
3 H i s t o i r e E c c x e s i a s t i q u e ?
prouve enfuite que celui qui eft né de la fainte Vierge?
eft Dieu par nature puifque le fymbole de N icée dit»
que le fils unique de Dieu engendré de fa fubftan-
ce , eft lui-meme defcendu du ciel , & s’eft incarné.
Il ajoute : Vous direz peut-être : La Vierge eft-elle
donc mere de la divinité ? Nous répondons : Il eft confiant
que le Verbe eft éternel & de la fubftance. du
pere, Mais dans l’ordre de la nature , encore que les
meres n’aient aucune part à la création de l’ame , on
ne laiife pas de dire qu’elles font meres de l’homme entier
, & non pas feulement du corps ; & ce feroit une
impertinente fubtilité de dire nElifabet eft mere du
corps de Jean & non pas de fon ame. Nous difons de
même de la naiiTance d’Emmanuel : puifque le Verbe
aiant pris chair eft nommé fils de l’homme. Saint C y rille
emploie ici l ’exemple de faint Jean-Baptifte, parce
que Neftorius s’en étoit fervi dans un de les fermons,
en difant: Jean a reçu l’efpritde Dieu dès le ventre de
fa mere, & toutefois on ne dit point qu’elle foit mere
de l’efprit. Dans le refte de la lettre aux folitaires ,
faint Cyrille prouve au long l'unité de Jeius-Chrift ,
par l’abaiifement du fils de Dieu qui s’eft anéanti pour
prendre la forme d’efclave : par l’adoration que toutes
les créatures lui rendent, parce qu’il eft nommé Dieu
& feigncur ; parce qu’il eft mis au deilusde Moïfe & de
tous les prophètes : parce qu’il nous a rachetez par fa
mort. Enfin s’il n’étoit véritablement Dieu , les Juifs
& les Gentils auroientfujetde nous reprocher que nous
adorons un pur homme.
S. C y r ille , auifi - bien que Théophile fon oncle &
fes autres prédeceifeurs , é.crivoit tous les ans des let-
£fes pafcales pour marquer les fêtes mobiles, & particulièrement
L i v r e v i n g t -c i n qu i e’m e .’ 9
ticulierement la pâque ; & nous en avons trente. Dans
la dix-feptiéme , il parle du myftere de l ’Incarnationé
& réfuté les erreurs de Neftorius , particulièrement
fon premier fermon : or cette lettre annonce la pâque
prochaine pour le douzième-jour du mois Egyptien
Pharmouthi qui revient au feptiéme d’A v r i l , auquel
j-ourfuteffe£tivementla pâque en 4 15 . Ainfi cettedix-
feptiéme lettre pafcale de faint Cyrille doit avoir été
écrite avant lefixiéme de Janvier 4 19 .car ces lettres le
lifoient dans les églifes le jour de l ’Epiphanie. On croit
que faint C yrille écrivit vers le même temps fes feolies
fur l’Incarnation , où il explique les mots de C h r ift ,
Jefus , Emmanuel ; & la nature de l’union de l'humanité
avec le Verbe : pour montrer que cette union eft
reelle & fubftantielle. Ce traité eft fait pour l’inftruc-
tion de ceux qui n’etoient pas aifez verfez en cette matière
: la méthode en eft géométrique , commençant
par l’explication des termes, & paflant des propofi-
tions plus fimples aux plus compofées.
La lettre aux folitaires d’Egypte fut bien-tôt portée
a C . P. ou faint Cyrille avoit des ecclefiaftiques pour
les affaires defonéglife : elle yffut d’une grande utilité-,
& plufieurs magiftrats en écrivirent à,faint Cyrille ,
pour le remercier. Mais Neftoriusen fut extrêmement
irrite -, il y fit répondre par un nommé Photius ; &
chercha d’ailleurs tous les moïens de nuire à faint C y rille.
Il y avoit a C . P. quelques Alexandrins que
faint Cyrille avoit condamnez pour leurs crimes ,
félon les canons, l’un pour a v o ir ’opprimé injufte-
roent des aveugles & des pauvres? l’autre pour avoir
tiré lepée contre fa mere , l’autre pour avoir dérobé
de 1 or avec une fervante , & avoir toujours eu une
Tome V I. g
A n . 41.9.
*z/. G amer, pr&f.-
Srhol.q. 116.
Cyr. epift. 1. ad
Ne/t. 1, p.
C. ii~
C. 8. iràt