
f 4 H i s t o i r e S c c e e s i a s t i q t j e .
n e , les miracles. Les Pelagiens fe cachoient ; mais ¡enfin
honteux de fe condamner par leur lîlen ce , ils vinrent
à une conférence. Ils fe prefenterent bien accompagnez
& remarquables par Leurs richeiTes & leurs habits
éelatans : une multitude infinie de peuple s’alfem-
bla à ce fpeélacle. Les faints évêques, laifferent parler
les heretiques les premiers 8c après qu’ils eurent dif-
eouru long-temps, ils leur répondirent avec une grande
éloquence foûtenuë des autorités de l’écriture , en
forte qu’ils les réduifirent à ne pouvoir répondre : le
peuple avoit peine à retenir fes mains, 8c témoignoit
fon jugement par fes cris. Alors un homme qui avoit
la dignité de tribun , s’avança avec fa femme,-pré-
ientant aux faints évêques leur fille âgée de dix ans &
aveugle. Ils lui dirent de la prefenter aux Pelagiens *
mais ceux-ci fe joignirent aux parens, pour demander
aux faints évêques la guerifon de la fille. Us firent une
courte priere ,. puis faint Germain invoqua la fainte
Trinité ; 8c aïant ôté de fon cou le reliquaire qu’il por-
toit , il le prit à fa main & l’appliqua devant tout le
monde fur les yeux de la fille,qui recouvra la vûë auifi-
tôt. Les parens furent ravis , le peuple épouvante; 8c
depuis ce jour tout le monde fe rendic à La doétrine des
faints évêques..
m Ils allèrent enfuite rendre grâces à Dieu au tombeau
du martyr S. A lb a n , le plus fameux de la Bretagne p
An S. Germain fit ouvrir le ièpulcre & y mit les reliques
de tous les.apôtres 8c de plufieurs martyrs, qu’il avoit
ramaifées de divers pais ; puis il prit fur le lieu même
de 1 a pouifiere encore teinte du fang de.S. Alban, l’emporta
avec lu i , & à fon retour bâtit une églife en fon
An~ honneur dans la ville d’Auxerre, où il mit fes reliques..
L i v r e v i n g t - c i n q j j i e ’m e .' 3/
Les Saxons 8c les Piétés faifoient la guerre aux Brç- O Y a in q u e u r s uta
S a x o n s .
Confi. lib . c . 2.3.
Beda i | h tjl. c .
14. f b
tons.: les Piétés étoient des barbares de la partie fep-
tentrionale de l’Ifie, ainfi nommés parce qu’ils fe pei-
gnoient le corps de diverfes t> couleurs. Les Saxons
étoient des peuples de Germanie , que les Bretons
avoient appeliez à leur fecours contre les Piétés , 8c
qui depuis s’étpient joints à eux, pour s’établir en Bretagne
, comme ils firent environ vingt-cinq ans après.
Les Bretons épouvantez eurent recours aux faints
évêques. C ’étoit le.carême , & par leurs inftruétions
plufieurs demandèrent le baptême, en forte qu’une
grande partie de l’armée le reçût à Pâques dans une
eglife de feuillées que l’on dreifa en pleine campagne.
Après la fête ils fe préparèrent à marcher contre les
ennemis, animez de la grâce qu’ils venoient de recevoir
, 8c attendant avec grande confiance le fecours
de Dieu. Saint Germain fe mit à leur tête, 8c fe fouve-
nant encore du métier qu’il avoit fait en fa jeunelle,
il envoïa des coureurs pour reconnoître le p a ïs , 8c
pofta fes gens à couvert dans une vallée , fur le paifa-
ge des ennemis, qui s’attendoient â les furprendre. S.
Germain avertit les fiens de faire tous le même cri
dont il donneroit le lignai. Il cria trois fois Alleluya,
toute l’armée fit à même tems le même c r i , qui étant
multiplié par les échos des montagnes, fit un Bruit il
terrible, que les barbares en furent épouvantés. Ils
jetterent leurs armes, s’enfuirent en confufiôn , abandonnèrent
leur bagage , & plufieurs fe noïerent en
paifant une riviere. Ainli les faints évêques aïant délivré
la Bretagne des Pelagiens 8c des Saxons, repaf-
ferent en Gaule 8c retournèrent chez eux. Pour alfu-
rer encore plus la religion dans cette ille , le pape S.
E ij