
5i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
foi catholique : le roi lui même le flattoit, 8c lui pro-
mettoit de le combler de richeifes. Enfin il le condamna
à perdre la tête ; mais voulant le priver de la
gloire du martyr, il donna un ordre fecret : que fi
au moment de l’execution il témoignoit de la crainte
, on le fit mourir 5 s’il demeuroit ferme 5 on l’épargnât.
Le confeiTeur témoigna une confiance inébranlable
, & on le laifïà en vie.
Satur intendant de la Maifbn d’Huneric, parloit
fouvent avec liberté contre l’Arianifine. Un diacre
Arien nommé Marivade, ouVarimade, l’aïant dénoncé
, Huneric le prefïâ de iè faire Arien : le menaçant
s’il n’obéifibit, de lui ôter fa maifon , fis
biens, fis efilaves, fis enfans, f i femme même ; 8c
la faire époufir en f i prefince à un gardeur de chameaux.
Satur fi fournit à tout ; mais fà femme à fon
iniçû demanda du temps. Elle vint le trouver en un
lieu, où il prioit à l’écart ; elle avoit les habits déchirez
, les cheveux épars, fis enfans l’accompa-
gnoient, & elle tenoit enrre fis bras une petite fille
qui tetoit encore. Elle la jetta aux pieds de fon mari,
fins qu’il s’en apperçût, & lui embraflant les genoux
, lui dit : Aiez pitié de vous, de moi 8c de nos
enfans ; ne les reduifiz pas à la fervitude ; nous femmes
d’une race noble ; ne m’expofiz pas moi même
à un mariage infâme de vôtre vivant.-Dku voit bien
que vous ferez ceci par force. Il lui répondit, par
les paroles de Job: Vous parlez comme une femme
infinfée. Si vous m’aimiez, vous ne me poufferiez
pas à une féconde mort. Que l’on faffe ce que l’on
voudra je me fouviendrai toujours des paroles du
ÎËmSSm
L i v r e v i n g t - h u i t i e ’ m e . ' 511
Seigneur : Quiconque ne quitte pas f i femme , fis
enfans, fis terres, f i maifon, ne peut être mon difi-
ciple. On le dépoüilla de tout, 8c on le reduifit à
la mendicité, avec défenfi même de fortir.L’Egli-
fi honore ces trois martyrs le vingt-neuvième de
Mars.
Enfiiite Genferic fit fermer l’églife de Carthage,
8c bannit en divers lieux les prêtres &les miniftres-,
car il n’y avoit point d’évêque. Ce qui dura jufqu’au
temps de l’empereurZenon.Genferic fit même beaucoup
de maux aux catholiques de plufieurs provinces
hors l’Afrique, en Efpagne, en Italie, particulièrement
dans la partie méridionale, en Sicile, en
Sardaigne , en Grece , en Epire, en Dalmatie 8c
jufques dans la Yenetie. Car s’étant fortifié par le fe-
cours des Maures; après la mort de Valentinien,il
envoïoit tous les ans au printemps des vaiffeaux faire
des defientes, tantôt en Italie , tantôt en Sicile,
tantôt aux provinces de l’empire d’Orient pillant
par tout,emmenant un grand nombre de captifs,
&; ruinant des villes entières.
L ’imperatrice Eudocie veuve de Theodofe,qui
étoit à Terufeîem, apprit avec une finflble douleur
tout ce qui s’étoit paflfé a Rome, la mort violente
de l’empereur Valentinien fon gendre, l’irruption
des Vandales, la captivité de f i fille Eudocie, & d e
fis petites filles emmenées à Carthage. D’ailleurs
fon frere Valere 8c Olybrius gendre de f i fille, lui
écrivoient fouvent de fi feparer des Eutychiens, 8c
de rentrer dans la communion de l’églifi catholique.
Elle étoit dans une grande peine d’efprit, ne
voulant pas agir contre f i confidence,, 8c préférer
Lue x i y . ¿6I
Martyr, R. 19,
Mart,
Procop. i,Van*_
dal, c, 5 .
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E u d o c ie quit«
te le fchifme;
Vita S, Euthytm
ÿ, 64,