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quil fut appelle par une députation dans la côte Ar-
morique , qui eft aujourd’hui la Bretagne. Aëtius
qui cotnmandoit alors en Gaule, voulant punir ces
peuples rebelles, y avoit envoie pour les foumettre
Eocharich , roi des Allemands , idolâtre & feroce.
Saint Germain y marcha aufli-tôt , & trouva déjà
dans le païs ce roi barbare, avec quantité de cavalerie.
Il avança jufqu a ce qu’il le rencontrât, 8c lai parlant
par interprété, le fupplia humblement de s’arrêter.
Comme il refufoit, il lui fit des reproches, &
enfin prit la bride de fon cheval , l'arrêta , 8c avec
lui toute l’armée. Le barbare , étonné de fa hardieife ,
ecouta des propofitions de paix ; retourna à fore
pofte, & convint de ne point ravager la province :
pourvu qu elle obtint fon pardon de l’empereur ou
d’Aëtius.
vin. _ P ° ur l’obtenir faint Germain entreprit le voïage
d’Italie , & alla trouver l’empereur I Ravenne. En
t. «. Pa c^lez 3° n ami Ie prêtre Sénateur, il guérit une
fille muette depuis vingt ans ; & dit à Sénateur , qu’ils
ne fe reverroient plus en ce monde. A Autun, i l
guérit une fille, qui avoit une main retirée 8c les ongles
enfoncez dans la chair. Il arriva à Milan un jour
que^ plufieurs évêques étoient aifemblez , pour celebrer
la fête de quelques faints ; & entra dans l’églife pendant
la meiTe, fans être attendu, ni connu de perfonne.
Mais un poifedé s’écria du milieu du peuple ,
Germain, pourquoi nous viens-tu chercher en Italie ?
qu’il te fuffife de nous avoir chaftez de Gaule , &
d avoir vaincu l’Ocean avec nous par ta priere. Le
peuple étonné , demandoit qui étoit ce Germain.
Enfin maigre la pauvreté de fon habit, on le recoiv
L i v r e v i n g t - s e p t i e ’me . 1 7 7
nut à la majefté de fon vifage. Il avoua qui il é to it,
les évêques le faluerent avec refpeift , 8c le prièrent de
délivrer le poifedé : il obéit, le tira à part dans la fa-
criftie , & le ramena guéri.
Il fit plufieurs autres miracles pendant le refte du
voïage : en forte que tout le monde parloit de lui à
Ravenne , où étoit la cour, 8c l’attendoit avec impatience.
Il y entra de nuit pour ne point faire d’éclat;
mais le peuple étoit fur fes gardes. Il fut reçû avec tî,
grande joïe par l’évêque faint Pierre Chryfologue,
par le jeune empereur Valentinien & fa mere Placide.
Elle envoïa à fon logis un grand vafe d’argent,
rempli de mets délicats, fans aucun mélangé de chair.;
faint Germain lui envoïa de fon côté un pain d’orge
fur une .affiette de bois. L’imperatrice la fit depuis
enchaifer dans de l’or ; 8c garda le pain, qui opéra
plufieurs guérifons miraculeufes. Le faint en fit plufieurs
à Ravenne , où fix évêques l’accompagnoient c.,f.14;
continuellement. Le fils de Volufien chancelier, c’eft-
à-dire,fecretaire du patrice Sigifvulte , étoit malade à
l’extrémité d’une groffe fievre. Le faint y alla à la priere
des parens& des évêques. On vint au-devant dire qu’ils
prenoient une peine inutile, 8c que le jeune homme
étoit mort. Les évêques le prièrent de ne pas laiifer d’y
aller. Ils le trouvèrent mort 8c froid ; & après avoir
prié pour le repos de fon ame , ils s’en retournoient,
Auffi-tôt le peuple fe mit à crier, 8c on prefla le faint
de demander à Dieu la vie du jeune homme , il céda
avec peine ; & aïant fait fortir tout le monde , il fe
profterna près du mo,rt,& pria avec larmes. Le mort
commença à fe mouvoir : il ouvrit les yeux , il remua
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