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XXXI.
Lettre d’E«-
tycHés à S.X.eon
Golleft* Lǣȣ.
2cI2^ §
324 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
malade, envoïa prier Marcel dele venir voir. Marcel
écoit alors dans fon monaftere, occupé à parler
des dogmes de la fo i, avec l’évêque de Calcédoine.
Si toc que la converfation fut finie, il alla trouver
P au l;ma is il étoit déjà m o rt, 8c on fe difpofoit à
l ’enterrer. Marcel fenfiblement affligé, fe mit en
prières 8c toucha le mort qui fe leva auifi-tôt 8c
commença à parler. Marcel pria les afliftans de
n’en rien dire; mais ils ne purent s’empêcher de publier
ce miracle. On tira du monaftere de Marcel
quantité d’excellens fujets, 8c ceux qui bâciffoient
des églifesou des monafteres, lui demandoient dé
fes difciples. Après avoir donné à la priere la nuit
8c une grande partie du jo u r , il dortnoicle refteà
la charité du prochain, il recevoir premièrement
ceux qui avoient des peines d’e fprit, 8c leur don-
noit desconfeils tirés de l’écriture 8c de fon experience.
Enfuite il donnoit audience à ceux qui fe
plaignoient d’avoir reçu quelque tort; 8c leut donnoit
des lettres de recommandation pour les Juges
8c les magiftrats; 8c quelque fois pour l’empeteur
meme. En troifiéme lieu, il alloit vifiter les malades
pour leur procurer toutes fortes de fecours. il
acceptoit fou vent des arbitrages,pour terminer des
differens 8c réconcilier des ennemis. T e l ctôit faint
Marcel abbe des Acemetes, qui aftifta au concile
de Conftantinople, 8c foufcrivit à la condamnation
d’Eutychés.
Celui-ci fe voïant condamné, écrivit au pape
faint Léon une grande le ttre ,ou il fe plaint de l’ac-
cufation d’Eufebede Dorylée. Je n’ai pas iaiilé ,
d it-il,d e mepreienter au con c ile ,qu o i qu'accablé
L i v r e v i n g t - s e p t i e ’ m e. 315
de maladie 8c de vieilleife, 8c quoique je n’igno-
rafle pas la conjuration formée contre moy.J’ai pre-
fenté une requête qui contenoic ma profeifion de
foi; mais l’évêque Flavien n’a voulu ni la recevoir,
ni la faire lire. J’ai déclaré en propres termes, que
je fuivois la foi du concile de N ic é e , confirmée à
Ephefe.On vouloir me faire confeffer deux natures
&anathematifer ceux qui le nient: pour moi je
craignois ladéfenfe du concile , de rien ajouter à
la foi de Nicée; fçachant que nos faints peres Jules,
Félix, Athanafe 8c Grégoire ont rejette le mot de
deux natures;8c je n’ofois raiionner fur la nature du
verbe d ivin, ni anachematifer ces peres; c’eft pourquoi
, je priois que l’on en fît rapport à vôtre fain-
tete, proteftanc de iuivre en tout vôtre jugemenr.
Mais fans m’écouter, le concile étant rompu, on
a publié Contre moi une fentence de dépofition ;
& ma v ie même étoit en danger fi on ne m’eût déliv
ré à main armée. Alors ils ont contraint les fu-
perieurs des autres monafteres,de fouicrire ma de-
pofition : ce qui ne s’eft j amais fait contre les hérétiques
déclarés,ni contreNeftorius même; jufques-
là,qu e comme je propofois en public ma confeffion
de foi, pour me juftifier devant le peuple : ils em-
pechoient qu’on ne l'êcoûtât, 8c en arrachoient les
affiches. J ’ai donc recours à vous, qui êtes le dé-
fenfeur de la Religion, puifque je n’innove rien
contre la foi. Mais j’anathematife Appollinaire,Va-
lentin,Mânes, Neftorius 8c ceux qui difent que la
chair de nôtre-Seigneur eft defeenduë du ciel ; 8c
toutes les. herefies jufqu’à Simonie magicien. Je
Vous prie,que fans avoir égard à ce qui a été fait
S s i ij