
2 . 6 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e.
Le fucceifcur de faint Cyrille dans le fiege d’À-
■ N- 4 4 G Iexandrie, fut Diofcore fon archidiacre , qui étoit
Lettre de s. Leou en grande réputation de vertu , particulièrement de
modeftie & d’humilité. Il n’avoit point été marié, 8c
uilrat. gagna d’abord l’affeétion du peuple d’Alexandrie ,
en prêtant de l’argent fans intérêt aux boulangers
& aux cabaretiers ; afin qu’ils fournilTent au peuple
du pain blanc & d excellent vin à bon marché. Mais
on prétendait,, que pour trouver le fonds de cette
dépcnfe, il avoir exigé de grandes fqmmes des lie-
ritiers de faint C y rille , les .chargeant de calomnies.:
Il envoïa à Rome le prêtre Poilidcnius, donner part
EPifi. r i . a i. si. de fOI1 ordination au pape faim Léon , qui fit ré-
ponfe par une lettre dattée du vingt-unième de
Juin 44J. Il y donne à Diofcore quelques inftruc-
tions j pour l’uniformité de la difeipline : ne doutant
pas que faint Marc n’eût enfeigné à fon églifc
les mêmes réglés que faint Pierre , dont il étoit dif-
ciple. Saint Léon veut donc que l’on obfervc à Aie-
s*f. / Ixvr- »• xandrie comme à Rome , de ne faire les ordinations
ifi. q, a d des prêtres 8c des diacres , que le dimanche j que-
ceux qui donnent l ’ordre 8c ceux qui le reçoivent y
l'oient à jeun. Il veut auffi que dans les grandes fêtes
, quand le peuple vient à l ’églife en fi grand nombre
qu’il ne peut y tenir cnfemblc , on ne faffe point
difficulté ,de réitérer le facrifice, autant de fois que:
l ’églife , dans laquelle on le doit faire , fera remplie
de peuple : déclarant que c’eft la coutume de l’é-
.glife Romaine. On voit ici qu a Rome 8c à Alexandrie
, on n’offroit encore le faint facrifice que dans
une feule églife,, même aux plus grandes folemni-
ns"*' ub' rJM'‘ tes. Saint Léon dit : que le prêtre PoiEdonius étoit
L i v r e v i n g t - s e p t i e ’m e .' 1 6 7
ïarfaitement inftruit dés ufages de Rome, par les fre- - •
L en s voïages qu’il y avoit faits ; ce qui fait croire A * % 4 4 i-
que c’eft le même qui avoit été envoie par S- Cyrille
au pape faint Céleftim v _
Cependant Celidoniùs eveque Gaulois vint a Ro- p Iaintes contre
ítie fe plaindre de faint Hilaire d’Arles I qui l'avoir s. Hiiai« am«.
dépofé dans un concile. Saint Hilaire faifant fa vi- g^°viffS Huar.
ftte avec faint Germain d’Auxerre , arriva à la ville AM.c,it.n.
dont Celidoniùs étoit évêque : apparemment dans la
province de Vienne. Les nobles & le peuple vinrent
,aufli-tôt a eux , accufañt Celidoniùs d’avoir époufé
une veuve , & d avoir condamne des gens a mort,
pendant qu’il étoit magiftrat. Saint Hilaire 8c faint
Germain ordonnèrent, qu’on préparât les témoins.
Plufieurs autres évêques dun grand mérité sa.ffem-
blerent avec eux. On examina 1 affaire avec toute la
maturité poffible : l’accufation fut prononcée ; & on
jugea fuivant les regles de l’écriture , que Celido-
nius devoit de lui-niême renoncer à l’épifcopat.
Ç ’eft de ce jugement qu’il vint fe plaindre au pape
_ faint Léon , vers la fin de l’an 4 4 4 . Saint Hilaire
l ’aïant appris , paffa les Alpes nonobftant ,1a rigueur
de 1 hyver , 8c vint a Rome a pied car il
faifoit ainfi tous íes voïages par amour pour la pauvreté.
Après avoir vifite les eglifes des apotres 8t
des martyrs, il vint fe prefenter à faint Léon, avec
toute forte de rcfpcét : le fupphant de maintenir
à fon ordinaire la difeipline des églifes , & fe plaignant
que l’on admettoit à Rome aux faitlts autels
des évêques condamnés dans les Gaules , par fen-
tence du magiftrat. Il le conjura , fi la remontrance
lu i eft agréable , de faire corriger fecretememt cet