
Saint Germain & faint Loup s’étant mis en chemin
pour la grande Bretagne, arrivèrent au bourg de Nan-
terre près de Paris. Les habitans , fur la réputation de
leur fainteté , vinrent aü-devant d’eux en foule : Saint
Germain leur fit une exhortation, & regardant ce peuple
qui Tenvironnoit, il vit de loin une jeune fille , où
il remarqua quelque chofe de celefte. Il la fit approcher
, & demanda fon nom & qui étoient les parens ;
on lui dit qu’elle s’appelloit Gênevieve : fon pere Se-
vere Si fa mere Gerontia fe préfenterent xn même
temps. Saint Germain les félicita d’avoir une telle fille ,
Si prédit qu’elle feroit un jour l’exemple même des
hommes. Il l’exhorta à lui découvrir fon coeur , & fi
elle vouloit confacrer à D ieu fa virginité. Elle déclara
que c’étoit fon deffein , Si pria le faint évêque de lui
donner la benediétion folemnelle des vierges. Ils entrèrent
dans l’églifc pour la priere de N on e , enfuite on
chanta plufieurs pfeaumes,& on fitdelongues prières,
pendant lefquelles le faint évêque tint fa main droite
fur la tête de la fille : il alla prendre fon repas, & recommanda
aux parens de la lui amener le lendemain.
Ils n’y manquèrent pas, & faint Germain demanda â
fainte Genevie v e , fi elle fe fou venoit de ce qu’elle avoit
promis. Oü i , dit-elle , Si j’efpere l’obferver par le fe-
cours de Dieu & par vos prières. Alors regardant à terre,
il vit une piece de monnoïe de cuivre , marquée du
figne de la croix , ihla ramaffa , Si la donnant à Geneviève
, il lui dit : Gardez-la pour l’amour de moi ,
portez-la toujours pendue à votre col pour tout ornement,
& laiifez l’or Si les pierreries à celles qui fervent
le monde : il la recommanda àfes parens, continua
fon voïage.
Sainte
L ¡1 V U E V I K G T - C Î N QU I E*M S. j j
■Sainte Geneviève pouvoit avoir alors quinze ans,
car on remarque que depuis cet âge jufqu a cinquante,
elle ne mangea que deux fois la femaine, le dimanche
& le jeudi ; encore n etoit-ce que du pain d’orge & des
fèves j Si ne but jamais de vin , ni rien de ce qui peut
enyvrcr. Quelques jours après le départ de faint Germain
, fa mere voulut l’empêcher d’aller à 1 eglife un
jour de dfête , .& ne pouvant là retenir , la frappa fur
la joue. Auiïi-rôt elle perdit la vûë Si demeura aveugle
pendant deux ans»* Enfin fe fouvenant de la pré-
diéfcion de faint Germain , elle dit â fa fille de lui apporter
de l’eau du puits, Si de faire le figne de la croix
fur elle. Sainte Geneviève lui aïant lavé les yeux ,
elle commença à voir un peu \ Si quand elle l ’eut fait
deux ou trois fo is , elle recouvra la vûë entièrement.
On montre encore le puits qui eft en grande vénération
»
Saint Germain Si faint Loup s’étant embarquez en „ ^vn.
« ■ r cC - a G.rmam &
n y v e r , iourrrirent une grande tempete , .que S. Ger- s. louP vainÊm
m - r • i — • i,» -i i queurs des Pela- main appaila, en jettant quelques goûtes d huile dans ¿¡ens.
la m e r , au nom de la Trinité. Arrivant en Bretagne , c»»/?. v. . s.
ils trouvèrent une grande multitude raffemblée pour V/Zif.'
les recevoir : car leur arrivée avoit été prédite par les ?uL
malins efprits , qu’ils chaiferent des poifedez, & qui
en fortant confeffercnt qu’ils avoient excité la tempête.
Les-faints évêques remplirent bientôt la Bretagne
de leurs inftruébions Si de leur réputation. Ils
prêchaient non-fèulement dans les églifes, mais dans
les chemins & les campagnes, tant la foule qui les
fuivoit étoic grande ; en forre qfi’ils fortifioient par
tout les catholiques, Si convertilfoient les heretiques.
Tou t étoit apoftolique en eux, la v e r tu , la doétri-
Tome V I . E