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M o n a fte re du
m o n t Jura , & c .
v . Hifi, de. l ’ijle
B .par le "Labour,
Greg.de gU Con-
fif.c . zx,
Sid. i v . ep, z j .
B oll. z8 , Febr,
p, 7 4 1 .
¿•40 H i s t o i r e E c C L E S i A S T i Q j j E i
Il avoit deflors des monafteres dans levoifinage
de Vienne ôc de Lyon. Le plus ancien étoit celui de
l’Ifle-Barbe dans la Saône, qui fubfiitoic dès le commencement
de ce cinquième fiécle. Maxime d ifci-
ple de 5. Martin de Tours s'y retira pour cacher fes
vertus; mais étant découvert il revint en fon p a ïs,
& fonda un monaftere dans la ville de C h in o n ,o «
il mourut. Sidonius parle auifi des monafteres du
montjura, dont le premier fondateur futS.Romain.
Il étoit né dans le même païs, nommé alors les Se-
quaniens, à prefent le comté de Bourgogne. A 1 âge
de trente-cinq ans il quitta fes parens, ôc fe retira
dans les forêts du montjura. Il avoit été quelque
temps à Lyon auprès de l’abbé Sabin, dont on croit
que le monaftere étoit celui d’A în é , ôc en avoit apporté
les vies desperes &c les inftitutions monafti-
ques, c’eft-à-dire, les livres deCaffien.Romain s'étant
ainfi préparé à la folitude, s’arrêta dans un lieu
nomméCondat, où entre trois montagnes pierreu-
fes il y avoit une efpace de terre propre à cultiver,ôc
quelques arbres qui lui donnoient des fruits fauva-
ges. Là il s’occupoit à la priere, à la leétureôcau tra-.
va il des mains, pour fournir à fa fubfiftance.
Lupicin fon frere vin t fe joindre à lui quelque
temps après; puis deux clercs,ôtenfuiteplufieurs autres
, attirez par leurs vertus ôc leurs miracles.lls
bâtirent même d’autres monafteres dans le voifina-
ge ôc dans tout le païs ; mais celui de Condat fut
toûjours le plus parfait. Romain ôc Lupicin le gou-
vernoient enfemble, quoique leur genie fut différent.
Romain étoit plus doux , ôc Lupicin plus
feyere
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fevere. S Hilaired’Arlesfetrouvant dans lepaïs, à
l ’occafion de l’affaire de Celedonius, ôc aïant oiii n. 4.
parler de S. Romain, le fit venir auprès de Befan-
çon; ôc après l’avoir ordonné prêcre, le renvoïa
avec honneur à fon monaftere. C ’étoit en 444.
maisfaint Romain n’en fut pas moins humble dans
fa communauté,ôc ne fe diftinguoitdes freres, que
pour offrir le facrificeaux jours folemnels.Le mo-
aaftere de Condat s’accrut tellement, que lafteri-
litéd u lieu ne pouvoit plus fuffireà un fi grand
nombre de moines ôc d’hotes. Ils defricherent donc
les bois voifins dans un endroit plus uni,où ils fi 1 enc
des prairies ôc des terres labourables.Le lieu fe nom-
moit Lauconne, ôc ils y bâtirent un nouveau monaftere,
que faint Lupicin prit particulièrement
fous fa conduite.Ils bâtirent un troifiémemonaftere
pour leur foeur, fur une roche voifine enfermée de
tous côtés;enfortequ’il n’avoitqu’une iffuëdansla
plaine. O n len om ma la Baume, ôc il y eut jufqu’à
cent cinqreligieufes. bilesobfervoient une clôture
fi exaèbe, qu’elles n’en fortoientque pour être portées
au cimetiere; ôc encore que quelqu’une eût fon
fils ou fon frere dans le monaftere de Lauconne fi
voifin, elle ne le voïoit, n in ’apprenoit de fes nouvelles,
non plus que s’il étoit mort.
Un ancien moine reps efenta une fois à faint R o -
main, qu’il avoit trop de facilité à admettre les pof-
tulans, ôc ne les éprouvoit pasaffez. Pouvez-vous,
repondit le faint, difcerner facilement ceux qui doivent
réüifir} Et n ’en avez-vous pas v u s , qui après
avoir commencé avec grande ferveur fe font relâchés;
ôcplufieurs qui après être fortis du monaftere,
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