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1 8 EFFETS DE lA TEMPÉRATURE ET DE LA LUMIÈRE SUR LES VÉGÉTAUX.
Chacun cependant ne fait qu'une seule vendange, et croit tenir compte
suffisamment des diversités de maturation en commençant par une vigne
et en iinissant par une autre.
Les expériences des physiciens m'inspirent moins de confiance dans ces
questions que les faits empruntés à l'observation des végétaux eux-mêmes.
Aucun thermomètre ne peut être comparé exactement au tissu des plantes
sous le point de vue purement physique. Les végétaux éprouvent d'ailleurs
des influences chimiques par l'efl'et de rayons qui n'agissent pas
sur les thermomètres. Enfin, il y a une très grande différence quant au
genre d'effets causés par les rayons lumineux : dans l'instrument ils font dilater
un liquide et dans la plante ils font marcher une machine très compliquée.
Le meilleur moyen de constater l'eflet direct du soleil et du rayonnement
sur les végétaux ne peut pas être d'observer des thermomètres,
mais de voir comment se comportent des végétaux de même espèce, placés
dans le même terrain, les uns au soleil, les autres à l'ombre.
Il y a deux catégories de faits que nous allons examiner sous ce point
de vue.
La première est l'influence de l'exposition au nord et au midi, sur
les montagnes. De cette exposition résulte une différence dans la limite
des espèces en altitude, et cette différence peut facilement être appréciée
en moyennes thermométriques. Ainsi, sur une montagne où la moyenne
annuelle de température diminue de par 150 mètres, une espèce
qui s'élève de 300 mètres plus haut du côté du midi que du côté du nord
accuse de diflerence par l'effet de l'exposition au soleil. Il est vrai
que certaines espèces recherchent ou redoutent la sécheresse des pentes
méridionales, et l'humidité des pentes septentrionales, indépendamment
de leur température; mais en considérant plusieurs espèces, les
unes compensent les autres à cet égard. On peut objecter à cette méthode
que les pentes septentrionales reçoivent un peu de soleil, et que les méridionales
sont abritées par elles-mêmes des vents froids du nord. Elles
ont deux avantages : insolation directe et abri. Dans le but de diminuer
l'effet de l'abri, il vaudra mieux ne pas envisager les parties basses des
montagnes, qui sont toujours les plus abritées. Sur les sommités élevées
et isolées, les vents du nord se font sentir jusqu'à un certain point
de tous les côtés.
Le second procédé consiste à observer l'époque relative de foliaison, floraison
et maturation, de plantes de même espèce, dans le même pays, la
même année, dans deux expositions différentes, à l'ombre et au soleil. Il
y aura un certain nombre de jours d'avance pour les pieds exposés au soleil.
Pendant ces jours, on connaîtra la température moyenne observée à l'ombre;
EFFETS DIRECTS DU SOLEIL ET INFLUENCE DE L'EXPOSITION. 1 9
ainsi on aura une mesure de l'effet du soleil, exprimée en temps et en degrés
du thermomètre à l'ombre. Ces deux valeurs, multipliées l'une par l'autre,
donneront un chiffre qui variera d'un pays à l'autre, d'une saison à l'autre,
d'une année à l'autre, mais qui, en moyenne, et pour des pays semblables,
sera une appréciation assez bonne de l'effet direct du soleil sur les plantes.
Les comparaisons, bien faites, de la hauteur des limites d'espèces sur
les pentes septentrionales et méridionales d'une même montagne, et surtout
de montagnes isolées, sont fort rares. Les voyageurs les plus exacts ont
négligé cette recherche, ou n'ont pas rencontré de montagnes favorables à
ce genre d'observations. Voici les seuls renseignements positifs qui me
soient connus (a).
INFLUENCE DE L'EXPOSITION SOUS DIVERSES LATITUDES ET A DIVERSES HAUTEURS,
f » S u i s s e et Al l emagne méridionale«
Latitude moyenne, h l degrés.
Le Hêtre {Fagus sylvatica)^ s'élève, selon M. Heer, de 211 mètres de
plus sur les pentes méridionales; selon M. Kastoffer, de 162 mètres;
moyenne : 186*^,5.
Pour le Sapin {Ahies excelsa)Heer compare, dans le canton de Glaris,
sa limite supérieure sur des pentes tournées au nord et au midi, et trouve,
par deux mesures successives, 211 mètres de plus au midi. {Flora^ 18/iZi,
p. 629.)
Dans le voisinage de la Suisse, à l'est du lac de Constance, dans le groupe
de montagnes appelé Algau, M. Sendtner a observé les différences suivantes
(Flora^ 18/^9, p. 116), qui concernent principalement les pentes occidentales
et orientales :
Le Faytis sylvatica s'élève de 50 pieds, soit 16^^,2 de plus du côté
ouest que du côté est.
Acerpseudoplatanus^ à l'état de buisson, de 120 pieds, soit 39 mètres
de plus du côté ouest.
Les Pins (Kienholze), en bon état, de 27 pieds, soit 8'",8 de plus du
côté ouest.
(a) Wahlenberg ne mentionne presque jamais Texposition. —Les renseignements fournis
parMM.WebbetBerthelot sur les îles Canaries (partie g'éogT. bot.) se réduisent à cet égard
a un seul : la limite du Pinus canariensis, U s'élève de 500 à A000 pieds de plus du côté
du nord que du côlé sud-est et sud-ouest, mais cela tient à la limite des nuages plus élevés
Ü un côté, et à la destruction des ibrôts. — Plusieurs auteurs appellent exposition méridionale
le côté méridional d'une chaîne de montagnes, et septentrionale, Tautre côté.
Ç est une manière inexacte d'envisager les faits. Sur le revers méridional d'une chaîne, il
peut y avoir des pentes tournées à l'est, à l'ouest et même au nord. De môme, sur le
revers septentrional, on trouve diverses expositions.
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