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abus. Je fuis venu , ajoûta-t’il, feulement pour vous
rendre mes devoirs, & non pour plaider ma caufe ; &
je vous inftruis de ce qui s’eft paifé, non par forme
d’accufation , mais par fîmple récit : fi vous êtes d’un
autre fentiinent, je ne vous importunerai pas davantage.
Saint Léon aifembla un concile, pour juger cette
affaire-, 6c faint Hilaire y prit féance comme les autres
évêques. Le concile ne fut pas content de fes
réponfes , 6c faint Léon y trouva trop de hauteur.
Il parut par les dépofitions des témoins , quç Celi-
donius étoit innocent de l’irrégularité pour laquelle
il avoit été condamné ; c’eft-à-dire , d’avoir époufé
une veuve. Il fut donc abfous & rétabli dans fon
fiege. Saint Hilaire demeura ferme dans fon fenti-
ment ; 6c quelque menace qu’on lui f it , encore même
qu’il crût fa vie en péril : il ne voulut jamais communiquer
avec celui qu’il avoit condamné. Voïant
qu’il ne pouvoit perfuader le pape & fon concile,
il fe retira -, & nonobftant les gardes qu’on lui avoit
donnés, & l'hyver qui duroit encore, il revint à fon
égliie. «
4- Saint Léon examina enfuite avec fon concile les
plaintes de l’évêque Projeélus , & d’un grand nombre
de citûïens de fa ville , que l’on croit avoir été
dans la première Narbonoife. Projedus fe plaignoit
que faint Hilaire étoit venu pendant qu’il étoit malade
, ordonner un autre évêque à fa place, comme
fi elle eût été vacante : quoique ce fût dans une
province étrangère à fon égard : & où avant Pa-
trocle aucun de fes prédeceffcurs ne s’étoit attribué
aucun droit. Que cette ordination s’étoit faite fans
L i v r e v i n g t - s e p t i e ’me . z<?î>
attendre le choix du clergé , ni les fuffrages du peuple
: avec une telle précipitation qu’Hilaire étoit venu
6c parti, fans que perfonne en fçût rien- Il ne
paroît pas qu’il y eût d’autre preuve de ces faits , que
les lettres de Projedus & de fes citoïens. Mais faint
Hilaire s’étoit rendu odieux au concile Romain , par
la hardieife avec laquelle il s’étoit défendu dans l’a ffaire
de Celidonius ; & encore plus par fa retraite.
Ainfî l’ordination qu’il avoit faite fut calfée , 6c Projedus
rétabli dans fon fiege. On accufoit encore faint c■ M
Hilaire , de s’attribuer l’autorité de regler toutes les
églifes des Gaules : c’eft-à-dire, comme l’on croit ,
de ce qui avoit autrefois compofé la province Narbonoife.
On l’accufoit d’aller par les provinces, ac- *• %
compagné d’une troupe de gens armez, pour donner
des évêques aux églifes vacantes : d’indiquer des conciles
, 6c de troubler les droits des métropolitains.
Peut-être étoit-il obligé de prendre quelque efcorte c' y;
dans les païs occupez par les barbares, 6c troublez par
la guerre.
Le concile de Rome lui défendit d’entreprendre t fain{
fur les droits d’autrui : le priva même de l’autorité H ™ c o n t r e fam #
qu’il avoit fur la province de Vienne , lui défendit iaK ‘
de fe trouver à aucune ordination , le déclara retranché
de la communion du faint fiege, & prétendit
lui faire grâce., de le laiifer dans fon églife, & ne le
pas dépofer. Tout cela paroît par la lettre de faint d. ef. itèk
Léon aux évêques de la province de Vienne : où il
releve d’abord la primauté de faint Pierre, & l’autorité
de l’églife Romaine > 6c rapporte les plaintes
contre Hilaire , qu’il trsfite de perturbateur dé
l’union des églifes, de préfomptueux & d’entrepre-
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