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douceur. Tous les gens de bien témoignèrent par
leurs acclamations, qu'ils approuvoient ce choix,&
perfonne n’ofa s’y oppofer : ainfi il fut confacré
évêque.
Une autre ordination mémorable, fut celle de
Simplicius de Bourges. Le fiege étant vacant, il y
eut des grandes faétions, 8c plufieursdemandoient
ouvertement l’épifcopat, julqu’à offrir de l'argent.
Sidonius évêque deClermont dans la même
province fut appellé par le décret des citoïens, pour
affifter à l’éleéf ion ; Sc voïantles brigues, le grand
nombre 8c l’imprudence des prétendans, il écrivit à
Agrecius de Sens m étropolitain de la p rovince voi-
f în e ,le priant de venir à Bourges préfider à cette
cleétion avec les évêques fesfuffragans; parce que
ceux de la province de Bourges, qui éroit la p remière
Aquitaine, n’etoient pas en nombre fuffi-
fant : car il ne reftoit de cette province que la v ille
de Clermont en Auvergne fous l’obéïffance des Romains.
Le peuple de Bourges fc rapporta de l’élection
à Sidonius feul. On lui dit tant de bien de Simplicius
, qu’il crut le devoir nommer, quoiqu’il ne
fut que laïque. Toutefois il confulta auparavant
Euphronius évêque d’Autun, promettant de fuivre
fon avis. Enfin Sidonius pour déclarer fon choix, fie
un fermon en prefence de toute l’affemblée ; & d’A-
grecius de Sens qui prélidoit. Il s’exeufe d’abord
fur ce qu’on l'oblige de parler, quoiqu’il foit novice
dans l ’épifcopar.
Il reprefente la difficulté des éledtions, & l’im p ô t
fibilité d'en faire une qui foit au gre de tout le mon-
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de. Si je nomme un moine, dit-i, fû t-il auffi faint
que les Antoines 8c les Hilarions, on dira qu’il eft
bon pour être abbé, 8c non pour être évêque. On
défigure tous les vertus : on appelle l’humilité baf-
feife, l’élévation o rgueil, la leverité cruauté, l’indulgence
foibleife , la fimplicité bêtife. Si je nomme
un clerc, ceux qui le fuivent en font jaloux, ceux
qui le precedent le meprifent: ils croient qu’il ne
faut regarder en un évêque, que la longueur du fer-
v ic e , 8c veulent gouverner l’ églife quand leur v ie il-
leffeabefoin d’être gouvernée. Si je nomme un officier
militaire,on dit auffi-tôt : Parce que Sidonius
a été tiré de la profeffion feculiere, il ne veut pas
prendre fon métropolitain entre les religieux; il eft
enflé de fa naiflance 8c de fes dignités; il meprife
les pauvres de J. C .
Enfin Sidonius nomma pour évêque de Bourges,
Simplicius,illuftre par fes ancêtres, entrelefquels
il y avoit des éveques 8c des gouverneurs de province.
Il eftoit d’un âge meur, mais encore vigou-
reux:il avoit de l’efprit8c des lettres, beaucoup d’humanité,
d’affabilité 8c de chafité pour les pauvres,
beaucoup de fermeté 8c de modeftie. Sa ville l’avoit
fouvent député vers les empercurs8cvers les rois bar
bares, qui l’avoient même tenu en prifon. Il avoit
bati une églife étant encore jeune 8c fils de famille.
Il eftoit fils d’Eulode, 8c gendre de Pallade, qui
avoient été les deux derniers évêques de Bourges; 6c
on l’avoit déjà voulu élire à leur place ; fa femme
ctoit vertueufe 8c ils clevoient bien leurs enfans.
S. Perpetuus évêque deTours aïant oui parler de ce