
j2. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tôt la vanité du iïe c le , & la leéture'de l’écriture fainte
A n . 430. l’en dégoûta davantage. Il quitta fon emploi, diftribua
fon bien aux pauvres , & alla en Syrie, où il embraffa
la vie monaitique, fous la conduite d’un abbé nomme
E lie , dont la réputation l’avoit attiré. Après y avoir
demeuré quatre ans , il fe retira dans le defert, a 1 e-
xemple du prophète Elie , & y demeura fept ans. Il
convertit Rabbula gouverneur d’une ville voifine, &
plufieurs autres païens. Ils vouloient l’avoir poureve-
q u e ;& comme ils gardoient les portes delà v ille, Alexandre
fe fit defcendre la nuit parla muraille,dans une
corbeille. Rabbula étant conv e rti, mit en liberté fes
efclaves, donna fes biens aux pauvres, & fe retira dans
la folitude , où il mena la vie d’anachorete. Mais il
en fut tiré depuis pour etre évêque d’Edeifc métropole
de Mefopotamiè. Sa femme fe confacra à Dieu de fon
côté , Si bâtit un monaftere , où elle s’enferma avec
fes filles Si fes fervantes, Si y finit faintement fes
jours.
Alexandre s’étant fauvé de la ville où on vouloir
le faire évêque , Si aïant marché deux jours dans le
d e fe r t, fe trouva dans un lieu qui fervoit de retraite
à trente voleurs. Il demanda à Dieu leurs ames :
le capitaine fe convertit le premier , Si mourut
huit jours après fon ’baptême. Les autres aïant auili
été baptifez , firent un monaftere de leur caverne,
fous la conduite d’un fuperieur qu’Alexandre leur
donna.
Les aïant quittez , il bâtit un monaftere fur le bord 1
de l’Eufrate, & demanda à Dieu pendant trois ans
d’y pouvoir établir une pfalmodic continuelle. Sa
L i v r e v i n g t - C i n q u i e ’ m e .
Communauté s’accrut tellement , qu’il eut jufqu a -
quatre cens moines de différentes nations : des Syriens A N. 43 o*
naturels du païs , des Grecs, des Latins , des E gyptiens.;
Il les divifa en plufieurs choeurs , qui fe fucce-
dant les uns aux autres , celebroient continuellement
l ’office divin ; 8i c’eft le premier exemple de cette pratique.
Ces moines de faint Alexandre obfervoient une
cxaéte pauvreté , chacun n’avoir qu’une tunique , &
n e fe fourniffoit de vivres que pour chaque jour. S’il
en reftoit, on les donnoit aux pauvres, fans rien garder
pour le lendemain.
Après avoir demeuré vingt ans dans ce monaftere
fur l’Eufrate > il deftina foixante & dix de fes dif-
ciples pour aller prêcher la foi aux Gentils : il en choi-
iit cent cinquante pour le fuivre dans le defert , &
laiffa les autres dans le monaftere, fous la conduite
de Trophime. Il avoit autrefois été à Antioche , &
y avoit montré un grand zele , en s’oppofant à l’in-
trufion de l’évêque Porphire en 494-. Il y revint «*?. Uv.a*.»t
au bout de vingt ans,fous l’évêqueTheodofe, accom- 7‘
pagné de fes difciples ; mais l’évêque prévenu contre
lui le fit chaffcr , apparemment le prenant pour être
de la feéte des Euchites , ou Meffaliens, à caufe de SujAiv.* 1*.
fa priere continuelle , de fa «vie errantë , & du païs
d’où il venoit. Un eccleiîaftique nommé Malcus,
accompagné de quelques laïques, alla pâr ordre de
l’évèque , pour chaffer Alexandre , & lui donna un
foufflet. Alexandre fans s’émouvoir, dit feulement
ces mots de l’évangile : Or le nom du ferviteur étoit joan. avilie la;-
Malcus. Le peuple qui le regardoit comme un prophète
, prit fa défenfe, & Malcus fut obligé de fe
retirer. Toutefois Alexandre fut contraint de quitter
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