
S j g H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q u e .
mis : il a pris la forme d’efclave , fans la foüillure
du peche. Une nature n’eft point altérée par l’autre
: le meme qui eft vrai Dieu eil vrai homme ; il
n y a point de menfonge dans cette union : Dieu ne
change point par la grâce qu’il nous fait ; l'homme
n’eft point confumé par la dignité qu'il reçoit : le
verbe &. lachair gardent les opérations qui leur ionc
propres. L'écriture prouve également la vérité des
deux natures.
Il eft D ieu , puifqu’il eft dit: Au commencement
étoit le Verbe, & le Verbe étoit en Dieu, il eft homme
: puifqu'il eft dit : Le Verbe a été fait chair &
a habité avec nous. Il eft Dieu: Toutes choies ont
été faites par lu i, 8c fans lui rien n’a été fait. Il eft
homme, né d’une femme, fournis à la loi. La naif-
fance de lachair montre la nature humaine : l’enfantement
d’une vierge montre la puiflance d ivine.
C ’eft un enfant dans le berceau, 8c le très haut loüé
par les anges : Herode veut le tuer, mais les mages
viennent l ’adorer.livienr au baptême de faint Jean,
8c en même temps la voix du pere le déclare ion fils
bien aimé.Comme homme, il eft tenté par le démon;
comme Dieu , il eft iervi par les anges. La
fa im , la io i f , lalaifitude, lefommeil, font évidemment
d’un homme ; mais il eft certainement d’un
Dieu, de raiTafier cinq mille hommes de cinq pains,
de donner à la Samaritaine l’eau v i v e , de marcher
fur la mer , & dappaifer la tempête. Il n’eft
pas d’une même nature de pleurer fon ami mort, &
de le re ifu fc ite r , d’être attaché à la c ro ix , & de
changer le jour en nuit, faire trembler les élemens,
& ouvrir au larron les portes du ciel. Comme Dieu,
1 dit:
SSENliiilHkilHttlMfliMiÎMMHMtfifltlIMMIMIiHlHilIlMIMMMiMiiMÉII
i l dit : Le pere & moi nous ne fomnies qu’un. Com- ~
me homme: Le pere eft plus grand que moi: car ’ ^4
encore qu’en Jefus-Chrift il n’y ait qu'une perfonne
de Dieu 8e de l’homme ; toutefois autre eft lefujet
de lafouffrance commune à l’un ¡Je à l’autre, 8c autre
le fujet de la gloire commune.
C ’eft cette unité de perfonne , qui fait dire que
le fils de l'homme eft defcendue du ciel, 8c que le fils
de Dieu a pris chair de la Vierge; que le fils de Dieu
a été crucifié 8c enfeveli, comme nous difonsdans
le fymbole; quoiqu’il ne l’ait été que dans la nature
humaine. L’apôtre dit: S’ils avoient connu le Sei- ^«-.rr.s.
gneur de majefté, jamais ils ne 1 auroient crucifie.
Jefus-Chrift demande à fes apôtres: Et v o u s , qui
dites vous que je fuis?moi qui luis le fils de l’homme M*nh.xYi.ie.
8c que vous voïez avec une véritable chair. S. Pierre
répond : Vous êtes le Chrift fils du Dieu vivant;
le reconnoiifant également Dieu 8c homme. Apres
fa refurreétion, il montroit fon corps fenfible 8c
palpable, avec les trous de fes plaies : il p a r lo it,
mangeoit 8c habitoit avec fes difciples; & en m eme
tems, il entroie les portes fermees, leur don-
noitle faint-Efprit & l’intelligence des écritures:
montrant ainfi en lui les deux natures diftinêfes 8c
unies.
Eutychés niant que nôtre nature eft dans le fils n - *•
de Dieu , doit.craindre ceque dit faint Jean: Tou t
efprit quiconfeifeque Jefus-Chrift eft venu dans la
ch air, eft de Dieu; 8c tout efprit qui divife Jefus-
Chrift, n’eft pas de Dieu; 8c c’eft l’ante-chrift. Car
qu’eft-ce que divifer Jefus-Chrift, fi ce n eft en fe-
parer la nature humaine? L’erreur touchant lana-
Tome VI. Y y