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188 DÉLIMITATION DES ESPÈCES.
dans le nord-ouest. Si l'on compare la ligne^de La Rochelle à Dijon (ou
Genève) et Baie, avec une ligne parallèle passant par la Bretagne, Paris et
Strasbourg, il est certain que le climat est plus sec sur la première, au
moins pendant les mois essentiels pour la végétation. On pourrait se dispenser
de le prouver, tant la chose est claire ; mais il est bon de citer les
chiffres, alin de montrer comment la quantité de pluie peut induire quelquefois
en erreur, et comment le nombre des jours de pluie est, dans certains
cas, plus significatif. Voici, d'après les tableaux de M. de Gasparin (Cozind
' a g r i c , , v. Il), les quantités et les jours de pluie, à Paris, puis à La
Rochelle et à Genève, d'avril à octobre :
VILLES. QUANTITÉ. Jouas.
Paris (où l'espèce manque) 35-1
307
032
90,9
8d,0
09,7
La Rochelle (où elle existe)
Genève (idem.) A Genève, les pluies d'été sont copieuses, mais rares, et la sécheresse se
fait sentir au détriment de l'agriculture, bien autrement qu'à Paris.
Le Coronilla Emerus craint l'humidité du sol, aussi est-il commun sur
nos calcaires du Jura^ qui se sèchent aisément.
En définitive, il exige : 1" une moyenne de janvier qui ne soit pas phis
froide que —1" , 3 ; un nombre de jours de pluie qui ne dépasse guère
douze par mois d'avril à octobre.
Quant à la somme de chaleur, elle est probablement de 2900'' au-dessus
de 10% ou à peu près; mais cette condition ne trouve presque pas d'application,
et, parce motif, elle ne peut pas être vérifiée exactement.
«9. Caragana frutescens, DC. ~ Voy. p. 158, et pl. ÏI, fig. 14.
Les limites de cet arbuste sont trop incertaines du côté oriental et
passent dans des régions trop mal connues sous le rapport de la température
pour que je puisse aborder un examen détaillé.
Le Garagana frutescens demande un climat continental, c'est-à-dire
extrême quant aux températures, et sec pendant la majeure partie de
l'année. En effet, dans le midi de la province de Gasan, il s'arrange d'un
été de IS''degrés environ et d'une somme de chaleur à partir de s'élevant
à 2385% et à partir de 8", de 2150^ ; près d'Odessa, d'un été de 20",
et d'une somme à partir de s'élevant à 3538% à partir de 8% de 3212.
LIMITES POLAIRES DES ESPÈCES SPO^•TAìNÉES. 189
Je ne sais laquelle de ces hypothèses sur la température initiale est la
meilleure; mais peu importe, car des chiffres analogues existent dans une
grande partie de l'Europe méridionale, et aussi en Hongrie et à Vienne, où
l'espèce nuuique déjà. La sécheresse explique mieux les faits, si l'on eu
juge par quelques comparaisons insuffisantes. D'après quatre années seulement
d'observations (a), Gasan offre un climat très sec. 11 n'y a que
quatre-vingt-dix jours de pluie dans Tannée, répartis presque également
dans tous les mois. A Lugan (d'après trois années seulement d'observations),
il n'y a que 78 jours de pluie, dont le minimum 3 1/2, est en
avril (6). Dans les parties montueuses de la Bessarabie, où croît aussi
le Garagana, la sécheresse ne doit pas être insignifiante, quoique sans
doute elle soit inférieure à celle de la plaine rapprochée d'Odessa. >
A Moscou et à Vienne, le nombre des jours de pluie, dans chaque mois
de l'année, est à peu près double de celui de Gasan, et les mois d'avril à
septembre ont tous onze jours de pluie au moins (c). En Hongrie, il pleut
moins souvent qu'à Vienne; mais le nombre des jours de pluie, à Bude,
est encore de cent onze, et dans les mois d'été il est, comparativement à
Casan, de trois ou quatre jours de plus en moyenne chaque mois. Dans le
midi de l'Europe, surtout en Sicile, en Provence, à Madrid, la pluie est
aussi rare pendant l'été que dans le midi de la Bussie ; mais alors, ou la
chaleur est trop forte pour l'espèce, ou plutôt l'hiver n'est pas assez froid
pour interrompre complètement la végétation, ce qui nuit peut-être à l'espèce.
D'ailleurs, quand il existe d'aussi grands espaces de pays entre les
localités qui seraient favorables à l'habitation de l'espèce, le transport des
graines ne peut pas s'effectuer, et la question de présence devient d'une
tout autre nature.
En résumé, la limite du Garagana frutescens, en Europe, ne peut s'expliquer
qu'en distinguant l'action de diverses causes : le manque de chaleur
on été, peut-être les froids rigoureux de l'hiver, l'humidité surabondante,
et une température trop douce en hiver et au premier printemps. Vers le
nord-est de la Russie, au delà de Casan, la chaleur est insuffisante ou le'
froid trop rigoureux; vers le centre, du côté de Moscou, et vers la Pologne
et l'Allemagne, les pluies sont trop fréquentes; enfin, dans les parties
sèches du midi de l'Europe, l'hiver est trop doux.
Le Garagana frutescens offre la plus grande ressemblance géographique
avec l'Amygdalus nana (ci-dessus p. 151 et pl. I, fig. 13) ; seulement celiii-
(a) Kiiiutz, citó par de Gasiiariii, Coars ciagric,, v. 11, éd., p. 297.
(Ò) Kiipfter, ib.
(c) De Gaspai'iii, ib.
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