
i 8 S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
niere de combattre les différentes herefies , anciennes
& nouvelles. C eft ce que contient le premier avertif-
iement de Vincent de Lerins. Le fécond contenoit
1 application des réglés précédentes , & la maniéré
d emploïer les autoritez des peres , par l’exemple
du concile d Ephefe ; mais ce fécond mémoire fut
^ Gemad. d é r o b é à V in c en t, avant qu’il l’eut mis au net ; &
. il fe contenta d ajouter a la fin du premier une récapitulation
de tout l ’ouvrage : finiffant par les autoritez
des deux papes faint Sixte & faint Celeftin contre
Neftorius.
Ecrhf ï ’ famt Quoique Vincent parle fouvent dans cet ouvrage
ïroiper. des Pelagiens , comine d’heretiques condamnez : on
ne laifle pas de le foupqonner, d’être le même V in cent
j auteur des objeéhons aufquelles faint Profpet
a repondu. Ce foupçon eft fondé fur la conformité
du nom & le voifinage de Caifien , & des autres
pretres de Marfeille, qui attaquèrent vers ce même
temps la doétrine de faint Auguftin fur la g râ ce ,
comme exceffive & dangereufe , par les confequences
qu ils en tiroient. Ces prétendues conféquences font
renfermées en feize propofitions fauffes & fcanda-
leufcs, qui fe reduiient a dire : que Dieu ne veut pas
fauver tous les hommes ; qu’il en a prédeftiné le plus
grand nombre à la damnation , qu’à ceux-là , le falut
eft impoflible, & que Dieu eft l’auteur de leurs pe-
chez. Saint Profper répond à chacune en particulier ,
montrant combien la doétrine de l’églife en eft éloignée.
Il dit entr autres chofes que la prédeftination de
Dieu n eft caufe de la chute de perfonne , & qu’il n’abandonne
point celui qui le doit quitter, avant que
lui-meme l’abandonne -, au contraire , il l’empêche
!
L i v r e v i n g t - s i x i e m e . j89
fouvent de le quitter , ou le fait revenir , après qu’il
l’a quitté.
Saint Profper. répondit encore à quinze articles pro-
pofez par des Gaulois , contre la dôéfrine de faint Auguftin
: qui fe réduifent à peu près au même fens que
ceux de Vincent. Sçavoir , que la prédeftination im-
pofe aux hommes une necellité fatale de pécher : que
le libre arbitré n’eft rien ; que Dieu ne veut pas fauver
tous les hommes j & que Jefus- Chrift n ’eft pas mort
pour tous. Saint Profper , après avoir répondu à chacune
de ces objeétions, les reprend toutes à la fin , &
les qualifie chacune en particulier. J l dit encore en cet
ouvrage que ceux qui tombent ne font pas abandonnez
de Dieu , afin qu’ils l’abandbnnent ; mais ils l’ont
laiffé, & ont été laiftez , & font changez de bien en
m a l, par leur propre volonté. Et enfuite : Si Dieu
fait tomber celui qui court bien , il rend donc le mal
pour le bien , & punit injuftement ce qu’il fait faire.
Que peut-on penfer de plus infenfé ? Et .encore :
Quoique la toute-puiffance de Dieu pût donner à
ceux qui devoient tomber la force de fe foutenir :
toutefois fa grâce ne les a point quittez , avant qu’ils
l ’euffent quitté. Et encore : Celui qui dit que l’obéif-
fance eft ôtée à quelques juftes , a mauvaife opinion
de la bonté & de la juftice de Dieu. Il foutient que
l ’on peut dire que tous les hommes ne font pas appeliez
à la grâce : puifqu’il y a des peuples à qui l’évangile
n’a pas encore été prêché , & des enfans qui
meurent fans baptême. Dieu toutefois prend foin de
tous les hommes, & il n’y en a aucun qu’il n’avertiffe',
foit par la prédication de l’évangile, foit parle témoi-
A a iij
Ad.
A d . 1»;
Sent, y ,
S ent. \z*
A d . 4 ,
A d .% ,