
A n . 430.
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t lc íb la t io n de
l ’A fr iq u e .
ffojjïd, c. 2.8.
46 H i s t o i r e E c c l Es t a s t i q u e ? .
Mais on ne laiiTe pas d’y trouver des paiTages très»
forts & très-importans, où les mêmes vérités font
mieux développées, & mifes en un plus grand jour.
Dans les dernieres années de fa v i e , Si depuis fes ré-
trada tion s , il fit un extrait des préceptes moraux dû
l’écriture, qu’il nomma fpecttlum , c’eft-à-dire , miroir
, parce qu’en lifan t, les fideles peuvent voir l’état
de leur ame, & le progrès qu’ils font dans la vertu.
Il n’y met que ce qui fert à regler les moeurs, & encore
les préceptes propofés diredement Si Amplement
fans figure, Si fe fert non pas de la vcrlion faite fur le
grec des feptante , comme il avoir accoutumé , mais
de la verfion de fainr Jerôme fur l ’hebreu, comme
plus claire. Il commence aux loix qui font données
après le décalogue dans l’E xo d e , Si continue a tirer
les préceptes de morale de tout l ’ancien teftament :
fans omettre les livres que l’églife reçoit pour canoniques
, quoi qu’ils ne foient pas dans le canon des
Hebreux. Il commence l’extrait du nouveau teftament
au fermon de la montagne, Si continue jufqu’à l’A -
pocalypiè. Comme entre tant de paffages de l’écriture
, il s’en rencontre quelques-uns qui femblent op-
pofés, il aVoit deffein de les expliquer dans des quef-
tions qu’il propoferoir enfuite ; mais il n’executa pas
ce deffein.
Cependant les Vandales continuoient de ravager
l ’A fr iq u e , & cette défolation rendit très-amer à faint
Auguftin , le dernier temps de fa vie. C ’eft ainfi
qu’en parle Poflidius évêque de Calame témoin oculaire
; Si il ajoute : Il voïoit les villes ruinées , Si
à la campagne les bâtimens abbatus, & les habitans
çués ou mis en fuite ; les églifes deftituées de prçi
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1res Si de miniftres, les vierges facrées & les autres ^ N
religieux diiperfés de tous cotez. Les uns avoient
fuocombé aux tourmens, les autres avoient péri par
le glaive : les autres en captivité aïant perdu l’intégrité
du corps, de l’efprit Si de la f o i , fervoient des
ennemis durs Si brutaux. Il voïoit que les hymnes Si
les loiianges de Dieu avoient ceffé dans les églifes,
dont les bâtimens même en plufieurs lieux étoient
confirmés par le feu.. Que les facrifices folemnels qui
font dûs à Dieu,avoient ceffé dans leurs lieux propres;
c’eft-à-dire, que faute d’é g life s , on les c'elebroit dans
les maifons, ou en d’autres lieux profanes. Que l ’on
ne demandoit point les facremens, ou qu’il n’étoit
pas facile de trouver quelqu’un pour les adminiftrer à
ceux qui les demandoienc. Que ceux qui s’enfuïoient
dans les bois , fur les montagnes, dans les cavernes
Si les rochers, ou dans les fortereffes-, étoient pris Si
tu é s , ou mouroient de faim , manquant des chofes
neceffaires. Que les évêques Si les clercs , à qui Dieu
avoit fait la grâce de ne pas tomber entre les mains
des ennemis J ou de s’en fauver après y être tombés
, étoient dépouillés de tout? & réduits à la der-
niere mendicité, fans*qu’il fût poffible de leur donner
à tous les fecours qui leur étoient neceffaires.
Que de ce grand nombre deglifés d’A fr iq u e , à peine
en reftoit-il tro is , Carthage , Hippone Si Cirthe , ,
qui ne fufient pas ruinées, Si dont les villes fubfif-
ta fient.
Dans ces allarmes , faint Auguftin fut confulté 3
par Honorât évêque de Thiave , pour fçavoir lï les
évêques ou les clercs devoient fe retirer à l’approche
des barbares. Saint Auguftin lui envoïa d’abord une Sp:
4 3 0 .
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