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f)/| EFFETS DE LA TEMPERATURE ET T)E LA Î-UMIÈRE SFR LES VÉGÉTAUX,
De Loul.es ces causes (rerreur, la plus liabiluelle pour les plautes doul il
s'agit, el la plus considérable, est romission des effets directs du soleil. A
l'psal el dans les pays du nord, en général, les sommes de température
paraissent tonjoiu^s très faibles, parce qu'une durée extraordinaire des
jours en été produit des résultats importants. Si Ton tient compte et dn
soleil et dos températures trop basses, les chiffres deviennent beaucoup plus
scmblal)les. Ainsi d'après M. de Gaspariu (a), le blé commence à végéter
d'une manière sensible quand la température moyenne atteint +
ce qui arrive : à Orange le mars, à Paris le 20 mars, à Upsal le 20 avril.
Les récoltes ont lieu, eu moyenne, les 25 juin, août et 20 août. Les
sommes de température calculées sur ces bases sont : à Orange 160:1, à
Paris 19/i/i, à Upsal 15/î6; or, à Orange le soleil est plus chaud à
cause de la latitude, à Paris le ciel est plus brumeux, et a Upsal les
jours d'été sont extrêmement prolongés. A Ratisbonne, où le chiffre
est faible , la lumière est accrue par une élévation de 350 mètres audessus
de la mer. Sous réquateur, les exemples donnés sont quelquefois
relatifs à des i)lateaux élevés où l'action directe du soleil doit être intense,
mais les jours sont de douze heures, tandis que chez nous le blé se cultive
en été, avec des jours de quinze à dix-huit heures suivant les latitudes.
En calculant les températures d'après des observations au soleil, à Orange
et à Paris, M. de Gaspariu trouve les chiffres 2/i32 et 2371, qui se
rapprochent autant que les causes accessoires d'erreur peuvent le faire
Les observations minutieuses que j'ai faites moi-même sur quelques
espèces annuelles, cultivées à l'ombre et au soleil (6), ne m'ont pas conduit
à me défier de la méthode des sommes de température. Au contraire , les
diversités dans les chiffres obtenus semblaient s'expliquer très bien par des
différences de lumière, selon l'état atmosphérique pendant la durée des
expériences, et par d'autres causes accessoires.
M. Quetelet n'a pas été aussi enclin à suivre cette méthode, peut-être
parce qu'il a cherché d'abord à l'employer pour la question très compliquée
des époques defoliaison, floraison et maturation en divers pays et diverses
années, et parce que les températures basses de l'hiver et du printemps
n'étaient pas éliminées comme elles doivent l'être, ce qui jette un grand
(rouble dans les calculs, au moins à l'égard de plantes vivaces ou ligneuses.
Il a pensé que la force exercée par la température dans toute l'organisation
de la plante appartient à la catégorie des forces vives, et, comme je le
(a) Cours d^agriculture, vol. ÎT, éd., p. 93.
[h) Ci-dessus, p. 25,
T)K LA COMRINAiBON DU TKMPS KT I)K LA CUALKOn. 55
(lisais Ioni à l'heure, qu'il vaut mieux la représenter par la somme des
carrés des degrés que par les sommes des degrés eux-mêmes.
Pour vérifier cette hypothèse, il a calculé les températures, à Bruxelles,
pour six années, de 1839 à I8/1/1, à dater du moment (un peu vague)
où la séve commence à circuler, c'est-à-dire, selon lui, quelques jours
après la cessation des gelées (a). Depuis ce moment il a calculé deux
tables, Tune selon la somme des températures , l'autre selon la somme des
carrés des températures. ïl a constaté, par l'observation, que le lilas
demande pour fleurir une somme de /|76, ou une somme de carrés égale
à /|296. Si l'on avait cherclié à deviner pour les années 1839 à iShli
quel jour cet arbuste aurait du fleurir à Bruxelles, on aurait trouvé
par la première méthode, le 27 avril, pour la moyenne dos six ans, par la
seconde méthode, le 27 1/2 avril; or l'observation a donné, en fait, que
le lilas a fleuri le 27 1/2 avril. En vérité la différence est si légère qu'on
ne saurait s'y arrêter. D'ailleurs il est entré dans le calcul des tables des
cpiantités au-dessous de qui ont été retranchées , et j'ai dit plus haut
qu'il convient pour les faits de végétation de tenir ces valeurs pour nulles
(non pour négatives) et même probablement celles de + + 2% et
autres températures basses, selon les espèces.
Cette première tentative laissait la question indécise, comme la dit très
bien M. Quetelet. Il ne s'est pas découragé pour cela, et plus récemment (h)
il a fait des expériences qui semblent favorables à la méthode des carrés.
Plusieurs pieds de lilas Varin ont été sortis de pleine terre, au mois de
février, et placés dans une serre. Même chose a été faite pour d'autres
pieds du même arbuste à trois époques successives du mois de février. On
a observé leur développement dans la serre, comparé à la marche de ceux
laissés en pleine terre. La température de la serre variait de 15 à 21^
Réaumur, et pouvait être estimée en moyenne à 20" centigrades,
D'après des observations consignées dans VAnnuaire de VObserva^
toire de Bruxeïies, dit M. Quetelet, les feuilles de cette variété de lilas
exigent pour se développer 191 degrés de somme de température, ou
1315 degrés de somme des carrés de température. Le premier chiffre
aurait entraîné la nécessité pour la foliaison des lilas en serre, de neuf à
dix jours selon la première méthode, et de trois à quatre selon la seconde ;
or il a fallu en fait trois jours et demi. Pour la floraison de cette plante
il faut, d'après les mêmes données, 508^ de somme de températnrô,
ou /i652" de somme des 'carrés. Le premier chiffre aurait exigé 25 jours
'(a) Climat de la Belgique, p. 8 et 23.
(6) Bulletin de l'Acad, de Bruxelles, voL XIX, et Revue horticole, décombro I8r>2,
p. U2,
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