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ï z H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e.
? vraiment & par nature, fe féparerent ouvertement de
A n . 4 1p . fa communion ; d’autres s’en retirèrent fecretement.
D ’autres pour avoir prêché contre ce nouveau dogme,
dans l’églife de la paix maritime furent interdits de la
prédication , ce qui fit que le peuple privé des inftruc-
tions catholiques qu’il avoit coutume d’entendre, s’écria
: Nous avons un empereur , mais nous n’avons
point d’évêque. Quelques-uns de ce peuple furent arrêtez
¿^battus dans la prifon. Quelques-uns reprirent
Neftorius en face dans l’églife &c devant le peuple &
furent très -maltraitez. Un moine des plus fimples
pouifé de zele fe mit au milieu de l’é g life , où le peuple
étoit aifemblé , & voulut empêcher Neftorius d’y entrer
, comme étant un heretique r il fut battu & mis
entre les mains des préfets, qui le firent encore fouetter
publiquement, un crieur marchant devant lu i, &
il fut envoïé en fx il.
»•y- Baille diacre & archimandrite , Thalaffius leéteu-r
& moine , & quelques autres allèrent trouver Nefto-
' rius à l’évêché fuivant fon ordre , pour s’aifurer s’ik
avoient bien entendu ce qu’ils avoient oiii dire dé
lui. Après les avoir remis jufqu’à trois fo is , enfin il
leur demanda ce qu’ils vouloient. Vous avez d i t ,
d ir e n t - ils , que Marie n’eft mere que d’un homme'
de même nature quelle ; & que ce qui eft né de la.
chair eft chair : ce qui n’eft point orthodoxe en ce
fens. Auifi-tôt il les fit prendre , & une troupe d’o f ficiers
les mena battant jufques dans la prifon de l’é-
vêque , où ils furent dépoiiillez , attachez à des poteaux
, puis étendus par terre & frappez à coups de
pieis. On les y garda long-temps leur faifant fouffrir
la faim. Puis ils furent livrez au préfet de C . P. qui les
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fit mettre dans une antre prifon chargez de chaînes. *
Il les fit enfuite amener à fon prétoire , & comme il A N. 4 1 ? .
ne fe préfenta point d’accufateurs, il les renvoïa par
fes officiers à leur première prifon. Enfin Neftorius
les fit ven ir, & après une explication captieufe de fa
doébrine il les renvoïa.
Baille & Thalaftîus préfenterent une requête àl'em- kièï
pereur en leuf nom & de tous les moines : où après
avoir expofé toutes ces violences de Neftorius , ils
prient l ’empereur de ne pas fouffrir que l’églife foit
corrompue de leur temps par les herctiques. C e n’eft
pas pour nous vanger , ajoutent - i ls, Dieu le fqait ; IL,;
mais afin que la foi en Jefus-Chrift demeure inébranlable.
Nous vous prions donc d’ordonner ici maintenant
l’aifemblée d’un concile oecuménique , pour
réunir l’égliie & rétablir la prédication de la v érité,
avant que l’erreur s’étende plus loin. Que cependant
i l ne foit permis à Neftorius d’ufer ni de violence ni
de menace contre ,perfonne : jufqu’à ce que l’on ait
réglé ce qui regarde la foi ;& que ceux qui voudraient
infulter aux catholiques,foient réprimez parle préfet
de Conftantinople. Que fi vous méprifez notre requête
, nous proteftons devant le roi des fiecles qui
viendra juger les vivans & les morts ? que nous fouîmes
innocens des maux qui pourront arriver. Ils fe
plaignirent dans cette requête que Neftorius n’em-
ploïe pas feulement pour fe foutenir fes clercs & fes ». *
fyncelles ,. mais encore quelques-uns des autres dio-
ccfes, qui fuivant les canons devraient fe tenir en re-
pos dans les villes où ils ont été ordonnez. On appel-
loit fyncelles , les clercs qui étoient les plus attachez^
à l’évêque, & qui couchoient dans fa chambre pouf
B iij.