
j o 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
communauté de filles, qui étoit proche. Le Vandale
chercha tant qu’il les trouva; ôc les aiant repris, il
les mit aux fers , & leur fit fouffrir divers tourmens,
voulant non feulement que Martinien & Maxima
vêcuflênt enfemble comme mari ôc femme, mais
encore qu’ils fuiTent rebaptifës.
Le roi Genferic en étant informé, ordonna au
maître de les tourmenter jufqu’à ce qu’ils obéiflent.
Il les fit battre avec de gros bâtons taillés en forme
deicies, qui les mettoient tout en iàng , & les dé-
ehiroient jufqu’à découvrir leurs entrailles;& toutefois
le lendemain on les trouvoit guéris : ce qui arriva
plufieurs fois. Enfuite on les mit dañs une rude
priibn avec des entraves aux pieds; mais elles fe
rompirent en preiènce d’un grand nombre de fidèles
, qui venoient les vifiter : ce qui parut un miracle.
La vengeanée divine s’étendit fur la maifon du
Vandale. Il mourut lui 8c fes enfans, 8c ce qu’il y
avoit de meilleur dans fis efclaves 8c fes beftiaux.
Sa veuve donna les firviteurs de Dieu à un parent
du roi nommé Seriàon ; mais le démon tourmenta
fes enfans 8c fis domeftiques. Il raconta la choie au
r o i, qui ordonna que l’on envo'iat les quatre freres
liez à un roi Maure païen , nommé Capiur.
Pour Maxima, il la laifla en liberté -; 8c elle vi-
voit encore trente ans après iuperieure de plufieurs
vierges.
Les eonfeiïeurs étant arrivez dans le déièrt où demeurait
ce,roi Maure, & y voïant quantité de fàcri-
fices profanes, commencèrent par leurs difioursôc
par leur maniere de vivre à attirer les barbares à
la connoiifimce de Dieu, 8c en gagnèrent une gran-
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de multitude , dans un pais où le nom de Jefus-
Chrift n’avoit point encore été porté. Alors ils pen-
! firent comment ils feraient pour y établir l’évangile,
8c y faire adminiftrer le baptême. Ils envoïe-
rent des députez qui àiant traverfë le defert, arrivèrent
à une ville Romaine, c’eft-à-dire, des terres
de l’empire. On pria l’évêque d’envoïer des prêtres
8c des miniftres à ce peuple converti. L ’évêque le fit
avec joie : on bâtit une églife, 8c on baptiià une
grande multitude de barbares. Genfiric l’aïant appris
par la relation de Capiur, fit attacher les fervi-
I teurs de Dieu par les pieds derrière de chariots, qui
courant dans des lieux pleins de ronces 8c de bois,
les mirent en pièces. Les Maures fi lamentoient ;
8c les martyrs fi regardoient l’un l’autre en paifant,
8c fe difoient : Mon frere priez pour moi : Dieu a
rempli nôtre defir : c’eft ainfi qu’on arrive au roïau-
me des cieux. Il fe fit de grands miracles à leur tombeau.
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Après cela Genfiric s’échauffa encore plus contre fSa!'ç de u perles
catholiques. Il envoïa dans la province Zeugi- l°”] ,
I ïane un nommé Proculus, pour contraindre tous lés
évêques à livrer les vafisiàcrés8cles livres,comme
pour les déiàrrtier. Les évêques déclarèrent qu’ils
ne pouvoient les livrer ; 8c les Vandalesïes prirent
de force, & pillèrent tout; jufqu’à fi faire desche-
mifis 8c des calleçons avec des nappes d’autel. Pro-
culus exécuteur de cette violence, mourut bien-tôt
après, fe coupant la langue par morceaux avec fis
dents. Alors Valerien évêque d’Abbenze , âgé de
plus de quatre-vingt ans , refuiànt hardiment de
livrer les chofis iàcrées ,. fut chaifé fiul hors de la
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