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48 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
lettre qu’il avoit écrite fur le même fujet à un évê -
^ ' que nommé Quod'vultdms, & que nous n’avons plus ;
mais Honorât ne s’en contenta pas ; fe fondant fur
cette parole de Jefus-Chrift : Quand on vous pour-.
». >}• fuivra dans une ville , fuïés dans une autre. A quoi
un autre évêque ajoûtôit ; Si le Seigneur nous a
commandé de fuir dans les perfecutions , où l’on,
peut gagner le martyre : combien plus dans les in -
cü riions' des barbares ; ou il n’y a que des fouffran-
- *• «• ces fteriles ? Saint Auguftin répondit par une grande
lettre , où il donne des regles pour ie conduire en
x. X2. teIlcs occafions. A cette pairóle de Jefus-Chrift
il oppo-fe ce qu’il d i t , que le mercenaire s’enfuit
quand il voit venir lp loup ; & ajoute , que pour
jt. 2. accorder ces d-eux autorités, il faut dire que quand
le péril eft commun , les pafteurs Si les miniftres
de l’églife ne doivent point abandonner le troupeau.
Leur miniftere lui eft toujours neceifaire, Si
¡r :*■ particulièrement en .ces tems d’afflidtion , où le peuple
a bcfoin d’être confolé .& fortifié , où le . péril
preffant fait courir à l’églife toutes fortes de perforu
n é s , pour demander le baptême , la réconciliation,
ou du moins la pénitence. Alors fi les miniftres manquent
, quel malheur pour ceux qui fortent de ce
¡8 monde fans être régénérés ou déliés, quels reproches
contre les miniftres abfens ? Il faut craindre ces maux
fpirituels plus que tous les maux temporels , plus
que la mort & les toarmens. Car le premier devoir
du pafteur, eft de donner au troupeau la nourriture
p\ 5‘ neceifaire ; & il ne doit pas en l’abandonnant, commettre
un mal certain, par la crainte des maux incertains.
L i v r e v i n g t - c i n q u i e ’m e ’. 44
Que fi les perfecuteurs cherchent le pafteur en par-----------------
dculier , Si qu’il y ait d’autres miniftres fuflifans pour A n . 430.
le befoin du troupeau, c’eft le cas de s’enfuir, comme n.i.n.6.
fit faint Paul à Damas, comme faint Athanafe. Que
fi tout le troupeau s’enfuit, alors le pafteur doit fu ivre,
puifqu’il ne demeuroit que pour le troupeau. Il
peut auffi fe retirer /quand il n’a plus de troupeau',
comme il étoit arrivé à quelques*évêques d’Efpagne ,
dont le peuple avoit été tué , confirmé dans les villes
affiegées, difperfé ou emmené en captivité. Quelques a. to<
miniftres peuvent aufti fe réferver pour le fervice ».12;
de l’églife , quand il y en a d’autres pour fuppléer
à leur défaut ; mais ils ne doivent pas aifément
craindre de périr plûtôt quelles laïques , ni fe perfua-
der qu’ils font plus neceffaires que les autres ecclefiaf- Hrd
tiques , puifque ce feroit lâcheté ou préfomption.
Que fi tous veulent demeurer , quoique l’on juge nc-
ceffaire que quelques-uns fe retirent, le fort en doit »-ij;
décider; & fi l’on craint que tous les miniftres demeu-
rans ne donnent trop de confiance aux laïques, ils
doivent les avertir qu’ils ne demeurent que pour eux,
C ’eft ainfi que faint Auguftin encourageoit fes confrères,
Hippone fur bien-tôt aiïîegée par les Vandales , . xxVv-
1 -r» • r • 1 r ■ r . « More dç faint parce que ie comte Bomrace , qui leur faifoit alors Auguiti».
la guerre s’etoit enfermé dedans avec les Gots alliez
des Romains, Le fiege dura près de quatorze
mois , Si les Vandales ôterent aux affiegez la communication
de la mer, Poffidius Si plufieurs autres
eveques du voifinage , s’y étoient réfugiez ; & comme
ils étoient un jour à table faint Auguftin leur
dit : Sçachez que pendant le temps de cette cala-
Tome V I , . q