
3i<r H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ?
contre moi par cabale, vous prononciez fur la foi,’
ce que vous jugerez à propos; 8c ne iouffriez pas
que l’on chaiTe d’entre les catholiques celui qui a
vécu foixante 8c dix ans dans la continence & les
exercicesde pieté. J’ai joint à cette lettre l’une Sc
l’autre requête ; celle que mon accuiateur a prefen-
té au concile, Sccelleque j ’y ai portée, 8c qu’on n’a
pas voulu recevoir; 8c ce que nos peres ont décidé
touchant les deux natures. On trouve enfuite de
cette lettre une prétendue lettre du pape Julesà un
évêque Denis; où combattant l’erreur de Paul de
Samofate, il dit qu’il ne faut reconnoître en J .C .
qu’une nature; comme l’homme eft une feule nature,
quoique compofé de corps & d’ame, qui font
de nature différente. Mais on doute que cette lettre
du pape Jules foit véritable.En même tems l’empereur
Theodofe écriv it auffi à faint Léon, fur le trouble
qui étoit arrivé dans l’ég lifed eC .P . fans expliquer
l’affaire, l’exhortant feulement à y remettre la
paix; 8c on ne peut douter qu’Eutichés n’eût obtenu
cette lettre, par le crédit de l’eunuque Chryfa-
phius fon proteéteur.
Saint Léon aïantreçu ces lettres, écrivit ainfià
Flavien: Je m’étonne, que vous ne m’ayez rien écrit
de ce fcandale, & que vous n’ayez pas été le premier
à m’en inftruire. Sur l’expofé d’Eutichés, nous
ne vojons pas avec quelle juftice il a été feparé de
la communion d e l’églife. Mais comme nous délirons
de la maturité dans les jugemens des évêques,
nous ne pouvons rien décider, fans connoiflance
decaufe Envoïez-nous donc par quelqueperfonne
convenable, une ample relation de tout ce quiseft
L i v r é v i n g t - s e p t i e’ m e . 3 2 7
paffé,8c nous apprenez quelle nouvelle erreur s’eft
élevée contre la foi;afin que nous puiffions, fuivant
l ’intention d e l’empereur, éteindre la divifion.il ne
fera pas difficile; puifque le prêtre Eutychés a déclaré
dans fon libelle, que s’il fe trouve en lui quelque
c hofe de reprehenfîble, il eft prêt à le coriger.
Cette lettre eft dattée du douzième des calendes de
.Mars, fous lecon fulatd’Afterius 8e deProtogene,
c’eft-à-direle dix-huitiéme de Février 449.La ré-
ponfe à l’empereur eft du premier de Mars.
La lettre du pape à Flavien luy ayant été rendue
par le comte Panfophius ; il lui fit réponfe par
une lettre, qui porte en fubftance: Eutychés veut
renouvellerlesherefiesd’ApollinaireôedeValentin:
foutenant qu’avant l’incarnation deJefus-Chrift,il
y a deux natures, la divine 8c l’humaine; mais qu’a-
prés l’union, il n’y a qu’une nature; 8c que fon
corps pris de Marie, n’eftpas de nôtre fubftance ,
ni confubftantiel à fa mere , quoiquil l’appelle un
corps humain.Nous l’avons condamné furl’accufa-
tionde l’évêque Eufebe, 8c fur les réponfes qu’il
a faites dans le concile, découvrant fon herefie de
faproprebouche,commevousapprendrez par les
aétes que nous vous envoïons avec ces lettres il
eft jufte que vous en foyez inftruit: car Eutychés
au lieu de faire penitence, pour appaifer Dieu &c
. nous confoler dans la douleur que nous fentons de
fa perte, s’erApreffe à troubler nôtre églife en affichant
publiquement des libelles remplis d’injures,
8c préfencant à l’empereur des requêtes infolentcs»
Nous voïons auffi par vos lettres qu’il vous a envo
y é des libelles pleins d’impoftures, en difaa t
Ep i l , al'7
X X X I I .
Lettre de Flavien
àS. Léon.
Eofi. ap. z i r
S , L é o n , conc.
Calcb, 1 . p, c, 4*