agiffez done vigoureufement,
car je vais écrire ce qu’il fa u t, & à qui il faut. Je fuis
refolu de ne me point donner de repos , & de tout
fouffrir pour la foi de. J. G.
Saint Cyrille écrivit en effet plufieurs autres lettres
fur ce iujet. Il y en a une à un ami commun de lu i& de
Nefforius , que l’on croit être Acace de Melitine , où
il parle ainii : S’il ne s’agiffoit que de la perte de mon
bien , pour faire ceffer le chagrin de mon frere j’au-
rois montré que rien ne m’eft plus précieux que la
charité ; mais puifqu’il s’agit de la foi, & que toutes les
eglifes ont étéfcandalifées-; que pouvons-nous fa ire ,
nous à qui Dieu-a confié la prédication de fes myfte-
res ; & fur qui feront jugez ceux que nous'aurons ia-
ftruits ? Car ils dironrau jour du jugement , qu’ils ont
gardé la foi-, telle qu’ils l’ont reçue de nous. Chacun
des laïques rendra compte de fa vie : nous rendrons
compte de tous ceux qui croient en Jcfus-Chrift, je
ne fais point,d’état des injures & des calomnies. Je les
oublie volontiers, Dieu en fera juftice ; fativons feulement
la fo i , & je ne coderai à perfonne en: amitié
pour Nefforius. Je le dis devant Dieu , je fouhaitc
qu’il foit plein de. gloire en Jefus C h r ift , qu’il efface*
L i v r e v i n g t - c i k qjj i i e ’m eï t i
les taches du paffé, & qu’il montre que ce netoit que . ^ .
calomnie ; s’il nous eft ordonné d’aimer nos ennemis,
combien plus devons-nous aimer nos freres & nos collègues
î mais fi quelqu’un trahit la f o i , nous fournies-
bien réfolus de ne point trahir nos ames , quand il
nous en devroit coûter la vie -, autrement de quel front
©ferions-nous faire devant le peuple les éloges des
Martyrs ?
Nefforius ayant reçu la fécondé lettre de S. C y - Seco*; fen?
fille , y répondit plus amplement, mais auffi plus ai- ae Nedorms » s.
grement. Il l ’exhorte à lire avec plus d’application les Cy“lle'
y> . r 1> - 1- 1 1 7 C m c .E p h . f . 14-
écrits des anciens, & 1 accule d avoir di t , que le V er- t. ?.
be divin fût paflible , quoique S. Cyrille l’eût nié 57.
formellement. Il femble admettre l’unité de perfon-
nes , en difan t,. que le nom de Chrift fignifie la fub-
ftance impaflible, en une perfonne finguliere & pallia
ble en monalico profopo , & que les deux natures font
liées en une perfonne , eis henos profitait fynapheian"
Mais pan ces mots il n’entendoit, comme il fait voir
ailleurs , qu’une union de volonté & de dign ité , eri
forte que le Dieu & l ’homme fiffent un même perfom
nage , une union morale & non pas une union réelle.
G ’eft pourquoi il m’ufe pas du mot d’hypoftafe , maïs
de profopon , qui en grec fignifie moins qu’en latin celui
de perfonne : il emploie auffi le mot defynapheia, ,
connexion -, & non celui de henojîs, union. Il foutienc
que la faintfe Vierge ne doit être appellée que mere de
Chrift Chrijîotocos ; & non pas mere de D ieu , Theoto-
ces : parce qu’encore que le corps de Jefus-Ghrift foit
le temple de la divinité , on ne peut attribuer à la divinité
les proprietez de la chair , comme d’être né r
d'avoir fouffert, d’être- mort : fans tomber dans les-
C üj.