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plufieurs moines s’affemblerent pour cette cérémonie;
6c après avoir veillé la n u it , quand on eut ouvert
laterre, on trouva trois fepulchres. On ne fçai
v o i t lequel étoit celui de faint Ferreol; maisu n des
affiftans di t , qu’il paffoit pour confiant que le chef
de faint Julien étoit enfermé dans le fepulchre de
faint Ferreol ; ôc o n le trouva en effet dans le troi-
fiéme.
xxxix. S. Mamert avoit un frere nommé aufïî Mamert,
Mamert ciau- fe furnommé Claudien prêtre d e l’églifede Vien -
dien, les cents. . r , . , r ■ r r 1
Gen.ferip.c.%i. ne : il avoit ete moine dans la jeunelle,ôc pendant ce
H H tems avoit étudié tous les bons auteurs Grecs ôc La- Sldon. i t . ep,ft. . . | I f T, /
l l - tin s , Chrétiens ôc proranes. Iletoitgeometre, muficien,
poëte, orateur, d ialeôticien, interprète de
l ’é c ritu re , exercé à réfoudre toutes les queftions,
ôc à combatre toutes les erreurs. Il foulageoit fon
frere dans fes fonétions , prenant tout le travail de
l ’épifcopat, fan sen a v o ir le titre .il marquoit les leçons
pour les différentes fêtes, conduifoit le choeur
ôc le chan t, ôc n’étoit pas moins recommandable
par fa vertu que par fes talens. Il écrivit un traité de
l’état, ou plutôt de la naturelle l’ame, pour réfuter
un petit écrit de Faufle évêque de Ri es , par lequel
il avoit prétendu montrer que Dieufeul efl incorporel
, ôc que toutes les créatures font corporelles ,
m m H même l’ame raifonnable. Claudien lui répond par
713* b.; trois liv re s , où il foutiententre autreschofes,que
l’ame n’efl jamais fans penfer, 6c quelapenféen efl
point différente de l’ame; mais feulement l’objet de
lapenfée, quand elle ne penfe pas à elle-même. Elle
penfe toute entiere par fa fubflance; ôc c’ell une erreur
de croire que fes puiffances foient autre chofe
L i v r e v i n g t - n e u v i e ’ m e , 585
qu’elle-même, ll efl ainfi de la volonté: l’ame efl
toute volonté, comme elle efl toute penfée, ôc vouloir
efl fa fubflance. Ce qui efl accidentel, c’efl de
penfer ou de vouloir tel ou tel objet. L ’amour n’efl
point une partie de l’ame, mais l’ame entiere; d’on
vient qu’il nous efl commandé d’aimerDieu de toute
nôtre ame. Il conclut fon ouvrage par une récapi- . 7JJt
tulation en dix p roportions, dont les principales
font, Dieu efl incorporel, l’homme ëft fait à l’image Ide
Dieu, donc fon ame efl incorporelle. Il efl effen- 5.
t ie là l ’amede raifonner: or la raifon ne dépend ni
du corps ni du lieu. La volonté n ’efl point un corps, +
& toutefois c’eft la fubflance de l ’ame. Il n’y a point »•
de corps fans longueu r, largeur ôc profondeur : or
l ’amen’a point ces dimenfions.Elle n’a ni droit, ni
gauche, ni haut, ni bas, ni devant, ni derrière: elle
efl donc incorporelle.
Claudien dédia cet ouvrage à Sidonius, avant
qu’il fût éy êque, parce qu’il l’avoit excité à le publier
; 6c Sidonius témoigna l’eflimequ’il en faifoic m.v.i\piji. 3;
par deux lettres, l’une à un nommé Nymphidius, IY‘ u
l’autre à Claudien même, où il le compare aux
meilleurs auteurs profanes 6c ecclefiafliques. Il y
loue aufïl une hymne de Claudien en vers trochaï-
ques, que l’on croit être l’hymne delà paillon, qui
commence par Pange lingua. nous avons un autre
poëme de Claudien contre la poëfle profane, ll
mourut avant l’évêque fon frere, quoiqu’il fût «j
plus jeune; Sc Sidonius fit fon épithaphe contenant
fon é lo ge , qu’il envoïa à Petreius fils de leur
foeur.