
i8 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
voici comme il parle dans cette lettre : J’ai voïagé en
beaucoup de provinces, & j’ai trouvé par tout une
même foi ; mais étant revenu dans mon païs, j’ai reconnu
avec douleur les erreurs que le g life catholique
a condamnées il y a long-temps, & que je croïois
abolies , pulluler encore tous les jours ; par le malheur
de nôtre temps , qui a fait cefler les conciles.
Ain fi on s’affemble au même a u te l, avec une créance
bien différente s Car quand on preffc ces heretiques ,
ils nient leurs erreurs, & les cachent de mauvaife fo i.
Ils ont plufieurs livres apocryphes, qu’ils préfèrent
aux écritures canoniques 5 mais ils enfeignent encore
des chofes qui ne font point dans ceux que j’ai pû
lire , fait qu’ils les tirent par interprétation ., foit
qu’elles foient écrites dans d’autres livres plus fe-
crets. Dans les aétes qui portent le nom de fa in tT h o mas
, il çft dit , qu’il ne baptifoit pas avec l’eau ,
mais feulement avec l’huile ; ce que toutefois nos
heretiques ne font pas*, mais les Manichéens le font.
Ils ont encore de prétendus aôtes de faint André,ceux
de faint Jçan compofez par Leucius -, & le livre intitulé
; la mémoire des Apôtres , où entr’autres hlaC-
phemes, ils font parler notre Seigneur contre l’ancien
teftament. Il n’y a pas de doute que les apôtres
ont pû faire les miracles contenus dans ces livres}
mais il eft confiant que les difcours ont été inférez
par les heretiques. J’en ai tiré divers paifages
remplis de blafphemes , que j’ai rangé fous certains
titres , & j’y ai répondu félon ma capacité.
J’ai cru vous en devoir avertir, afin que perfonne ne
g arde , ou ne Ijfe ççs livres ^ fous prétexte de ne les pas
pas connoître. C ’eil à vous à tout examiner & à con- —----- •
damner avec vos confrères, ce que vous trouverez A n . 447-
contraire à la foi. Cette lettre étoit accompagnée d’un
mémoire que nous n’avons plus.
SaintTuribius envoïa à faint Léon une lettre & te«*deUm
un mémoire femblable , par un diacre de fon églife Léon à faim t«-
nommé Pervincus } & faint Léon lui répondit par une I 1“, ih
grande lettre du douzième des calendes d’A o û t , fous al n'
le confulat de Calipius & d’Ardabure ; c’eft-à-dire ,
du vingt-<uniéme d.e Juillet 4 4 7 . Il y marque la pu- s«p. ««.kn*
nition des premiers Prifcillianiftes , & ajoûte : Encore *' ÎO-
que leglife rejette les exécutions fanglantes, elle ne
laiffe pas d’être aidée par les loix des princes chrétiens;
la crainte du fupplice corporel faic quelquefois recourir
au remede fpirituel. Mais depuis que les in-
curfions des ennemis ont empêché l’execution des
loix ; & que la difficulté des chemins a rendu les conciles
rares : l’erreur cachée a trouvé liberté au milieu
des calamitez publiques. On peut juger de la quantité
du peuple qui en eft infeété ; puifqu’il y a même des
évêques qui l’enfeignent.
Saint Léon répond enfuite aux feize articles que
S. Turibius lui avoit envoies, & qui contiennent les
mêmes erreurs que j’ai rapportées en rapportant l’ori* sup.iiv.nù.
gine de cette heré,fie. Saint Léon répond fur chaque ,6‘
article précifément & théologiquement, oppofant à
ces erreurs les autoritez formelles de l’écriture. Outre c. lfi
les livres apocriphcs dont les Prifçillianiftes fe fer-
v o ien t, ils corrompoient encore les livres canoniques.
C ’eil pourquoi faint Léon ordonne , que l’on
jie faiTe aucun ufage de ces exemplaires falfifiés ; & que
Tome V I , • . I^n