
fM t H i s t o t r e E c c l e s i a s t i q u e
ture du corps de J e fu s -C h r ift, anéantit par necef-
Îité fa p a illo n , & l’efficace de fon fang. Et quand
*■6' E utycn ès vous a répondu : Je confeiTe que nôtre
Se ign eur étoit de deux natures avant l’union; mais
après l’union j je ne reconnois qu’une nature : je
m'é tonne que vous n’aïez point relevé un fi grand
b la ip h êm e , puifqu’il n’y a pas moins à dire d’imp
ié té que le fils de D ieu étoit de deux natures
avant l’in ca rn a tio n , que de n’en re c o n n o îtreq u ’une
en lui après [’incarna tion. N e manquez pas de
lui faire re tra ite r c e t te e r reu r , fi Dieu lui fa it la
g râ ce de fe con v ertir. Mais en ce c a s , vous pourrez
en ufer envers lui de toute forte d’ind ulgence;
car quand l’erreur eft con d am n é e , même par fes
fe d a te u r s , c’eft alors que la fo i eft le plus u tile ment
deffendue. T e lle eft la fameufe lettre de faint
Léon à Flayien, deftinée à être lûë dans le concile
comme un tém oigna ge de la fo i de l’ég life
Rom ain e .
xxxvi. Saint Léon s’explique auffi en é c r iv an t à Julien
a^Tcon“ “ év êque de C o fon légat à C onftantinople, afin qu’il
np,ji. i5.„i h, eût de quoi foûtenir la v é r ité contre les heretiques,
conjo in tement a ve c Flavien. C o ou Coos eft une
petite île près de Gn ide,aujourd’huy nomméeLan-
g o ou Stanchio. Dans cette le t tr e , il d i t , qu’E u ty -
chés accufoit les catholiques de Neftorianifme ;
mais que fon herefie niant la v e r ité d e l’incarnation,
f r détruifoit toutes les faites de ce myftere 6c toute
l ’efpérance des chrétiens. Il faut donc croire que le
V e rb e n e s ’eft point changé en ch a ir , ni en am e ,
puifque la d iv in ité eft immuable ; 6c que la chair
ne s’eft p o in t ch ang é e au V e rb e ; & il ne doit p o in t
L i v r e v i n g t - s e p t i e ’ me ; 339 _ _ _ _ _
paraître im p o ffib le , que le V e rb e a vec la chair 6c A n . 44?.
l'ame faiïe-un feul Jefus -Chrift, puifqu’en chaque
homme la chair & l’ame , qui font de natures fi d ifférentes,
font une feule perfonne. Q uand Eutyches
a d i t , qu’avant l’incarnation il y avoit deux natures,
il faut qu’il ait crû que l’ame du Sauveur a vo it
demeuré dans le c ie l, avant que d’être unie au V e r be
dans le fein de la V ie rg e . C e qui eft contre la
fo i catho lique : car il n’a pas pris une humanité dé-
ja c r é é e , mais il l’a créée en la prenant; & c’eft retomber
dans l ’opinion condamnée d’O r ig e n e , que
les anies aient v é cu 6c agi avant que d’être mifes
dans les corps.L’ame de Jefus-Chrift n ’eft pas diftin-
gué e des n ô tre s , par la d iv erfité du genre ; mais
par la fu b limitéd e la ve rtu. Sa chair ne produifoit
point de défirs contraires à le fp r i t ; i ln ’y avoit point
en lui de combat ; mais feulement des a ffed io n s ,
foûmifes à la d iv in ité .
Sa in t Léon é c r iv it en même tems à l’empereur
T h e o d o fe ; lui déclarant les légats qu’il e n v o ïo it ,
pour tenir fa pLaceau concile, 6c pour y porter l’e f-
prit de ju ftice 6c de mifericorde: afin, d i t - i l , que
l'erreur foit cond amn é e , puifqu’on ne peut douter
quelle eft la fo ich ré tien n e ; & que l ’on pardonne a
E u ty ch é s , s’il fe repent, comme il m’ a promis dans
le libelle qu’il m’a en vo ïé . Il é c r iv it à fainteP u lqu e -
rie , loüant fon ze le contre tous les heretiques de spi/i. 1.7. «¡1.i b
fon tems. Il parle d’Eutychés a ve c compaffion, cora-
m e y croïantplus d ignorance que de m a lic e , &cef-
perant fa c o r r e d io n ; M a is , a jo û te -t-il, s ilp e rfifte
dans fon erreur,perfonne ne pourra révoquer la fen- c"
tence , que les évêques ont prononce contre
V v ij