l ^ lO DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
1 6 . Coris inonspeliensis, L. — Voy. p. 124, et pl. li, fig. 7.
Le Coris fleurit en Italie clans les mois d'avril et de mai (Bertol., F i . II.,
II, p. 568). La température de la fm de l'année doit donc être indifférente.
Voici les conditions de température près de la limite, plutôt en deçà.
VILLES.
TEMPÉRATURES MOYENNES (a).
Année. Hiver. Printemps.
s
Été.
0
5,0
6,7
7,5
8 5
14*2
4 3,8
12,7
14,9
16,1
24.3
20,7 {b)
23,9
23.4
Montpellier
j Í, -j
14,1
14,1
16,3
18,3
Marseille
Mesfiine 13,0
En faisant abstraction de Messine, qui est plus en deçà de la ligne que
les autres localités, on peut remarquer assez d'uniformité dans la température
moyenne de l'année et dans celle du printemps, qui en diffère nécessairement
fort peu. Les chiffres s'éloignent de 2», 1 dans les premières, de
2",2 dans les secondes.
Si l'on conclut à ce que 12",7 de moyenne vernale soient indispensables
pour la réussite de l'espèce, on se demandera pourquoi elle n'est pas
assurée dans la plus grande partie de l'Italie, où cependant l'espèce
manque sans le moindre doute, par exemple, à Naples (I5o,6, moy. vernale),
à Rome (J 40,3), à Bologne (1/|0,1), à Milan (13°,0), à Cagliari
de même qu'à Bordeaux (13",Zi), en Grèce et ailleurs.
Dans plusieurs de ces localités, ce n'est pas le froid de l'hiver qui empêche
le Coris de s'établir. Naples, Rome, etc., sont moins froids en hiver
que Madrid, Marseille, etc. La chaleur de l'été ne peut pas nuire, puisque
l'espèce croît en Sicile et en Afrique ; la chaleur estivale ne manque pas à
Naples, à Rome et en Grèce, où elle est, au contraire, plus forte qu'à Marseille.
On voit que les conditions de température ne peuvent pas expliquer
pourquoi le Coris n'est pas répandu fort au delà des limites observées.
En le voyant prospérer en Espagne, dans le midi de la France et en
Sicile, puis manquer au Portugal, à une grande partie de l'Italie et aux îles
de Corse et de Sardaigne, on peut soupçonner que la répartition des
pluies y est pour quelque chose. Certainement, il pleut en Portugal plus
(a) Les moyennes du printemps ont été prises pour Madrid dans Mahimann (Martins,
Cours de meteor., p. 184), où les calculs reposent sur deux ou trois années seulement;
pour Montpellier, ibid., observations de dix à douze ans ; pour Marseille, dans Humboldt,
Asie cenir., v. III, à la fm, calculs de M. Valz, sur dix-huit ans; pour Gênes, dans
Schouw, Italie, part, ii, p. 106, sur quatre ans; pour Messine, ib.
(b) Ce chiffre très faible tient probablement à ce que les observations se faisaient au haut
d'un bâtiment élevé, où les vents exercent une grande inlluence.
LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES SPONTANÉES. ÎM
qu'en Espagne, à Bordeaux plus qu'à Montpellier ou à Marseille, en Italie
plus qu'en Sicile. D'un autre côté, la Grèce et le midi de la Sardaigne sont
des pays très secs, où le Coris devrait réussir en admettant que la sécheresse
lui soit favorable. Le nombre (a) des jours de pluie, au printemps,
est, à Cagiiari, de 17 ; à Palerme, de 16; en été, à Cagliari, de 6 ; à Païenne,
de Zi . On voit combien ces deux climats se ressemblent, et cependant
le Coris croît en Sicile et manque à la Sardaigne. Même chose en comparant
le littoral français de là mer Méditerranée, qui présente 19 jours
de pluie, en moyenne, au printemps, et où se trouve l'espèce; avec Milan,
qui n'a aussi que 19 jours de pluie dans cette saison ; avec Venise, qui n'en
a que 20, et où manque l'espèce. R est vrai que dans la partie de la France
dont je viens de parler, la moyenne des jours de pluie, en été, est de 13,
et qu'à Milan elle est de 18, à Venise de 19.
Si l'on pouvait donner des chiffres pour la Grèce, l'Asie Mineure et la
Syrie, on trouverait, je n'en doute pas, des quantités de pluie et des nombres
de jours de pluie aussi faibles, soit au printemps, soit dans d'autres
saisons, qu'en Espagne, dans le midi de la France et en Sicile ; cependant
le Coris ne s'y trouve pas. Nous sommes donc aussi incertains, en examinant
les données hyétométriques à l'égard de cette espèce, que nous
l'étions en examinant les données thermométriques. Le défaut de bonnes
séries d'observations sur la pluie, dans le pourtour de la mer Méditerranée,
m'empêche de pousser plus loin l'examen de cette question.
I Ç . T r a che l ium coerulenm. — Voy. p. 123, et pl. II, fig. 8.
En Italie, il fleurit dans les mois de mai et de juin (BertoL, Fl. It.). A
Genève, nous le sortons de l'orangerie vers le 1 " juin ; il fleurit en juillet :
rien, si ce n'est le froid de l'hiver, ne s'oppose à ce qu'il vive sans protection
dans le pays. R semble donc, à priori, que la température de l'hiver
et celle du printemps doivent régler sa limite, bien plus que la chaleur des
étés. Voyons les faits.
Les températures sont bien peu connues pour l'Espagne. La partie sudest
de la péninsule doit être plus chaude que les autres, à cause du voisinage
de l'Afrique, et l'on comprend que le Trachelium s'y trouve. Les
observations imparfaites de Gibraltar et de Valence ne permettent pas, il
est vrai, de saisir une différence d'avec Cadix et Lisbonne, où l'espèce
manque déjà; mais cela peut tenir à l'insuffisance des documents.
Le premier point sur la limite, où la température soit connue exactement,
est Rome. Lit moyenne de trois séries, de 1782 à 1830, donne (b) :
(a) Voyez Schouw, Clim. de l'Italie, v. I, part, i, p. 198, et part, n.
(ft) Scho\iw, Clim. de l'Italie, v. I, part, ii, p. 148.
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