
132. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que les adulteres & les impuretez les plus abominables
, qui fe produïfoient en publie , avec la der-
niere impudence. On voïoit des hommes fardez 6c
vécus en femmes fe promener dans les rues. Les orphelins
6c les veuves étoient opprimez : les pauvres
tourmentez & réduits au defeipoir prioient Dieu de
livrer la ville aux barbares. Les blafphêmes 6c l’impieté
y regnoient : plufieurs , quoique chrétiens à
r extérieur, étoient païens dans l’ame , adoraient la
déeife Celefte ; fe dévouoient à elle ; 6c au fortir des
facrificcs païens, alioient à le g life& s’approchoient
du faint autel. C ’étoit principalement les plus grands
& les plus puiifans qui commettoient ces impietez-.
Mais tout le peuple avoit un mépris & une averfion
extrême des moines , quelque faints qu’ils fuilent.
Dans toutes les villes d’Afrique , & particulièrement
à Carthage , quand ils voïoient un homme pâle , les
cheveux coupez jufqu’à la racine , vécu d’un manteau
monachal , ils ne pourvoient retenir les injures
& les malédiâions. Si un moine d’Egypte & de Je-
rufalem venoit à*Carthage , pour quelqu’oeuvre de
pieté, fi- tô t qu’il paroiifoit en public , on s’écla-
toit de rire , on le fifloit , on le chargeoit de reproches.
Les Vandales firent ceffer ces défordres,
6c firent marier toutes les femmes débauchées,
car ils avoient horreur des impudicitez fi communes
chez les Romains ; & il en étoit de même des
Goths.
L’ouvrage où Salvien parle ainfi , eff adreifé à
l’évèque Salonius fon difciple, fils de faint Eucher.
Le fujet eft de juftifier la providence & lever le
fcandale , que plufieurs prçnoient de la miferc des
chrétiens
L i v r e v i n g t - s i x i e ’me. ' *.33
chrétiens dans cette chute de l’empire Romain, 6c
de la profperité des barbares païens ou heretiques. Li.1- 3->• >4.
C ’eft ce qui l’oblige à s’étendre fur les vices des Ro-
mains : & à montrer qu’il y avoit encore bien des ref-
tes d’idolâtrie , & que la plûpart n’étoient chrétiens p.
que de nom , 6c pires que les barbares ; dont il mar- ,4'/; f e
que ainfi les vices. Les Saxons, dit-il, font farouches
les Francs ôc les Goths infidèles, les Gepides inhumains
, les Huns & les Alains impudiques. Mais il p. i„-
loue les Francs de leur hoipitalité ; les Goths, les Vandales
& les Saxons de leur chafteté. Il déclame principalement
contre l’impureté & la paifion des fpeda- , I?!;
cles , au milieu des horreurs de la guerre 6c des cala- uh-7-1- l i mites
publiques. Il infifte fur l’injuftice des puiifans &<[ ' ' *'
6c des riches, & l’oppreifion des pauvres : qui faifoit Îtb. 4//.!”
préférer la domination des barbares à celle des Ro- &e'
mains. Salvien fit un autre cuivrage , divifé en quatre
hvres , & adreffé àîTeglifè’catholiquc, fous le
nom de Timothée , où ïhcbmbat l’avarice des chrë- p. 17?.
tiens. Il fe plaint dans le troifîëme livre , que les païens
ne laiifoient rien à leurs enfahs , qui s’étoient
confacres a Dieu ; 6c leur ôtoient ainfi le mérite de la
pauvreté volontaire. Il avoit compofé d’autres écrits
que nous n’avons plus ; & il étoit en telle réputation,
cjue Gennade auteur du temps, Rappelle le maître des m c*tai c.6.
évêques. •
Cette année 439. il fe tint un concile à Riés en XUY
Provence a cette occafion. L’évêque d’Embrun é|| Concile de
tant mort, le fiege demeura vacant pendant vingt 2«.I».
mois, par la violence de quelques laïques , qui empêchèrent
lele&ion canonique , que le clergé defi-
Tome V I . Go-
&