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évêques , dont les plus illuftres étoient Poilidius
Novat & Severien. Il leur ôta les églifes , & les
chafla même des -villes 3 parce qu’ils réfiftoient à fes
menaces avec une confiance invincible. Il voulut
auffi pervertir quatre Efpagnols, qui étoient en grand
honneur auprès de lu i , & que leur capacité & leur
fidélité Jui avoient rendus fort chers : leurs noms
étoient, Arcade , Probus , Pafchafe ôi Eutychien, Ij
leur ordonna d’embraffer l’Arianifme , ils le refu-
ferent très-conftamment ; ôi Genferic , furieufement
irrité , les profcrivit, puis les envoïa en exil : enfuite
il leur fit fouffrir de très-cruels tourmens ; enfin il les
mourir diverfement, ôi ainfi ils remportèrent la
couronne du martyre. Eutychien & Pafchafe avoienç
un jeune frere nommé Paulillus, qui étoit fort agréable
au roi j à caufe de fa beauté ôi de fon efprit. N ’a-
ïant pû le détourner de la religion catholique , par
aucunes menaces , il le fie battre long temps à coups
de bâtons, & le condamna à la lervitude la plus baife t
ne voulant pas , à ce que l’on c ru t, le faire mourir ,
de peur de paraître vaincu par la confiance d un enfant.
Il fe fit plufieurs écrits pour foutenir les catho-
.yflSf ficlucs pendant cette perfecurion. Nous avons une
Ap* Ruin.hîjt. lettre d’Antonin Honorât évêque de Çonftantine 4
Arcade , un de ces quatre martyrs, pour le confolep
& l’encourager pendant fon exil. Il l’exhorte à mépri-
fer fes richeifes , & ne fe point laiifer tenter par l’amitié
du r a i , ni attendrir par l’amour de fa femme.
I*.’ Viétor , évêque de Cartenne en Mauritanie , com-
li;°' pofa un grand livre contre les Ariens, qu’il fit prefenter
à Genferic même. On trouve un abrégé de
la foi contre les Ariens , écrit vers ce temps-lâ , par —--------- -
un’ auteur qui n’eft pas connu. Une explication des A n . 439.
pairages- touchant la Trinité , contre Varimade,diacre A v;^
Arien , dont l’auteur étoit à Naples. Cerealis, évêque Tnpf- p- 3îv-
de Caftelle en Mauritanie. Voconius, évêque de Caf- c «*
tellane dans la même province , & un autre évêque,u-
Afriquain ,, nommé Afclepius écrivirent contre les
Ariens.
Genferic voïant les Romains occupez ailleurs, & tf0fp.
particulièrement Aëtius, le principal de leurs chefs,
appliquez aux affaires des Gaules : furprit Carthage
au milieu de la paix , qui empêchoit de fe défier de
lu i , & y encra le quatorzième des calendes de Novembre
, fous le dix-feptiéme confulat de Théodore ,,
c’e ft-à -dire , le dix-neuvième d’Oélobre 439. Il en
pilla toutes les richeifes , faifant fouffrir plufieufs tour-
mens aux citoïens pour les découvrir. Il dépouilla les
églifes ôi y logea fes gens , après en avoir chaffé les
prêtres & enlevé les vafes facrez. Il traita cruellement
tout le peuple ; mais il fe déclara principalement ennemi
de la nobleffe & des ecclefiaftiques ; & voulant
introduire l’Arianifme par toute l’Afrique il ^ hi/f\
chaffa les évêques de leurs éulifes , ôi fit plufieursVmd-
1 0 1 f C&ra. 4 6 f . martyrs.
Salvien prêtre de Marfeille , auteur du temps, rap-- Xliii.
porte cette prife de Carthage , comme un iiluftre 1 Ë g
exemple de la juftice divine. Gar cette grande ville uC‘7.'p.\7y"dî,\
étoit plongée en toutes fortes de vices. Il iembloit
que le peuple y fut hors de fon bon fens : ce n’étoit
qu’yvrognes couronnez de fleurs'& parfumez, toutes
les rues étoient pleines de ces lieux infâmes , & de
pièges contre la pudeur : rien n’étoit plus commun, *